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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 08:52

numerisation0013-copie-1.jpg  Cadaquès, village de pêcheurs, longtemps isolé au fond de sa crique que domine le pic du Peni (613 mètres), est devenu un lieu où la foule se presse, ainsi qu'à Portlligat, à deux pas de là, attirée par les souvenirs de Salvador Dali. Mais avant d'être le port d'attache du génie catalan, Cadaquès avait accueilli un autre peintre espagnol : Pablo Picasso ; c'était en 1910. On sait que Picasso a séjourné à Horta d'Ebre avec Fernande Olivier. Son tableau "Horta d'Ebre ou de San Joan" (1909) est à l'Ermitage de Saint-Petersbourg. Mais le vent a poussé le peintre jusqu'à Cadaquès qu'une méchante route étroite et sinueuse reliait à Roses. Ce séjour, en juillet-août 1910, est relaté par Gertrude Stein dans son essai sur Picasso (1938) : "Dès lors, le cubisme est en marche (*). Picasso, rentrant d'Espagne en 1910, retourne rue Ravignan. Mais c'est pour peu de temps. Il déménage d'un atelier dans un autre, toujours dans le même immeuble, ensuite boulevard de Clichy, et lorsque le cubisme est vraiment créé, c'est-à-dire au moment des tableaux de "Ma Jolie", Picasso quitte la rue Ravignan, Montmartre, et n'y revient jamais. 

(*) En 1908, Picasso peint déjà quelques paysages cubistes à la Rue-au-Bois, près de Creil, puis en été 1909 il fait un séjour en Espagne, à Horta-de-Ebro, près de Tolosa. En 1910, il fait un séjour en Espagne, à Cadaquès, où Derain vient le rejoindre."

Cadaquès a, bien sûr, attiré d'autres peintres comme Josep Mompou (1888-1968). Son tableau "Cadaques" qui date de 1926 est au MAMB (Musée d'Art moderne de Barcelone). Mais l'enfant du pays s'appelle Salvador Dali. Né en 1904 à Figueres, ses parents possèdent une proporiété à Cadaquès où le jeune Salvador a passé tous les étés de son enfance et où il installe un atelier. En 1924, il peint "Port Alguer" (musée Dali de Figueres) et Penya-Segat - Falaise ( collection particulière) en 1926.

En 1929, alors qu'il est à Paris pour présenter ses oeuvres, il propose à un marchand belge, Camille Goemans, qui expose rue de Seine, et à Paul Eluard de passer l'été à Cadaquès et de venir voir son atelier. Gala, l'épouse de Paul Eluard, d'abord réticente, se laisse convaincre et ils partent avec leur fille Cécile pour le petit port catalan. Dominique Bona raconte ce séjour dans son ouvrage "Gala"  : "Depuis la frontière, au col du Perthus, le voyage semble ne plus devoir finir : après les couleurs riches et chatoyantes de la Catalogne française, ses champs de vignes et d'abricotiers au pied des montagnes en ombres violettes, ses pêchers chargés de fruits, ses amandiers, ses chênes-lièges, les contreforts des Pyrénées ont débouché sur l'Ampourdan, une vallée monotone et peu riante, où l'horizon se rétrécit, devient plus austère et plus gris. Très loin de la Côte d'Azur, si fleurie, si coquette, ce Sud catalan, tout nouveau pour Gala, ne cherche pas à plaire. (...) Lorsque Paul et Gala, avec Cécile, arrivent à Cadaquès, en plein mois d'août, au coeur de l'été catalan, ils s'installent au village, à l'hôtel Miramar où les ont précédés les Magritte et les Goemans.(...) Camille Goemans, qu'accompagne Yvonne Bernard, a déjà exposé, dans sa galerie de la rue de Seine, Hans Arp - l'ami strasbourgeois de Max Ernst - et un jeune peintre à demi américain, aux toiles hantés par des visions, Yves Tanguy. Il parraine les débuts de René Magritte, son compatriote belge, trente et un ans, qu'André Breton vient d'accueillir à Paris, où il a l'intention de se fixer, et qui est venu à Cadaquès, dont les couleurs l'ont conquis, pour travailler, pour peindre. Il a emmené sa femme, Georgette."

A Cadaquès, Dali passait souvent des moments de rêverie avec Gala : "Septembre 1953, le 7. - Dimanche hypersphérique. Gala et moi, nous allons avec Arturo, Joan et Philips jusqu'à Portolo. Nous débarquons dans l'île Blanca. C'est le plus beau jour de l'année." Mais Dali invitait aussi souvent à Cadaquès de grandes personnalités dont des têtes couronnées : "Septembre 1956, le 8. - Des amis me téléphonent que le roi Umberto d'Italie va venir nous visiter. Je commande l'orchestre de sardanes pour qu'il vienne jouer en son honneur. Il sera le premier à marcher sur le chemin que je fais reblanchir. Ce chemin est entouré de pommes grenades. A l'heure de la sieste, je m'endors en pensant à l'arrivée du roi qui enfilera par leurs petits trous deux jasmins à la pointe de mes moustaches."  (deux extraits de "Journal d'un génie") Le capitaine Peter Moore, secrétaire de Dali, donne plus de détails sur les visites royales : "La dernière fois que le roi lui a rendu visite, Dali l'avait invité à déjeuner chez lui. Le roi et son aide de camp, un général italien, s'assirent à une table débordant de nourriture : du caviar, des rougets, du poulet, des plats catalans, du chorizo, du fuet et du butifara, le tout arrosé d'un excellent vin rouge.

Après déjeuner, Dali et le roi se mirent à la terrasse de devant pour dominer la baie. Quand les pêcheurs du coin se sont arrêtés pour adresser leurs salutations, Dali vit une chance de faire la démonstration de son 'mode de vie d'inspiration démocratique', comme il disait. Avec beaucoup d'aplomb, il offrit aux indigènes ce qu'il restait de la grosse boîte de caviar.

Nous avons découvert plus tard que, sitôt qu'ils avaient tourné au coin, les pêcheurs avaient reniflé le caviar avec méfiance et décrété qu'il ne s'agissait de rien d'autre que de poisson pourri. Ils avaient tout jeté dans la propre poubelle de Dali." (Capitaine Peter Moore, "Flagrant Dali")

 

Josep Pla (1897-1981), écrivain et journaliste, a écrit sur Cadaquès et sa description dit bien l'attrait que les peintres ont eu pour cet endroit : "La mer, oléagineuse, dense, immergée dans un calme savoureux, réflète trois ou quatre plans d'ombres successives : la minéralogie immédiate, la moyenne montagne -les oliviers, les vignes, les garrigues-, les hautes montagnes. A contre-jour du soleil couchant -contre-jour reflété, indirect, sans les exhalaisons théâtrales et dramatiques du coucher de soleil classique-, les plans d'ombre s'éloignent et s'éclaircissent de la terre vers la mer. Les eaux, veloutées de noir, de terre de Sienne, et de sang par les falaises immédiates, s'effilochent en un vert sombre à cause du reflet des oliveraies ; s'irisent de rose d'opale grâce à la projection des crêtes, effleurées par la morbide lumière du crépuscule lointain. L'agonie fugace de ces couleurs se mélange avec l'immensité de la mer -étain fondu- à travers l'évanescent turquoise pâle, le carmin évaporé, l'éburnéenne cambrure amincie. On n'entend rien."      

