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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 14:24

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Au mois de juin de l'année dernière, la langue catalane était à l'honneur lors du Marché de la poésie qui s'est tenu sur la place Saint-Sulpice à Paris, entre la fontaine et l'église éponyme. A l'ombre des tours blanches de l'architecte Servandoni, des poèmes de Jordi Pere Cerda étaient lus en catalan par Alex Susanna, que le programme présentait comme traducteur et directeur d'institutions culturelles (il est poète, éditeur, directeur de plusieurs institutions dont la Fondation Caixa de Catalunya sise dans l'immeuble dit la Pedrera à Barcelone) et traduits en français, pour une meilleure compréhension, le public parisien ne comprenant pas forcément, lorsqu'ils sont lus dans leur langue d'origine, les mots et les images du grand poète catalan, né en 1920 à Saillagouse (Cerdagne). Ces vers ont de nouveau pris un sens pour moi, en ce beau dimanche matin ensoleillé, lors d'une promenade dans le Parc Sant Vicens de Perpignan, alors que se déroulait la 2ème Fête de la nature, avec des visites guidées ayant pour thème la faune et la flore de ce parc de plusieurs hectares, inauguré il y a un an.

 

TIRONS                                                                                                        LES CANARDS

 

 

Els tirons, pesucs, coll verd,                                                                    Les canards, lourds, au col vert,

semblen soldats de la quinta,                                                                 avec leur parler vilain

astorats i maladrets.                                                                            s'en vont, jeunes recrues en marche,

Han crescut massa de pressa,                                                               titubants et maladroits

No estan fets per al terra-sec,                                                                 sur ce plancher des vaches.

amb el seu parlar tan lleig.                                                                      Alberti

Sap                                                                                                               sait une rivière.

      l'Alberti una riera,                                                                                 Ah ! s'ils savaient la retrouver !

si mai la saben trobar.                                                                              ils voleraient aux lavandières

Amb un mocador per vela,                                                                       un mouchoir qu'ils lèveraient,

robat a les bugaderes,                                                                             voile haute, tels une escadre

semblaran vaixelles pel mar.                                                                  sur la mer émerveillée.

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 09:34

003-copie-5 En 1946, le peintre Raoul Dufy (1877-1953) s'installe dans un atelier au coin de la place Arago et de la rue de l'Ange à Perpignan. Les fenêtres de cet appartement donnent sur la place Arago et Dufy peut voir les fêtes données en bas de chez lui et l'animation extérieure, sardanes et carnavals.

 

 

"Qu'elle est jolie la sardane,

Que l'on danse main dans la main.

Au pays des verts platanes,

Jeunes filles, jeunes gens l'aiment bien.

Et même les vieux de leur canne,

La martellent sur les pierres du chemin.

Il la connaissent la sardane.

Ils l'ont dansée quand ils étaient gamins.

 

 

Amis c'est la fête à Collioure,

On a pavoisé le vieux port

Et devant la mer qui l'entoure

Voici l'éternel clocher d'or.

Sur les galets, vertes et roses

Le barques aux tendres couleurs

Commencent la métamorphose

De leurs voiles changées en fleurs.

Et sous la lune vagabonde

La sardane forme sa ronde.

 

 

Qu'elle est jolie la sardane,

Que l'on danse main dans la main.

Du pays des tramontanes

Elle vole jusqu'au pays voisin.

Ce soir combien d'amourettes

Vont éclore dans les coeurs de vongt ans.

Combien vont perdre la tête

Pour toi sardane du pays catalan." 

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 08:22

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Nouvel épisode de la rubrique 'C dans l'Art' : Aujourd'hui Raoul Dufy à Perpignan.

Le 10 juin 1940, l'Italie déclare la guerre à la France. Par crainte des bombardements, Raoul Dufy (1877-1953) quitte Nice avec sa femme pour les Pyrénées-Orientales. Le peintre natif du Havre, qui a souvent peint la plage de Sainte-Adresse et des paysages proches de Marseille (Martigues, l'Estaque...) - le thème des régates comme celui de la musique fait partie de sa vie -, est connu pour avoir réalisé, en 1920, les décors et les costumes du "Boeuf sur le toit", un ballet de Jean Cocteau, mis en musique par Darius Milhaud, et, en 1937, une fresque gigantesque présentée à l'Exposition universelle de Paris, à la gloire de la "Fée Electricité".