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 10:54

 

 

...Ou comment la guerre d'Espagne m'a été enseignée en Terminale. Et vous ?

 

 

"Dans les manuels d'histoire de l'enseignement secondaire en France, l'Espagne, après une disparition quasi-totale, qui dure plus d'un siècle, resurgit brusquement en 1936. Plutôt que de nous scandaliser de la trop longue absence de l'un de nos voisins dans ces manuels, soyons sensibles à cette résurgence : la guerre d'Espagne est un événement incontournable parce qu'il a eu une portée mondiale. Dans le monde entier cette vérité s'affirme avec la force d'une évidence : les grands journaux d'Europe et d'Amérique envoient des correspondants de guerre (1) ; les chancelleries s'agitent à propos de l'intervention ou de la non-intervention de divers pays dans la guerre ; des volontaires s'engagent des deux côtés mais surtout, et de beaucoup, du côté des républicains, puisque, ainsi que l'a établi l'historien catalan Andreu Castells, à l'automne 1938, les volontaires engagés en faveur de la République dans les Brigades Internationales dépassaient le chiffre de 59 000 et procédaient de 53 pays différents, nous y reviendrons.

Voilà un premier sujet d'étonnement : pourquoi cette extraordinaire mobilisation des esprits, bientôt des armes et des combattants à propos de cette guerre civile. Car l'Espagne de ce temps n'était plus une grande puissance.

Ce n'était plus une grande puissance politique. Elle s'était abstenue pendant la guerre de 1914-18 (sagement), elle ne jouait qu'un petit rôle à la Société des Nations, elle avait été tenue à l'écart des grandes manoeuvres politiques des années 1920 (conférence de Locarno, etc.).

Ce n'était plus une puissance coloniale.

Ce n'était plus une puissance économique, malgré un relatif enrichissement pendant la guerre de 1914-18.

Le seul domaine dans lequel l'Espagne était redevenue une grande puissance était le culturel, le domaine des lettres et des arts. Après la génération de 1898, elle connaissait l'épanouissement de la Génération de 1927, la génération surréaliste. Mais cela ne peut suffire à expliquer cet intérêt, cette passion." Extrait de "Portée mondiale de la guerre d'Espagne" de Bartolomé Bennassar (Université de Toulouse-Le Mirail) lors du colloque sur la guerre d'Espagne qui s'est tenu à Perpignan en septembre 1989.

 

Dans un livre d'histoire à l'usage des classes Terminales par MM. Sentou et Carbonell (édité par Delagrave en 1971) on y lit dans un chapitre intitulé - et reproduit ici in extenso -, "Les affaires éthiopienne et espagnole favorisent le rapprochement de l'Allemagne et de l'Italie" :

 

"La guerre civile espagnole (juillet 1936-mars 1939) - Depuis qu'en 1931 le roi Alphonse XIII, à la suite d'un large succès électoral des partis républicains, avait abandonné son trône et son pays, l'Espagne était devenue une république parlementaire et démocratique. Le nouveau régime se heurtait à de nombreuses forces d'opposition : le clergé, l'aristocratie foncière, les cadres de l'armée. En 1936, les partis républicains - anachistes, communistes, socialistes et radicaux - s'unissent en un Frente Popular et triomphent aux élections législatives. L'opposition légalement vaincue, use de la force : le 17 juillet 1936 un pronunciamiento éclate au Maroc espagnol. Les troupes rebelles, 'nationalistes', sous le commandement du général Franco, occupent en moins de deux mois la moitié de la péninsule ibérique. Mais le gouvernement républicain organise la résistance ; les fronts se stabilisent et la lutte, acharnée, cruelle, horrible parfois, s'éternise.

Dès l'origine, cette guerre civile devient une affaire internationale. L'Allemagne et l'Italie soutiennent les franquistes. En 1934, Mussolini avait pris contact avec certains chefs de l'insurrection qui se préparait déjà ; à elle seule, l'Italie fournit aux nationalistes 10 000 mitrailleuses, 240 000 fusils, 2 000 canons et environ 80 000 volontaires. Au contraire, la France, pourtant dirigée par un gouvernement de Front populaire, et l'Angleterre déclarent adopter une politique de non-intervention. Par la suite, le gouvernement français laissera filtrer à travers la frontière pyrénéenne quelques armes et quelques volontaires ; mais cette aide timide, jointe à celle lointaine et difficile de l'U.R.S.S. ne suffit pas à rétablir l'équilibre des forces. Inférieurs en armes, les républicains faiblissent et, en mars 1939, leurs dernières armées se réfugient en France.

L'identité des réactions de l'Allemagne et de l'Italie en face des événements espagnols facilite le rapprochement entre les deux pays et la constitution de l'Axe Rome-Berlin."

 

La guerre civile est décrite sur une page moins une photo d'une barricade à Barcelone. Le cours écrit dans mon livre d'histoire devient par la bouche du professeur et retranscrit - fidèlement ? - par mes soins (entre l'époque de la parution du livre cité ci-dessus et le colloque de Perpignan) :

 

"1936 : la guerre d'Espagne.

Préambule : la République ne date que de 1931. La chute de la royauté a été facilitée par la crise de 1929. La révolution a donné lieu à des excès. Dans la République espagnole, on trouve les mêmes partis qu'en France : Parti Communiste, Parti Socialiste, Radicaux de Gauche. Il faut donner une importance à des groupes anarchistes très puissants. Face à cette gauche, il y a un puissant parti royaliste et un nouveau parti à tendance fasciste, le Parti Phalangiste.

Printemps 1936 : élections législatives qui voient le succès du Frente Popular. Le nouveau gouvernement est formé par un socialiste. Le Frente Popular prend des mesures de sécurité contre certains officiers de l'armée. Le chef de l'Etat major se réfugie au Portugal. Franco est expédié aux Canaries. Des deux côtés, on se prépare à la guerre civile. L'avantage du Frente Popular est qu'il représente la légalité.

L'occasion de la guerre civile : début juillet, le chef du groupe parlementaire royaliste est assassiné : Calvo Sotelo. L'assassinat a été fait par un officier de la police en uniforme. Le soir, cet homme se vante de ce qu'il a fait et est applaudi. Les royalistes tentent un coup. Celui qui doit prendre la tête de ce mouvement est Sanjurjo (2) exilé au Portugal. L'avion s'écrase et Sanjurjo se tue. Sanjurjo avait une autorité morale dans l'ensemble de l'armée espagnole. Il a un adjoint qui est Franco. Après la mort de Sanjurjo, Franco prend la tête du mouvement et l'armée se divise en deux ; cela explique la durée de la guerre civile.

Les premiers résultats : rébellion à Burgos où se constitue un gouvernement nationaliste. Dans le reste de l'Espagne, la situation est incertaine. Franco quitte les Canaries, se rend au Maroc espagnol puis il rallie les unités de la Légion étrangère espagnole. Le problème pour Franco est de passer en Espagne. Une faible partie de la marine est passée du côté des nationalistes. Dans la plupart des navires de guerre, il y a des assassinats troubles.

Franco réussit à faire passer une partie de ses troupes en Andalousie. Il bénéficie de l'aide d'un général, Mola, qui est à Séville. Mola consigne les troupes dans leurs quartiers et décrète le couvre feu. Le gouvenement de Madrid croit que Mola est de son côté.

Franco débarque dans le Sud de l'Espagne et rejoint Burgos via Badajoz. La place est prise par surprise. Alors Franco est sûr que personne ne l'attaquera par l'arrière.

A Tolède, il y a une école de Cadets dont le chef prend partie pour les révoltés ce qui provoque le siège de l'Alcazar. Franco marche sur Tolède et délivre l'Alcazar. En octobre, Il arrive à la périphérie de Madrid et se heurte à une défense (3). Il rentre à Burgos.

Au printemps 1937, le principal effort des nationalistes se porte sur le Pays basque où on se bat comme républicains et autonomistes. Le Pays basque est pris. Le Pays basque est la première région pour l'industrie lourde dans le pays. Nouvel essai contre Madrid qui échoue ; puis l'effort des nationalistes se porte sur le cours de l'Ebre et à Teruel (guerre de tranchées) : Teruel tombe. Les chances de l'Espagne républicaine sont réduites à néant. Valence est prise. En janvier 1939, prise de Barcelone. 3 à 400 000 républicains passent en France. Madrid tombe en mars 1939.

Bilan de la guerre : morts au combat, assassinats, exécutions = 1 million des deux côtés. C'est une des guerres civiles les plus sanglantes de l'histoire européenne.

L'internationalisation de la guerre civile espagnole : Les puissances qui interviennent officiellement dans la guerre sont l'U.R.S.S. qui fournit aux républicains du matériel de guerre mais jamais de combattants. Indirectement, elle intervient par les Brigades Internationales, c'est-à-dire par l'intermédiaire du Komintern. Les volontaires sont venus de nombreux pays : France, Angleterre, Etats-Unis, Tchécoslovaquie, Italie (antifascistes), Allemagne (anti national-socialistes). Au maximum, les effectifs des Brigades Internationales se montent à 40 000 hommes ; elles interviennent dès octobre 1936.

L'Italie, puis l'Allemagne, prennent position pour les nationalistes : Mussolini envoie 2 divisions de 'chemises nloires'. Hitler est d'abord réticent ; il laisse les mains libres à un amiral allemand qui met à la disposition de Franco des avions, c'est la légion Condor, et plus ou moins 5 000 hommes qui donnent leur démission de l'armée pour intégrer la dite légion. On teste le matériel allemand.

La France est le pays le plus concerné par la guerre. Léon Blum ne va pas prendre postion pour des raisons d'ordre intérieur, à cause du climat en France qui est en grève : une intervention risquait de provoquer une guerre civile. Mais la principale raison est de politique étrangère : l'intervention directe de la France risquait de provoquer un conflit européen où elle aurait dû se battre sur trois fronts. Léon Blum n'intervient pas. Vives réactions au Parti Communiste et à la SFIO. Léon Blum va réussir à faire triompher la 'fiction' de la non-intervention. Mais officieusement, on fournit de l'armement aux républicains. Léon Blum propose aux autres pays de laisser les Espagnols régler leurs comptes eux-mêmes. Mesures : contrôler des fournitures données aux Espagnols ; blocus maritime de l'Espagne. Ces mesures se révèleront sans effets.

L'Angleterre ne veut pas de guerre européenne et est d'accord avec la France.

Le gouvernement de Léon Blum a duré 13 mois. Léon Blum a été violemment attaqué à la chute de son gouvernement : En voilà assez ! L'opinion publique ne doit pas se laisser égarer. Le prétendu blocus d'Espagne ? duperie ! Le ravitaillement de la République n'a jamais été interrompu."

 

 

(1) Parmi ces correspondants de guerre, on peut citer Kim Philby, journaliste au Times et Ernest Hemingway, correspondant de guerre des journalistes américains.

(2) "Vers le 10 août, cet été-là, à la maison - toujours remplie d'invités - toutes les conversations tournaient autour d'un saint dont Satur n'avait jamais entendu parler, un saint qu'elle n'avait jamais prié, un certain san Jurjo (...) Et en effet, José Maria lui expliqua  qu'il ne s'agissait pas d'un saint, mais d'un général, le général Sanjurjo, qui s'était soulevé contre le gouvernement républicain, alors qu'il avait juré fidélité au drapeau de la République." Jorge Semprun, "Vingt ans et un jour"

(3) "Dans leur marche sur la capitale, les avant-gardes de Franco étaient parvenues jusque-là. La ville, en ce jours de novembre 1936, leur semblait offerte. Depuis le mois de juillet, les tabors marocains, la Légion étrangère et les troupes d'élite de l'armée d'Afrique soulevée contre le gouvernement légitime avaient brisé les résistances désordonnées des milices républicaines. Mais ici, dans les parages de la Moncloa, où s'élève à présent l'arc de triomphe couvert d'inscriptions latines à la gloire du Caudillo, cette avance irrésistible avait été stoppée." Jorge Semprun, "Federico Sanchez vous salue bien"  

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 14:11

 

 

 

La flibuste, disparue à la fin du 17ème siècle, ressuscita en 1810. A cette époque, l'île d'Haiti était entièrement indépendante (depuis le 1er janvier 1804), et les Français, aux Antilles, possédaient la Martinique, la Guadeloupe, la Dominique et le Nord de Saint-Martin.

En Europe, l'Espagne était occupée par les Français depuis deux ans, et les colonies espagnoles d'Amérique étaient indirectement aux mains de la France.

Le dernier pirate des Antilles fut Jean Laffitte et il devint célèbre le 25 novembre 1812. Ce jour-là en effet, le Français fut condamné pour avoir pillé un navire battant pavillon des Etats-Unis, mais fut libéré après avoir réglé une caution de 12 000 dollars. Mais Jean Laffitte fut de nouveau mis hors la loi deux ans plus tard. Il fut sauvé grâce à la guerre qui opposait Anglais et Américains en Louisiane. Laffitte proposa à un général américain, contre sa liberté et celle des ses hommes, de combattre aux côtés des soldats américains. Le général accepta et La Nouvelle-Orléans fut sauvée.

Ensuite Laffitte poursuivit son activité au Texas et au Mexique. Il organisa même une expédition pour libérer Napoléeon de l'île de Ste-Hélène, expédition qui n'eut pas lieu à cause de la mort de l'empereur. Avec l'indépendance des colonies espagnoles d'Amérique, la piraterie disparut de la mer des Caraibes. Laffitte épousa alors la fille d'un armateur de Charleston et s'embarqua pour l'Europe en 1847, où il rencontra des chefs du mouvement socialiste, Karl Marx et F. Engels. Il finança l'impression du "Manifeste du Parti Communiste" (1848) avant de retourner aux Etats-Unis. Il s'éteignit le 5 mai 1854à l'âge de 72 ans dans un petit village de l'Illinois. 

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 13:05

 

 

 

Durant le 18ème siècle, certaines îles des Antilles changèrent de mains : c'est ainsi que les Espagnols durent céder les Bahamas aux Anglais (1717), que les Français donnèrent Saint-Barthélémy aux Suédois (1784), que les Anglais occupèrent la Martinique et la Guadeloupe jusqu'alors françaises (de 1794 à 1800), et que les Espagnols cédèrent Trinidad et Tobago aux Anglais (1797). L'île de la Dominique fut enlevée aux Espagnols et tour à tour partagée entre les Français et les Anglais, de 1750 à 1796, date à laquelle elle devint anglaise.