"Le poète (*) n'oublie pas ses amis des Six. Pour eux, il décide de monter un spectacle à la comédie des Champs-Elysées, louée pour quelques représentations à Hébertot. C'est Etienne de Beaumont qui se charge de faire la salle en demandant à tout le gratin de Paris de louer des places. Le shah de Perse, de passage, paiera même 10 000 francs une loge. Ne faut-il pas voir ce qu'il y a de plus insolite à Paris ?

Il ne sera pas déçu. Cocteau a écrit lui-même l'argument du "Boeuf sur le toit", un ballet pantomique inspiré à Milhaud par une matchiche entendue au Carnaval de Rio. Les clowns Fratellini y font merveille dans une chorégraphie bouffonne, ainsi que dans "Adieu New York", un fox-trot de Georges Auric. Satie est représenté par ses "Trois petites pièces montées" et Poulenc par les "Cocardes" sur un poème encore de Cocteau. Une partie de la salle siffle, l'autre trépigne d'enthousiasme. Cocteau, fiévreux, contient mal sa joie, en ce soir du 20 février 1920." (1)

 

Raoul Dufy est atteint de polyarthrite et c'est à Céret, dont on lui vante la climat favorable, qu'il se rend et qu'il fait la connaissance de Pierre Brune, peintre à l'origine de la création du musée d'art moderne du chef-lieu du Vallespir. Malgré la douceur du climat, l'état de santé de Dufy ne s'améliore pas et sur les sollicitations de Pierre Brune auprès de son ami le docteur Pierre Nicolau, il est admis, au début de l'année 1941, à la clinique des Platanes à Perpignan. Après un séjour bienfaisant dans cet établissement hospitalier, le docteur Nicolau invite le peintre chez lui rue de la Poste [cf. l'article sur Cocteau et Marais du 18 mars] où le salon de l'appartement devient l'atelier de Dufy pendant six mois. Il y peint "Atelier de la rue Jeanne d'Arc à Perpignan" (musée des Beaux-Arts de Valence), "Atelier de Perpignan rue Jeanne d'Arc", "Atelier de Perpignan, la Frileuse" (ces deux derniers au musée d'Art moderne de la ville de Paris).

 

En 1943, Dufy retourne à Paris, dans son atelier de l'impasse Guelma (18ème arrondissement) où il détruit 300 dessins et aquarelles qui lui paraissent tous mauvais. C'est dans cet atelier qu'il loue depuis 1911, et qu'il conservera jusqu'à son décès, qu'il a peint "L'Atelier de l'impasse de Guelma" (1935), tableau dans lequel "on y retrouve les couleurs préférées de Dufy, rose, bleu et orange, des accents de vert et de rouge unis par un blanc lumineux, et l'indispensable ligne noire, omniprésente. La fenêtre, esquissée en blanc, fait écho à la forme du chevalet. A travers la vitre et les murs transparents, l'intérieur et l'extérieur se confondent ; Dufy incorpore l'architecture de la rue à celle de l'atelier, le monde concret entre dans la toile." (2)

En 1944, Dufy réalise les décors et les costumes de la pièce d'Armand Salacrou, mise en scène par Pierre Dux et jouée à la Comédie Française, "Les Fiancés du Havre". Après un séjour à Vence, il s'installe, en 1946, dans un atelier à Perpignan, à l'angle de la place Arago et la rue de l'Ange, où se trouve une imposante console rococo surmontée d'un grand miroir que l'on voit dans un tableau "Le Compotier de pêches à la console", daté de 1948, et exposé au musée d'Art moderne de la ville de Paris. La console et le miroir deviennent "des éléments de liaison dans les oeuvres exécutées par Raoul Dufy à cette époque" où "le miroir dans ces différentes oeuvres ne renvoie aucun reflet, il intervient en tant que composante lumineuse de l'ensemble". (3) C'est l'époque où il encontre le violoncelliste Pau Casals et où il reçoit de nombreux amis, dont Marcelle Oury, mère du réalisateur de "La Grande Vadrouille", qu'il a rencontrée à Paris, le 24 juin 1911, lors d'une soirée mémorable donnée par le couturier Paul Poiret, une fête persane baptisée "La Mille et deuxième nuit", pour laquelle Raoul Dufy avait dessiné les invitations et avait décoré le velum qui protégeait le jardin de la chaleur de l'été naissant. Pour Marcelle Oury, Dufy peint "Nature morte aux poires et aux citrons" (1946), aquarelle sur papier qu'il dédicace d'un "A Marcelle Oury que je retrouve à Perpignan ce 23 fév. 1946 - Raoul Dufy".