A la fin du 18ème siècle, les Espagnols ne possédaient plus, aux Antilles, que les îles de Cuba, Puerto Rico, et l'est de l'île d'Haiti. L'Espagne possédait encore toute l'Amérique centrale (sauf Bélize occupé par les Anglais d'une façon officielle en 1765), et toute l'Amérique du Sud (sauf la Guyane française, le Surinam hollandais et le Guyana qui fut cédé par les Hollandais aux Anglais en 1796).

 

La flibuste, officiellement dissoute en 1691 laissa la place à la véritable piraterie, c'est-à-dire aux pillages sanglants non reconnus par une autorité royale quelconque. Les pirates travaillaient pour leur propre compte et étaient ainsi des hors-la-loi aux yeux de tout le monde.

On sait même qu'il y eut des femmes pirates. En effet, en 1731, les magistrats de Port-Royal (Jamaique), qui jugeaient des pirates, apprirent avec stupéfaction que deux femmes comptaient parmi les prisonniers. Ces deux femmes se nommaient Mary Reed (originaire du Pays de Galles) et Ann Bonney (fille d'un négociant de la Jamaique).

Ann Bonney voulait épouser un simple matelot, mais son père refusa. C'est pour cela qu'elle quitta la Jamaique avec son ami pour les Bahamas. Durant la traversée, elles se lia d'amitié avec le maître d'équipage du navire, John Rackam. C'est au cours d'une attaque fomentée par Rackam (Ann Bonney ayant délaissé son fiancé se lia définitivement à Rackam et se jeta à corps perdu dans la lutte contre les Espagnols), que Mary Read, d'abord prisonnière des pirates, accepta de travailler pour Rackam et Bonney.

Mary Read était ce que l'on peut appeler un "garçon manqué". Sa mère la faisait d'ailleurs passer pour un garçon, et même adolescente, Mary continua de porter des vêtements d'homme. Plus tard, elle épousa un aubergiste, s'établit en Angleterre, mais devint vite veuve. Désemparée, elle s'engagea dans la marine et s'embarqua pour les Antilles.

Rackam, Bonney et Read attaquèrent de nombreux navires espagnols et anglais avant d'être fait prisonniers par ces derniers. Ils furent tous trois condamnés à mort. Seul Rackam fut pendu - par les pieds -, Mary Read, malade, mourut, et Ann Bonney fut grâciée.

 

Le 18ème siècle ne fut pas que le siècle des pirates ; il fut aussi celui moins heureux du trafic d'esclaves noirs (commerce triangulaire). Ces esclaves étaient échangés en Afrique contre de la pacotille, et transportés en Amérique à bord de navires, les négriers, qualifiés par Mirabeau de "bières flottantes". En France, la Compagnie Française de Guinée eut le monopole de ce trafic à partir de 1701 ; en Angleterre, la South Sea Company eut le monopole de ce trafic à partir de 1713. Mais ce trafic devint libre en 1759. A la fin du 18ème siècle, on pouvait affirmer que plusieurs millions de Noirs avaient déjà traversé l'océan Atlantique.

Les négriers avaient en général 30 mètres de longueur, 7 de largeur, et pouvaient contenir 450 esclaves. Hommes et femmes étaient séparés, et voyageaient nus pour la plupart, entassés les une sur les autres. Chaque matin, on sortait les morts et les mourants. On peut dire que la mortalité oscillait entre 7 et 26 % durant les traversées.

Mais les négriers craignaient aussi les révoltes (en 1738 sur l'Africain, 13 morts ; en 1785 sur un navire hollandais, 500 morts), et les pirates aussi qui jusqu'en 1740, harcelèrent les négriers.

"Les voyages en effet se faisaient selon un cycle invariable, triangulaire si l'on peut dire, en raison de leurs trois phases successives :

1° Départ d'Europe vers l'Afrique avec la pacotille destinée à être troquée à la Côte occidentale contre le 'bois d'ébène'.

2° D'Afrique aux Antilles et à l'Amérique méridionale où la cargaison humaine était vendue ou troquée contre les produits du pays : sucre, rhum, coton ou café.

3° Retour en Europe avec ce dernier fret.

Officiellement, de tels navires étaient censés ne faire qu'un voyage d'aller et retour d'un port d'Europe aux Antilles, puisque aucun document ne mentionnait leur escale en Afrique." "La Sirène de Rio Pongo", Henry de Monfreid.

 

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 08:34

 

 

 

Chaque lundi jusqu'au début de l'été, nous roulerons sur la Highway 66 à la découverte d'une ville, d'un village, d'un musée, d'une église, d'une personnalité, d'un petit bout de l'histoire des Pyrénées-Orientales. Lundi dernier, nous avons visité les caves de Thuir, ville de 7 500 habitants à 13 kilomètres de Perpignan. Aujourd'hui, partons pour Ille-sur-Tet, ville de 5 200 habitants à 25 kilomètres à l'ouest de Perpignan.

 

Ille-sur-Tet est une ville connue pour ses "Orgues", son Hospici et pour la nouvelle que Mérimée a écrite en 1837 et qui s'intitule "La Vénus d'Ille". Prosper Mérimée est né en 1803. Le 27 mai 1834, Thiers, ministre de l'Intérieur, le nomme au poste d'inspecteur général des Monuments historiques. Avec cette nomination, une nouvelle vocation s'ouvre pour celui qui avait déjà publié une comédie, "Théâtre de Clara Gazul" en 1825, "Chronique du règne de Charles IX" en 1829 et "Mosaique" en 1833, recueil de souvenirs de son récent voyage en Espagne. Au cours de la mission qui lui a été confiée, ses publications s'espacent mais ses nouvelles les plus célèbres datent de cette époque dont "La Vénus d'Ille". Mérimée commence par une tournée d'inspection dans l'Ouest de la France (Bretagne, Poitou) puis part pour le département des pyrénées-Orientales. En novembre 1834, il est à Perpignan. Il est à la recherche de traces du culte de Vénus dans les Pyrénées car on sait qu'un temple lui a été consacré à Portus Veneris, aujourd'hui Port-Vendres. Dans sa nouvelle, Mérimée mêle des souvenirs de voyage à une histoire fantastique pour susciter chez le lecteur une émotion forte. L'inspecteur des Monuments historiques, qui doit être reçu chez M. de Peyrehorade, arrive à Ille au moment où son hôte doit marier son fils :

 

"Vous savez, dis-je au Catalan qui me servait de guide depuis la veille, vous savez sans doute où demeure M. de Peyrehorade ?

- Si je le sais ! s'écria-t-il, je connais sa maison comme la mienne ; et s'il ne faisait pas si noir, je vous la montrerais. C'est la plus belle d'Ille. Il a de l'argent, oui, M. de Peyrehorade ; et il marie son fils à plus riche que lui encore."

Prosper Mérimée comptait sur M. de Peyrehorade pour lui montrer toutes les ruines des environs d'Ille qui sont riches en monuments antiques et du Moyen Age, mais il craint que ce mariage change ses plans.