 

"Sur une corbeille de fruits de Raoul Dufy

 

Sur un fond bleu, comme d'un ciel glacé d'hiver,

s'offrent dans la blancheur d'une porcelaine ajourée

la rouge pomme colorée,

avec l'acide grappe verte, et quelque amer

citron à l'écorce dorée ;

Mais plus que tes couleurs, que tes froides saveurs,

y chantent les douceurs dont ta mélancolie

pare tes dernières faveurs,

belle saison d'automne en l'hiver abolie !" (4)

 

"De sa fenêtre, Dufy pouvait voir les fêtes et l'animation de la place Arago (sardanes et carnavals) mais aussi les fenêtres de l'appartement de son ami l'écrivain roussillonnais Ludovic Massé, qui habitait rue Vauban, de l'autre côté de la place." (5)

Son état de santé contraint Dufy à faire une cure à Caldes de Montbui (Catalogne Sud) et même à partir pour Boston (Etats-Unis), où il subit un traitement à la cortisone dans l'hôpital du professeur Freddy Homburger.

Raoul Dufy s'installe ensuite à Forcalquier (Basses-Alpes) où il décède le 25 mars 1953. 

 

 

(*) Il s'agit de Jean Cocteau.

(1) Extrait du livre de Gilbert Gilleminault et Philippe Bernet, "les Princes des Années Folles".

(2) Extrait du catalogue de l'exposition au musée du Luxembourg (Paris), "la Collection Phillips à Paris" (2005).

(3) Extrait du catalogue de la Collection Gérard Oury mise en vente à Artcurial (Paris) en avril 2009.

(4) Poème de Pierre Camo (1877-1972) qui fonda avec Paul Valéry et quelques autres le groupe néo-parnassien de la Pléiade. 

(5) "Perpignan, le dernier havre de Raoul Dufy" par Marie-Claude Valaison (musée Rigaud, Perpignan). 

 

Photo, au premier plan, l'immeuble où Raoul Dufy avait son atelier dans les années 40. 

     

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 09:55

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"Cet été, pour oublier l'amertume de mon exil, je suis allé en Espagne, en Catalogne, et là aussi j'ai éprouvé cet étrange vertige d'un bond dans le passé, d'un voyage dans le temps." C'est en ces termes qu'Henry de Monfreid décrit le voyage qu'il a fait seul sur les traces de sa jeunesse, quand avec son père, le peintre Georges-Daniel de Monfreid, quelques décennies plus tôt, il a roulé à vélo sur les chemins de la Catalogne. "Sur les chemins défoncés de la Catalogne, où nos vélos jetaient la panique, je m'attendais à voir paraître Don Quichotte et Sancho et, si réellement nous les avions rencontrés, je crois qu'il m'aurait été impossible d'en éprouver une grande surprise. Je suis venu cette année m'arrêter à Tossa de Mar, sur la Costa Brava." (1)

 

Au Sud de la Costa Brava, à l'intérieur d'une enceinte fortifiée, vit et bat le coeur de la vieille ville de Tossa de Mar, dominée par un cap d'où l'on découvre une vue magnifique de Blanes et son jardin botanique à Sant Feliu de Guixols, avec escarpements, promontoires, pointes et criques. "Une senteur aromatique et puissante s'exhale de cette végétation surchauffée lorsque la brise de mer se calme et laisse descendre le vent chaud de la terre.

Sur ce fond grandiose et lumineux, au-dessus d'une petite place couverte de barques aux couleurs vives, une vieille forteresse sarrasine dresse ses remparts. Cest la 'Villa Vella' dont les tours rondes, dorées semble-t-il à force de soleil, veillent sur la mer où jadis surgissaient les galères barbaresques. Dans ces vieux murs de granit une partie de la 'Villa Vella' subsiste encore avec ses ruelles en escaliers, ses maisons du XIV ème aux toits de tuiles à canaux, où quelques pêcheurs demeurent encore.(...) Le père Dumas la reconnaîtrait telle qu'il dut la voir aux environs de 1830, quand il venait, tout comme je le fais aujourd'hui, oublier là le tumulte du boulevard" (1) 

 

Alexandre Dumas a effectué un voyage en Espagne en 1846, Madrid, Tolède, Grenade, Cadix et est certainement passé par Tossa de Mar. Dans ce lieu superbe et prisé, Henry de Monfreid dit que "les autocars du dimanche, bondés de boutiquiers, de calicots, de pensionnats, viennent déverser au bord de la mer leur chargement humain. Mais la sauvage ambiance a tôt fait de tout absorber. Le soir, ces éléments étrangers se coagulent à nouveau et repartent, tassés dans les mêmes véhicules". (1) S'il y a des gens qui n'étaient pas des touristes dominicaux, mais bien de vrais admirateurs du lieu et qui y séjournaient plus qu'un éphémère dimanche ne peut offrir à de simples passants, ce sont les peintres, qui, dans les années 30, ont investi Tossa de Mar : Espagnols, Français, Allemands... ils ont représenté chacun à leur manière le spectacle de Tossa.

 

 "L'eau se berce et reflète des lunes.              L'aigua es bressa i te llunes.

A l'horizon, un bateau                                         A l'horitzo un vaixell

funambule. Des rochers bruns                        funambul. Roques brunes

et rouges comme une forteresse ;                  i roges en castell ;

et des déchets et des ruines.                           i deixies i runes.

Noires de soleil et de sel,                                 Negres de sol i sal,

la muraille et la tour ;                                          la muralla i la torre ;

et, sur les galets et le sable,                            i al codolar i la sorra

dix canots, la proue dressée,                          deu bots, la proa endalt,

composent une frise radiale." (2)                   fan un fris radial.

 

Josep Mompou, en 1934, a tracé les contours colorés du cap de Tossa, un pin et une végétation luxuriante au premier plan et ce cap, que domine seul un phare, énorme coquillage surgissant de la côte, aride et dénudé. Attirés par des artistes espagnols dont Rafael Benet et Pere Creixams, André Masson, Marc Chagall, Gen Paul ont à Tossa trouvé l'inspiration : ballerine, bataille d'insectes, port avec barques, violoniste céleste...

Fondé dès 1935, le musée de Tossa réunit, dans quatre sections, des collections qui mettent en relief le bouillonnement artistique que Tossa a connu grâce à la venue de ces artistes.

 

"En quittant Tossa de Mar, la route de Girona traverse un pays montagneux couvert d'immenses forêts de chênes-lièges. Au fond des vallées, là où il y a un peu d'eau, on rencontre parfois une ferme fortifiée, entourée d'un champ de maïs, d'un verger de noisetiers et de culture maraîchères." (1)

 

 

Citations : (1) Henry de Monfreid, "Les Trabucaires".

(2) Poème "Les Galets de Tossa" par Pere Quart (1899-1986).

 

 

Photo, un promontoire, un cap, une péninsule ?       

 

 

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 09:04

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Perpignan, Collioure, Elne... You're wondering what we are made of ? 

 

 

Wherever you're from, please visit us. Fly  to a gorgeous region. The bathing season is coming soon and everyone is fond of Northern Catalonia places and seaside resorts. Sailing, yachting, sunbathing... and then just walk round a medieval cloister or drive to a chateau and its vineyard.

You'll find there everything you want and we are'nt chatting up you cause it's true...

 

In Northern Catalonia we do open up new vistas to you.      numérisation0018-copie-1

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 09:09

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Abeilles ! quand l'hiver désolera les bois

Et que la rose y sera morte,

J'entendrai ruisseler l'averse sur les toits

Et siffler le vent sous la porte.

 

Que deviendrai-je alors, reclus dans ma maison

Et ses vaines dialectiques,

Si je n'ai, comme vous, façonné mon rayon

Avec la cire des distiques ?

 

Il ne m'importe point qu'on reproche à votre art

L'architecture trop égale

Ou le soin vigilant d'enclore le nectar ;

L'abeille n'est pas la cigale.

 

Il ne vous suffit point de voler tout l'été,

Inutiles et bruissantes ;

Vous devez engranger le pollen récolté

Près des fontaines jaillissantes.

 

Aussi, pour conserver dans le froide saison

Le parfum fugace et fragile,

Divisez le butin, distillez la cloison,

Sages abeilles de Virgile !

 

Je n'aime pas le miel des villes, qui se vend

Hors des alvéoles de cire,

Epuisé, dépouillé de l'arome vivant

Et des saveurs que je désire.