"Il faut que vous appreniez à connaître notre Roussillon, et que vous lui rendiez justice. Vous ne vous doutez pas de tout ce que nous allons vous montrer. Monuments phéniciens, celtiques, romains, arabes, byzantins, vous verrez tout, depuis le cèdre jusqu'à l'hysope." Foi de M. de Peyrehorade. Mais ce qui intrigue Mérimée, c'est cette Vénus qui a des pouvoirs fantatisques et maléfiques. Le lendemain, on lui montre la statue qui a été découverte récemment en déracinant un vieil olivier ; des badauds sont là aussi. Certains qui en parlent le font en catalan. Mérimée dit : "Ils s'arrêtèrent pour regarder la statue ; un d'eux l'apostropha même à haute voix. Il parlait catalan ; mais j'étais dans le Roussillon depuis assez longtemps pour pouvoir comprendre à peu près ce qu'il disait." Mérimée dira même : "Croyez, Monsieur, que le catalan qui me faisait tant enrager n'est qu'un jeu d'enfant auprès du bas-breton."

Le lendemain de la noce, le jeune marié est retrouvé mort, ses meurtissures laissant présumer qu'il a été victime des étreintes de la Vénus de bronze que le guide de Mérimée et un ami avaient déterrée. Le père meurt de chagrin quelques mois après son fils.

Mérimée dira plus tard que sa nouvelle est selon lui son chef-d'oeuvre et la critique parlera de chef-d'oeuvre du fantastique. La nouvelle se termine ainsi : "Mon ami M. de P. vient de m'écrire de Perpignan que la statue n'existe plus. Après la mort de son mari, le premier soin de Mme de Peyrehorade fut de la faire fondre en cloche, et sous cette nouvelle forme elle sert à l'église d'Ille. Mais, ajoute M. de P., il semble qu'un mauvais sort poursuive ceux qui possèdent ce bronze. Depuis que cette cloche sonne à Ille, les vignes ont gelé deux fois."

 

S'il est un monument d'Ille moins connu que les autres, c'est bien l'église. Fondée au 10ème siècle, construite à côté du chateau, son clocher, qui a une hauteur d'environ 40 mètres, avait un rôle de donjon. La construction de cette église s'est étalée sur plusieurs siècles ; elle est de grande dimension : la nef a une largeur de 32 mètres et sa longueur est de 52 mètres.

Les lieux les plus visités sont l'Hospici d'Illa pour son art roman et son art baroque, et les "Orgues" qui ne se trouvent pas dans l'église, mais qui sont un site naturel, oeuvre sculptée, par les eaux courantes ou érosion, de roches peu résistantes et qui ont donné un paysage exceptionnel dit de "cheminées de fées".

L'Hospici d'Illa ou Hôpital d'Ille, construit sur les chemin des pélerins et des voyageurs qui y faisaient étape dès le Moyen Age, recèle des fresques romanes, des retables, et de la statuaire médiévale et baroque. Dans la plupart des villages populeux, des fondations avaient été consacrées à la création et à l'entretien de maisons de refuge pour les pauvres et les vieillards. L'Hôpital d'Ille est une de ces créations et c'est en 1200 que son existence à été constatée.

L'Hospici d'Illa est un lieu ouvert toute l'année sauf en décembre et en janvier; il se visite en avril, mai et juin de 14 heures à 18 heures, en juillet et en août, de 10 heures à 13 heures puis de 14 heures à 18 heures, en septembre de 10 heures à midi puis de 14 heures à 18 heures.   

 

    

 

   005-copie-4.JPG                                                                                                     "Je descendais le dernier coteau du Canigou, et, bien que le soleil fût déjà couché, je distinguais dans la plaine les maisons de la petite ville d'Ille, vers laquelle je me dirigeais." Prosper Mérimée (1803-1870)

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 07:41

 

 

 

A cause de la guerre

les hommes de vingt ans n'aiment plus les bateaux

ni les horizons ni la mer

ni les mots étonnants qui fleurissent en rêve de

voyage autrefois,

à cette époque où l'océan, quelle que soit l'heure, était

bleu,

sillonné de corvettes et de galères,

océan terrible et doux, ouvert aux aventures des

hommes.

 

 

Adolescence cristallisée, jeunesse impérissable,

tout cela s'effrite,

les mots eux-mêmes qui savaient dessiner sur la nuit

des paysages incomparables,

les mots, peu à peu, se sont laissé défigurer.

 

 

A cause de la guerre

les bateaux sont devenus l'un après l'autre des

naufrages,

cependant, ils sont demeurés la quille droite,

éventrant les eaux sans un instant faillir,

et la pipe est restée fichée droite dans la gueule de

l'homme de barre

et tous les passagers, forts de leurs vingt ans,

de leur arogance et de leur candeur,

ignorant la route, résignés et joyeux,

morts d'avance.

 

 

A cause de la guerre

qui souffle les murailles

et qui, la nuit, arrache aux pierres elles-mêmes

des hurlements préhistoriques,

le singe se dresse,

élève les bras,

et ses yeux s'arrondissent.

Les poissons, par milliers, offrent leur ventre blanc aux

rayons du soleil

et les requins eux-mêmes, torpilles dorénavant

inoffensives

frémissent d'épouvante

regagnent les abris secrets et l'éternelle obscurité

des premiers âges du monde.

 

 

Les arbres, peuplés de léopards et d'oiseaux,

sont brusquement dévorés par le feu

et les grands reptiles carbonisés grésillent en torsades

autour des branches

qui bientôt s'écrasent au sol

et les volcans se réveillent

à cause de la guerre.

 

 

Et les fleuves infatigables charrient le sang des hommes

quelle que soit la race ou la couleur,

quels que soient aussi leur colère, leur droit,

leur folie et leur devoir.

 

 

Les hommes de vingt ans, chimpanzés terrifiés

maladroits sous l'uniforme

ont brusquement deux mille ans de trop

à cause de la guerre.

 

 

Le pétrole s'apprête à remplacer le sang

et le scorpion se met à courrir droit devant lui

affolé

infatigable

dérouté par cette vibration du sable à laquelle on ne

résiste pas, devant laquelle il n'existe nul autre recours

que la fuite éperdue.

 

 

Le scorpion noir, aveuglé,

terrifié par le grondement souverain des robots

qui se dressent à présent sur le ciel,

insectes démesurés, inassouvis,

infatigablement féroces,

implacables bourreaux de tous les paysages possibles.

Le scorpion s'arrête, hésite un instant,

puis sa queue lentement se redresse

et l'aiguillon perce le thorax,

tandis qu'à l'horizon, de tous côtés

le pétrole jaillit, fleurit,

sépanouit en torches gigantesques

droites

d'une beauté foudroyante,

et le dromadaire blanc lui aussi s'arrête et tremble

et soudain s'agenouille paisiblement,

sans hâte,

non plus cette fois pour le repos mais pour la mort,

à cause de la guerre.

 

 

A cause de la guerre

le coeur des femmes se laisse étreindre par le lierre

et leurs gestes se désaccordent.

Il faut à nouveau déchiffrer le vieux grimoire de la

patience

et l'apprendre par coeur

afin d'en nourrir ses nuits et ses journées.

 

 

Le vent tournera,

les pluies et la grêle et la neige,

tout cela viendra,

fera son oeuvre,

et les femmes se dévisageront l'une l'autre

sans parler,

se dévisageront

afin que le temps soit mesuré, et l'attente

et ce passé qui a pris, jour après jour, cruellement

toute sa place.

 

 

Le désespoir, dans le silence de la nuit,

plaque une toile d'araignée sur le visage des femmes

 

 

A CAUSE DE LA GUERRE.

 

 

 

Bernard DIMEY

 

 

 

 

 

 

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 07:28

Affiche CB 2011 Piaf Perret[1] Orchestre et choeurs sous la direction de Robert Chauvigny, à l'accordéon, Marc Bonel ; un simple nom et dans ce nom toute la chanson : voici EDITH PIAF.

 

"De cette minute, le génie de Madame Edith Piaf devient visible et chacun le constate. Elle se dépasse, elle dépasse ses chansons, en dépasse la musique et les paroles, elle nous dépasse." Jean Cocteau

 

Le 8 avril, hommage sera rendu à Edith Piaf au Palais des Congrés de Perpignan par l'association canétoise "Les Copains d'Après" (voir notre article du samedi 12 mars). Nous retraçons ici la carrière d'Edith Piaf des années 1947/1953.

 

A partir du 9 octobre 1947, Edith Piaf chante aux Etats-Unis avec les Compagnons de la Chanson au Versailles, cabaret New Yorkais. Elle rentre en France en mars 1948 au moment où sort sur les écrans le film qu'elle a tourné avec eux, "Neuf garçons, un coeur". Du 15 juin au 4 juillet 1949, elle est au Copacabana accompagnée par l'orchestre de Daniel White ; à son répertoire, une chanson de Michel Emer, "Qu'as-tu fait John ?" :

 

"Dans le coeur de la Louisiane, John, sous un soleil de plomb,

travaille près de la savane dans un grand champ de coton.

Il transpire à grosses gouttes ; il a chaud, il n'en peut plus

Lorsque soudain sur la route une foule est accourue.

Vers le pauvre John qui tremble, une femme lève le doigt

A la foule qui se rassemble, elle a dit : Il s'est jeté sur moi !

 

On emmène John au village à la maison du Shériff

Tous les Blancs hurlant de rage réclament un jugement hâtif

C'est un salaud, qu'on le pende ! Pour leur donner une leçon !

John gigote sous la branche, un frisson puis c'est fini

Les hommes blancs, les femmes blanches vont se coucher dans la nuit.

 

Qu'as-tu fait John, qu'as-tu fait ?...

 

Sur la maison qui sommeille, Margaret frappe à grands coups.

Le Shériff qui se réveille lui demande : Que voulez-vous ?"...

 

Margaret s'accuse et dit qu'il est mort à cause d'elle, car elle voulait l'aimer mais c'est lui qui n'a pas voulu...

 

"Le Shériff est en colère. Oh que d'histoires pour un Noir !

Allons faut pas vous en faire ! Bonsoir Margaret, bonsoir !"

 

 

Edith Piaf est accompagnée à l'accordéon par Marc Bonel ; il est son accordéoniste depuis novembre 1945 et son épouse, Danielle Bonel est la secrétaire de la chanteuse. Laissons parler Danielle Bonel : "Le drame de la mort de Marcel Cerdan frappe Edith. Elle s'écroule. En novembre, Marc écrit : 'Depuis la mort de Marcel, nous ne pouvons plus la quitter. Elle ferait des bêtises. Nous dormons même chez elle quand nous sentons qu'elle est vraiment trop mal, c'est-à-dire presque chaque nuit.'

Le temps passe. Edith est soutenue. Elle travaille. Lundi 26 décembre 1949. Bourvil et son épouse arrivent à 16 heures. Il s'apprête à présenter un numéro comique au Canada mais Edith lui a organisé une audition publique au Versailles. Sa carrière américaine s'arrêtera là. Si son apparition avec un cornet à piston surprend, le public se désintéresse vite de lui. Il subit le même sort qu'Edith lors de son premier séjour à New York mais il n'insistera pas. Apparemment, il ne s'en formalise pas. Marc et Edith passent des journées agréables avec la famille Bourvil.

17 février 1950. Fin du Versailles et retour à Paris. La salle Pleyel, Nantes, Marseille, attendent Edith. A Marseille, je commence ma vie près d'elle. Je l'avais connue en 1937. J'avais déjà rencontré Marc aux Folies-Belleville en 1943. Maintenant, je partage leur existence.

Je n'ai pas les dates exactes mais je me souviens qu'Edith a chanté à l'A.B.C. au mois d'avril et de mai 1950 : le 1er mai, je lui ai offert un bouquet de muguet. La ronde folle reprend. Nous sommes en juin. Paris, Lyon, Reims, Brest, Lille, Suresne, Asnières, Bobino, Opéra de Paris pour le Gala des Ambassadeurs, Vichy, Royat, etc. A Evian, Charles Trenet chante en première partie, Edith en seconde. Genève, Annecy, Grenoble, Nîmes, Amsterdam. Deauville, La Rochelle, Biarritz, Cannes, Nice, Collioure. Eddy Constantine et Charles Aznavour suivent le voyage."

 

Edith Piaf chante aux Arènes de Collioure le 19 août 1950. A l'affiche, il y a aussi Eddy Constantine et Charles Aznavour.

Le 29 octobre 1954, Edith Piaf enregistre une chanson de René Rouzaud sur une musique de Marguerite Monnot, "Enfin le printemps" :

 

"Vise mon jules cette crapule qui nous tombe sur les bras,

Depuis l'temps qu'on l'attend, comme une bombe le voilà,

Le voilà le printemps tout fleuri de lilas,

Qui rapplique en dansant, en dansant la java...

 

Ne fais la tête, tu serais bien bête de t'faire du mouron,

Quand sur toute la terre flotte un p'tit air de révolution.

J'ai choisi pour toi, ma robe de soie, mes colifichets,

Pour dormir sur l'herbe en écoutant tinter les muguets." 

 

Le 31 juillet 1953, Edith Piaf chante à Perpignan ; c'est son dernier passage dans les Pyrénées-Orientales.

 

Ce dossier sur Edith Piaf a été réalisé grâce aux ouvrages de Bernard Marchois, "Piaf emportée par la foule" et de Marc et Danielle Bonel, "Edith Piaf le temps d'une vie". 

 

 

 

 

 

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 09:10

 

 

En juin 1940, l'exode conduit Jean Cocteau à Perpignan où Jean Marais, démobilisé, le rejoint. Ils y restent jusqu'à leur retour à Paris en septembre.

 

 

Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne. Jean Marais est mobilisé. A la fin de l'année 39, Jean Cocteau va rendre visite à Jean Marais dans son unité à Roye.

Le 17 février 1940, a lieu la première de la pièce "Les Monstres Sacrés" au théâtre Michel. Jean Cocteau dit de cette pièce : "C'est une pièce où les larmes et les cris se contiennent. (...) Esther et Florent (deux Montres Sacrés - deux grands comédiens) vivent dans la paresse du succès sur scène. Ils oublient presque de vivre et prennent leur quiétude sans ombre pour le bonheur. Une petite menteuse tombe dans le calme d'une gloire qui exprime les passions sur les planches. Elle le dérange et amène le drame. Alors l'actrice célèbre cherche pour vivre ce drame réel de quoi se défendre parmi les armes du magasin d'accessoires."