 

Je ne veux pas qu'il soit fluide, fade et doux,

Et venu des plaines voisines.

Mais rustique, chargé de thym, épais et roux

Comme les gemmes des résines,

 

Ou pâle quelquefois, comme celui des monts

Qu'un essaim estival assiège,

Qui sent la gentiane et les rhododendrons

Eclos sur le bord de la neige.

 

Je veux qu'un chevrier, loin des jardins ombreux

Où ne rôde qu'un vol trop sage,

Pille ce blond trésor abrité dans le creux

D'un amer olivier sauvage ;

 

A moins qu'il ne découvre un rucher bourdonnant,

Enfoui dans la bruyère rose,

Fait d'écorces de liège et fermé seulement

Par des tuiles que l'on y pose.

 

Il sied qu'une fraîcheur de rosée et d'anis

Se mêle au sucre et le pimente

Et que les sucs des fleurs brûlantes soient unis

A la verte odeur de la menthe.

 

Ainsi, lorsque l'hiver désolera les bois

Et que la rose y sera morte,

Ce miel recélera l'haleine des beaux mois,

Incluse dans sa douceur forte.

 

 

Henry Muchart (1873-1954) est né à Arles-sur-Tech. Il était le cousin de Pierre Camo, autre grand poète du Roussillon. Il a écrit des oeuvres poétiques dont "Le balcons sur la mer", "Poèmes du vent et de la lune". Le poème retranscrit ci-dessus in extenso, "Le miel sauvage" est extrait d'un recueil sur la poésie de la Catalogne du Nord édité chez Sources, Maison de la poésie de Namur (Belgique).  

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 11:30

 

 

 

Depuis le 18 novembre 2010, jour de la création de louisiane.catalogne.over-blog.com, le blog a reçu 3 123 visites et totalise 12 363 pages vues. Merci à toutes et à tous ! 

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 11:20

 

 

 

Quand on n'a rien à dire et du mal à se taire,

On peut toujours aller gueuler dans un bistrot,

Parler de son voisin qui n'a pas fait la guerre,

Parler de Boumedienne et de Fidel Castro,

Parler parler parler... pour que l'air se déplace,

Pour montrer qu'on sait vivre et qu'on a des façons,

Parler de son ulcère ou bien des saints de glace,

Pour fair' croire aux copains qu'on n'est pas le plus con.

 

Quand on n'a rien à dire on parle de sa femme

Qui ne vaut pas tripette et qui n'a plus vingt ans,

Qui sait pas cuisiner, qui n'aime pas le drame,

Qui découche à tout va, qu'a sûr'ment des amants.

On parle du Bon Dieu on parle de la France

Ou du Vittel-cassis qui vaut pas çui d'avant,

On pense rien du tout on dit pas tout c'qu'on pense.

Quand on n'a rien à dire on peut parler longtemps.

 

Quand on n'a rien à dire on parle du Mexique,

De l'Amériqu' du Nord où tous les gens sont fous,

Du Pape et du tiercé, des anti-alcooliques,

Du cancer des fumeurs et des machines à sous,

Des soldats, des curés, d'la musique militaire,

De la soupe à l'oignon, de l'îl' de la Cité.

Quand on n'a rien à dire et du mal à se taire

On arrive au sommet de l'imbécilité. 

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 08:55

 

 

"Bernard Dimey n'est pas mort le dix mai,

On aurait cru qu'il l'avait fait exprès :

L'est mort le premier juillet au matin

Et rud'ment bien." Jacques Debronckart

 

 

Le 1er juillet 1981, Montmartre perdait un de ses derniers poètes, un homme qui avait le coeur aussi grand..., qui a écrit "Moi qui n'ai rien écrit" et "Je ne dirai pas tout" ; or, tout nous reste à dire sur celui qui a hanté les nuits de la Butte et des Halles et qui regagnait au petit matin son logement de la rue Germain Pilon.

 

 

"Prenez un compas, piquez-en la pointe sur une carte de Paris, entre le Sacré-Coeur et le Mouloin de la Galette, et décrivez un cercle qui ira de la place Ravignan (l'actuelle place Emile Goudeau) à la rue Lamarck, du square Saint-Pierre à la rue Caulaincourt, vous aurez les frontières d'un tout petit pays..." (1)

"L'une des voies ascensionnelles les plus célèbres de la Butte, la rue Lepic, fut décrétée route départementale en 1840, après avoir été conditionnée par Napoléon pour l'établissement d'une batterie. Elle fut baptisée rue de l'Empereur en 1852 et reçut son nom actuel en 1864, en souvenir du général Lepic qui défendit le quartier en 1814. Le mardi 20 juin 1899 a lieu, au numéro 59 de la rue Lepic, chez Charles Léandre, une grande soirée organisée en l'honneur du maître de céans, par ses amis. Pour la circonstance, Mademoiselle Lapercerie dit des vers de François de Croisset.

A l'instar de ses consoeurs montmartroises, la rue Lepic a abrité son lot d'artistes en renom. Jehan Rictus, l'auteur des Soliloques du Pauvre et des Cantilènes du Malheur, habita au numéro 50 durant près de quinze ans. Le poète des dépenaillés révolutionnaires avait fait ses débuts au cabaret des Quat'-z'Arts, un soir mémorable de 1896. De là, il passa au Chat-Noir. Mévisto aîné, Coquelin cadet et Yvette Guilbert figurent parmi ses meilleurss interprètes. L'auteur de la célèbre chanson 'Au temps des cerises', Jean-Baptiste Clément, logea au 53, en 1880. Il avait été condamné à mort par contumace, pour ses activités de communard. De 1886 à 1888, le numéro 56 accueillit Théo et Vincent Van Gogh dont on trouvait les toiles au Tambourin, boulevard de Clichy. Le corrosif Léandre habita au 59, Forrain au 64. Félix Ziem, 'peintre de Venise', qui prenait ses modèles de lagunes dans le rue Lepic du haut de sa forteresse du moulin de la Galette, eut son atelier au numéro 72."  (2)

 

Au coin de la rue Coustou et de la rue Lepic, le Lux-Bar et...

 

"Les feignants du Lux-Bar, les paumés, les horribles,

Tous ceux qui, rue Lepic, vienn'nt traîner leurs patins,

Les rigolos du coin, les connards, les terribles

Qui sont déjà chargés à dix heur' du matin...

Les racines au bistrot, ça va pas jusqu'à Blanche,

Et même les Abbesses, ils ont jamais vu ça !

Avec dix coups d'rouquin ils se font leur dimanche

Et je les aime bien, je n'sais pas trop pourquoi.

 

Y a Jojo qui connaît des chansons par centaines,

Qui gueule comme un âne avec un' voix d'acier

Et sur un ch'val boiteux va bouffer tout' sa semaine,

Qui crèv'rait si demain on supprimait l'tiercé,

Et l'Patron du Lux-Bar, c'est l'Auvergne en personne,

Bien avant d'savoir lire il savait d'jà compter,

Mais tous les habitués viennent pour la patronne

Et lui, le malheureux, s'en est jamais douté !

 

Et puis y a les souris des rues avoisinantes

Au valseur agressif, au sourire accueillant,

Qui font toujours la gueule et sont toujours contentes,

Qui racontent leur vie en séchant leur coup d'blanc.

Au Lux-Bar on s'retrouve un peu comme en famille ;

L'poisssonnier d'à côté, çui qui vend du requin,

Vient y boir' son whisky parmi les joyeux drilles

Qui ne sont rien du tout, mais qui sont tous quelqu'un.

 

Les copains du Lux-Bar, les truands, les poètes,

Tous ceux qui dans Paris ont trouvé leur pat'lin

Au bas d'la rue Lepic viennent se fair' la fête

Pour que les Auvergnats puissent gagner leur pain."

 

 

(1) Gaston Leclère, président de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Vieux-Montmartre.

(2) Georges Renoy, "Paris en cartes postales anciennes - Butte-Montmartre" (1973)

 

Le poème ci-dessus de Bernard Dimey est intitulé "Au Lux-Bar"  

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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 08:55

 

 

 

Urbain Robbe a beaucoup d'amis et il les invite... souvent. Dans ses appartements sis au 68 de l'avenue des Champs-Elysées, dans un immeuble des années 1910, au-dessus de la Maison Guerlain, il reçoit artistes et poètes et les soirées se passent en musique et en versification pour le plus grand bonheur de ses hôtes. On échange des poèmes, on en lit, on en compose à main levée : octosyllabes, alexandrins, ou vers de neuf syllabes qui donnent l'impression de manquer de peu le décasyllabe, ou comme ce soir, vers de sept syllabes au léger déséquilibre qui donne tout ce charme aux vers impairs, si souvent déclamés au 16ème siècle et encore au 17ème, et remis à la mode par les symbolistes.