La pièce passe ensuite aux Bouffes-Parisiens avec en lever de rideau, celle en un acte que Jean Cocteau a écrite pour Edith Piaf, "Le Bel Indifférent".

Jean Cocteau écrit à Jean Marais : "Je t'écris après la soirée des Bouffes. C'était étrange - comble - succès énorme pour les Monstres et Robinson - Piaf arrivait tard - et, je te le jure, c'était sublime - elle - Bébé - Meurisse - tout. Le public a écouté avec respect et a même applaudi plusieurs fois - mais il y avait le malaise que suscitent les choses belles et enviables - trop belles. A la fin j'ai senti que la timbale ne se décrochait pas. Cependant il paraît qu'à la sortie on n'entendait que des éloges."

En mai et juin 1940, c'est la débâcle ; la France est envahie. L'exode conduit Jean Cocteau à Perpignan. Jean Cocteau écrit à Jean Marais dans différentes lettres : "Nous partons cette nuit vers Amboise et Perpignan. (...) Chez le docteur Nicolau - rue de la Poste - Perpignan. Pyrénées-Orientales. (...) Ici j'ai trouvé une famille. Le docteur Nicolau, sa femme et les gosses (1) m'aiment et t'aiment de telle sorte que je serais heureux si on pouvait être heureux. (...) Si par chance incroyable cette lettre t'arrive, écoute : à la moindre égratignure, à la moindre foulure - fais-toi évacuer sur Perpignan où le docteur te prendra dans son service. (...) Jamais tu n'aimeras assez les Nicolau. Ils viennent (les enfants) de monter comme des fous dans ma chambre en criant : Deux lettres de Jeannot ! (...) Les Breton voulaient m'entraîner à Alger. J'ai répondu que ma peau toute seule ne valait rien - sauf multipliée par la tienne - et que rien ne me ferait quitter un continent où tu te trouves et devancer mon sort. Les Nicolau m'approuvent et t'attendent du même coeur que moi. (...) Je ne suis venu à Perpignan que parce que je priais le ciel que tu m'y rejoignes et que, de repli en repli, le sort nous réunisse."

Jean Marais, démobilisé, rejoint Jean Cocteau à Perpignan. Dans son livre "L'Inconcevable Jean Cocteau", Jean Marais parle de son séjour dans les Pyrénées-Orientales : "Il m'arriva à moi-même et donc à Jean Cocteau ce fait curieux. En 1940, après avoir été démobilisé, je fus invité avec Jean Cocteau à Vernet-les-Bains, dans les Pyrénées, par une adorable famille composée du docteur Nicolau, de sa femme et de leurs quatre enfants. J'avais décidé de peindre un châtaignier qui devait avoir mille ans d'âge et qui me fascinait par sa rude beauté. Cet énorme châtaignier avait été frappé par la foudre. Une entaille impressionnante et noire divisait l'arbre en deux. Les feuilles d'un vert cru formaient contraste. Dans le fond se profilait le paysage fantastique des Pyrénées. Je peignais comme d'habitude, c'est-à-dire en tirant la langue et en reproduisant le moindre détail. A telle enseigne qu'un passant, se penchant sur ma toile, m'interrogea : 'Vous êtes myope ?'

- Oui, je suis myope. A quoi le voyez-vous ?

- A votre peinture. Il n'y a qu'un myope qui puisse peindre ainsi.

J'étais sidéré.

Soir après soir, je retournais chez les Nicolau, et en repartais le lendemain. J'étais si lent à peindre qu'il me fallait plus d'un mois pour faire un paysage. Un soir, regardant mon tableau, les enfants me disent : 'C'est amusant que tu aies mis le portrait de Jean Cocteau dans l'arbre, comme dans les dessins-devinettes de notre enfance.'

(...) En effet, la déchirure de l'arbre représentait le profil de Jean Cocteau. (...) Nous étions si troublés, les uns et les autres, que, le lendemain, nous nous sommes rendus au pied du châtaignier, et nous avons pu constater que la déchirure figurait bien le visage de Jean Cocteau. A peu de temps de là, nous retournons à Paris. Les journaux nous apprennent alors qu'un violente secousse sismique a secoué les Pyrénées, faisant jaillir de terre des eaux qui ont dévalé jusqu'à Perpignan, emportant tout sur leur passage. Les Nicolau nous téléphonent et nous disent que non seulement le châtaignier a été arraché par les eaux torrentueuses, mais que le paysage lui-même où il dressait sa masse noire a disparu"

Jean Marais parle des inondations d'octobre 1940 qui ont frappé le département des Pyrénées-Orientales, détruisant une grande partie de la ville de Vernet-les-Bains et faisant de gros dégâts jusqu'à Perpignan.

 

(1) Le docteur Pierre Nicolau et sa femme Yvonne ont quatre enfants : Jacques, Simone, Colette et Bernard.

 

 

Ce dossier sur Jean Cocteau et Jean Marais a été réalisé grâce aux ouvrages suivants : Lettres à Jean Marais" par Jean Cocteau aux éditions Albin Michel, le livre de Jean Marais "L'Inconcevable Jean Cocteau" aux éditions du Rocher et le programme de la pièce "Les Monstres Sacrés" reprise aux théâtre des Bouffes Parisiens en 1993 par Michèle Morgan et Jean Marais.  

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 10:44

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"Laissez-moi adopter le style de Stendhal pour vous dire que Mme Edith Piaf a du génie ; elle est inimitable. Il n'y a jamais eu d'Edith Piaf, et il n'y en aura plus jamais." Jean Cocteau

 

Le vendredi 8 avril, hommage sera rendu à Edith Piaf, au Palais des Congrès de Perpignan par l'association canétoise "les Copains d'après". (voir notre article du samedi 12 mars). Aujourd'hui, nous abordons la carrière d'Edith Piaf dans les années 1939/1940 et son tour de chant qui a fait plusieurs passages à Perpignan.

 

Du 11 au 13 mars 1939, Edith Piaf se produit au Nouveau Théâtre de Perpignan. Elle y chante un répertoire concocté par celui qui envisage pour elle une carrière internationale : Raymond Asso. Deux ans auparavant, la môme Piaf est devenue Edith Piaf et Raymond Asso lui a écrit les paroles de nombreuses chansons dont "Mon Légionnaire" (sur une musique de Marguerite Monnot) qu'elle enregistre début 1937.

Au début de l'année 1940, Edith Piaf est à l'Amiral (du 6 janvier au 11 avril), le cabaret-dancing de la rue Arsène Houssaye près de la place de l'Etoile. C'est l'époque où elle crée une chanson de Michel Emer rencontré quelques jours plus tôt, "l'Accordéoniste".

Pendant ce temps, Jean Cocteau, grand admirateur de la môme qui est en train de devenir une grande vedette, lui écrit une pièce en un acte qu'elle doit jouer prochainement avec un acteur qui ne lui donne pas la réplique car le personnage principal est le seul à parler, plutôt à crier sa rage, à un compagnon qui ne l'aime pas. Ce compagnon, cet acteur muet, c'est Paul Meurisse. Les répétitions commencent le 19 avril 1940. Il est prévu de jouer cet acte, "le Bel Indifférent" avant une autre pièce de cocteau, "les Monstes Sacrés".