Ce soir du 2 avril 1932, Urbain Robbe reçoit Tristan Derème (1889-1941), poète fantaisiste qui a composé "Le renard et le corbeau", et lui montre, entre les entrées et les plats, les vers d'un poète et chansonnier originaire du Nord, Henri Loridan (1861-1933), qui pour son septantième anniversaire, dignement célébré en compagnie de nombreux convives, a écrit des vers de sept syllabes mis en musique par l'auteur et chantés au cours d'un repas de famille à Roubaix le 9 janvier de l'année précédente, entre les "Hors d'oeuvre à la Foucharde et le rosbeef au boeuf gras, haricots blanc et pommes de terre rouge". Si les couplets ont sept syllabes, les vers du refrain en ont six :

 

Pour fêter l'anniversaire

De mes soixante-dix ans,

Chansonnier se doit de faire

Quelques couplets amusants.

Ah, fi ! du vieillard austère

Qui mourra dans le chagrin,

Moi, joyeusement j'espère

Mourir dans un gai refrain.

 

J'ai soixante-dix ans !

Tout m'enchante,

Et je chante

Chiche ! à la faux du temps.

Je chante comme à vingt ans.

 

Comme au temps de la jeunesse,

J'ai gardé ma bonne humeur,

De la bonté plein mon coeur.

Heureux de ne pas connaître

L'envie au culte de l'or,

Comme Nadaud mon bon maître,

'Ma gaité c'est mon trésor'.

 

Empreint de philosophie,

Je n'ai cessé de prêcher

Qu'il faut vouloir, dans la vie,

Ce qu'on ne peut empêcher.

Pour tenir tête à l'orage,

J'ai pu me croire assez fort

En gardant tout mon courage

Pour subir les coups du sort.

 

J'ai figuré, comme édile (*),

Au rang des bons citoyens.

Tâchant de me rendre utile

Par mes modestes moyens.

'Honni soit qui mal y pense'

Mais en agissant ainsi,

J'ai trouvé la récompense

Dans le devoir accompli.

 

J'ai l'âme et l'esprit tranquilles.

Et si je fus... polisson,

(Mes péchés en peccadilles)

J'en obtiendrai le pardon.

Si c'est plus ou moins honnête,

Jugez coupable, et pourtant,

Chers amis, je vous souhaite

De pouvoir en dire autant.

 

Tristan Derème apprécie ces vers comme le montre la lettre qu'Urbain Robbe écrit à Henri Loridan le lendemain de cette soirée aux Champs-Elysées, lettre datée donc du 3 avril 1932 :

 

"Cher Monsieur Loridan,

 

Je ne suis pas poète mais j'ai parfois l'honneur d'en recevoir.

C'était le cas hier, où notre vieil ami Tristan Derème est venu partager notre modeste repas de famille.

Je lui ai montré vos vers. Il a tenu à vous exprimer sa sympathie et il m'a chargé de vous transmettre la réponse de sa muse à la vôtre.

Vous la trouverez sous ce pli manuscrite sur votre petit opuscule.

J'y joins l'expression de ma vieille amitié,

 

Urbain Robbe."

 

Le poème d'Henri Loridan a inspiré à Tristan Derème ces vers écrits sur un coin de table, au verso du menu de cette soirée sur les Champs-Elysées :

 

(J'ai) Quarante-trois ans, poète !

(Hélas et j'ai) Je les ai, l'âme inquiète,

Et je voudrais comme vous

M'enchanter de toutes choses

Cueillir les vers et les roses

Et trouver le destin doux !

 

Il est doux, - et chez les Robbe

Qui m'ont recueilli ce soir,

En riant je me dérobe

Aux larmes du désespoir.

Beau festin ! La vie est belle.

Qu'elle vous soit longtemps telle,

Cher Poète Loridan,

Et je relis ce poème

Où bat votre coeur ardent

Coeur que la poésie aime.

 

Tristan Derème, 2 - 4 - 32.

 

 

(*) Henri Loridan, poète et chansonnier, était conseiller général du département du Nord et conseiller municipal de Tourcoing quand Gustave Dron (décédé en 1930) en était le premier magistrat.  

 

 

 

     

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