"J'ai confié Edith Piaf à André Brulé. (...) Yvonne de Bray (1) m'avait signalé Edith Piaf comédienne. C'était, me dit-elle, une chanteuse qui joue, une chanteuse qui parle et qui ne se contente pas du rythme. Lorsque j'ai entendu Edith Piaf, j'ai été stupéfait de la force qui se dégage d'un corps minuscule. Elle entre. Elle est vaincue. Des mèches rouges tombent en désordre autour d'un front de jeune Victor Hugo. Des jambes robustes soutiennent mal une bosse d'ange ou de fauvette. Et les yeux sont inoubliables : des yeux d'aveugle miraculée, des yeux de Lourdes, des yeux de voyante" a dit Jean Cocteau au moment où sa pièce était représentée. Et c'est du 20 au 25 avril 1940 que Piaf joue "le Bel Indifférent" avec Paul Meurisse au théâtre des Bouffes-Parisiens. 

La pièce "les Monstres sacrés" est d'abord jouée au Théâtre Michel mais décision est prise de la jouer aux Bouffes avec en lever de rideau l'acte joué par Edith Piaf. Dans la correspondance que Jean Cocteau adresse à Jean Marais, mobilisé depuis la déclaration de guerre, il écrit : "Je rentre de chez Breton - dîné Willemetz avec Bébé - nous avons tout pesé et décidé de donner aux Bouffes le spectacle des Monstres - Piaf - et de préparer pendant ce temps-là les Variétés 40, sorte de music-hall poétique dirigé par moi avec un sketch pour Michel Simon et Arletty par exemple et un numéro qui peut changer où nous présenterons le tien."

Cependant, le sort de la pièce dépend du moment où Paul Meurisse sera mobilisé. Jean Cocteau écrit à Jean Marais : "Nous avons obtenu ce soir le sursis de Paul Meurisse. Piaf était folle de joie et je la comprenais ! Il pourra donc créer le rôle." Mais le sursis est de courte durée : " Ce soir c'était triste parce que Paul Meurisse quitte le rôle demain et que la pauvre Piaf pleurait toutes ses larmes. Et dans les larmes elle répétait : je vais écrire à Jeannot. Elle le disait encore à l'Amiral où elle a chanté d'une manière poignante." (lettre de Jean Cocteau à Jean Marais)

Du 26 avril au 14 mai 1940, Jean Marconi reprend le rôle muet de Paul Meurisse.

En juin 1940, l'exode conduit Jean Cocteau à Perpignan où il résidera jusqu'en septembre. A Jean Marais il écrit : "Nous partons cette nuit vers Amboise et Perpignan.", puis dans une autre lettre : "Encore - chaque jour - quelques lignes au hasard du désordre et du drame. Puisse une de mes lettres t'atteindre n'importe où. Chez le docteur Nicoleau - rue de la Poste (2) - Perpignan. Pyrénées-Orientales. J'attendrai avec le courage que je te dois le miracle d'un signe de ta main. J'attendrai sous notre étoile. J'attendrai quoi qu'il advienne."

Jean Marais rejoint Jean Cocteau quelques semaines plus tard. Quant à Edith Piaf, elle reprend une tournée à travers la France. Le 6 juillet 1940, elle chante à Perpignan au cinéma le Castillet et du 2 au 4 août, au Nouveau Théatre.

 

 

(1) Yvonne de Bray a joué dans la pièce de Jean Cocteau "les Monstres sacrés" avec Madeleine Robinson.

(2) Aujourd'hui rue Jeanne d'Arc.        

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 09:56

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Le photographe catalan Sergi Reboredo, que nous avons présenté dans un précédent article de ce blog, était récemment à Bruges (Belgique) pour un nouveau reportage et il en a rapporté des photos qui peuvent être visualisées sur son site internet.

 

L'escapade de Sergi nous donne envie de visiter Bruges, la Venise du Nord, et d'admirer la salle Renaissance du Franc de Bruges et sa superbe cheminée dont la partie supérieure est dédiée à un roi d'Espagne qui est né à Gand en 1500, qui a été elevé par sa tante à Malines, puis devenu empereur du Saint Empire Romain Germanique sous le nom de Charles Quint a abdiqué à Bruxelles.

C'est en 1528, que les bourgmestres et les échevins du Franc de Bruges (subdivision territoriale de l'ancien comté de Flandre) ont décidé de faire ériger une cheminée monumentale dans la salle échevinale du Burg, d'après le projet du peintre brugeois Lancelot Blondeel. Cette oeuvre fut probablement réalisée à l'occasion du traité de Madrid (1526) conclu un an après la bataille de Pavie et il est possible que certains de ses éléments aient été modifiés ou ajoutés après la Paix des Dames de 1529 par laquelle François Ier renonçait à la suzeraineté sur la Frandre et l'Artois et où fut arrangé son mariage avec Eléonore, soeur de Charles Quint. La cheminée est donc un hommage du Franc de bruges à son souverain Charles Quint, comte de Flandre.

La partie supérieure de la cheminée est en bois. Devant le trône, se trouve la statue de Charles Quint portant le collier de l'Ordre de la Toison d'Or ; il tient dans les mains l'épée impériale et le globe terrestre. Au-dessus de lui, ses armoiries avec l'aigle impériale bicéphale.

Derrière Charles Quint, des médaillons représentent ses parents Philippe le Beau mort en 1506 et sa mère Jeanne la Folle ; plus haut des médaillons avec la tante qui l'a élevé, Marguerite d'Autriche, et Charles de Lannoy vainqueur de la bataille de Pavie.

La partie supérieure en bois de la cheminée se prolonge des deux côtés le long du mur. Dans la partie gauche, les statues des grands-parents paternels de Charles Quint, l'empereur Maximilien d'Autriche et Marie de Bourgogne ; dans la partie droite, les grands-parents maternels, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, les rois Catholiques. L'emblème de la maison royale d'Espagne est également représenté.

Les cinq grandes statues des souverains ont été exécutées par Guyot de Beaugrant, originaire de Lorraine.

 

A l'occasion de l'élection de Charles Ier d'Espagne à la tête du Saint Empire Romain Germanique en 1519 (c'est alors qu'il prend le nom de Charles Quint), sa tante, Marguerite d'Autriche, avait commandé au plus célèbre atelier de tissage bruxellois, celui de Pierre Van Aelst, une série de neuf tapisseries qui constituent une immense représentation allégorique des vertus que doit pratiquer un jeune souverain et des vices qu'il doit éviter s'il veut obtenir la récompense la plus élevée que tout gentilhomme et tout prince ambitionne de mériter un jour : la Renommée sur terre, la Noblesse éternelle et l'Honneur suprême.

La neuvième tapisserie, intitulée justement "l'Honneur" et qui a donné son nom à toute la série, représente Honor siégeant en tant que juge dans un tribunal. Ses assesseurs sont des souverains célèbres, le greffier occupe le centre de l'estrade et des hérauts font office de huissiers dans les pavillons latéraux. L'Honneur, récompense suprême dont nous parlions, trône au centre tandis qu'en bas les gens sans honneur et les pécheurs se bousculent en vain pour rejoindre les vertueux sur le podium.

 

Après toutes ces explications, il est temps de rejoindre Sergi Reboredo sur son site internet www.sergireboredo.com

 

 

Photo, Bruges, une ville à découvrir avec Sergi Reboredo

 

  

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