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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 09:56

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Le photographe catalan Sergi Reboredo, que nous avons présenté dans un précédent article de ce blog, était récemment à Bruges (Belgique) pour un nouveau reportage et il en a rapporté des photos qui peuvent être visualisées sur son site internet.

 

L'escapade de Sergi nous donne envie de visiter Bruges, la Venise du Nord, et d'admirer la salle Renaissance du Franc de Bruges et sa superbe cheminée dont la partie supérieure est dédiée à un roi d'Espagne qui est né à Gand en 1500, qui a été elevé par sa tante à Malines, puis devenu empereur du Saint Empire Romain Germanique sous le nom de Charles Quint a abdiqué à Bruxelles.

C'est en 1528, que les bourgmestres et les échevins du Franc de Bruges (subdivision territoriale de l'ancien comté de Flandre) ont décidé de faire ériger une cheminée monumentale dans la salle échevinale du Burg, d'après le projet du peintre brugeois Lancelot Blondeel. Cette oeuvre fut probablement réalisée à l'occasion du traité de Madrid (1526) conclu un an après la bataille de Pavie et il est possible que certains de ses éléments aient été modifiés ou ajoutés après la Paix des Dames de 1529 par laquelle François Ier renonçait à la suzeraineté sur la Frandre et l'Artois et où fut arrangé son mariage avec Eléonore, soeur de Charles Quint. La cheminée est donc un hommage du Franc de bruges à son souverain Charles Quint, comte de Flandre.

La partie supérieure de la cheminée est en bois. Devant le trône, se trouve la statue de Charles Quint portant le collier de l'Ordre de la Toison d'Or ; il tient dans les mains l'épée impériale et le globe terrestre. Au-dessus de lui, ses armoiries avec l'aigle impériale bicéphale.

Derrière Charles Quint, des médaillons représentent ses parents Philippe le Beau mort en 1506 et sa mère Jeanne la Folle ; plus haut des médaillons avec la tante qui l'a élevé, Marguerite d'Autriche, et Charles de Lannoy vainqueur de la bataille de Pavie.

La partie supérieure en bois de la cheminée se prolonge des deux côtés le long du mur. Dans la partie gauche, les statues des grands-parents paternels de Charles Quint, l'empereur Maximilien d'Autriche et Marie de Bourgogne ; dans la partie droite, les grands-parents maternels, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, les rois Catholiques. L'emblème de la maison royale d'Espagne est également représenté.

Les cinq grandes statues des souverains ont été exécutées par Guyot de Beaugrant, originaire de Lorraine.

 

A l'occasion de l'élection de Charles Ier d'Espagne à la tête du Saint Empire Romain Germanique en 1519 (c'est alors qu'il prend le nom de Charles Quint), sa tante, Marguerite d'Autriche, avait commandé au plus célèbre atelier de tissage bruxellois, celui de Pierre Van Aelst, une série de neuf tapisseries qui constituent une immense représentation allégorique des vertus que doit pratiquer un jeune souverain et des vices qu'il doit éviter s'il veut obtenir la récompense la plus élevée que tout gentilhomme et tout prince ambitionne de mériter un jour : la Renommée sur terre, la Noblesse éternelle et l'Honneur suprême.

La neuvième tapisserie, intitulée justement "l'Honneur" et qui a donné son nom à toute la série, représente Honor siégeant en tant que juge dans un tribunal. Ses assesseurs sont des souverains célèbres, le greffier occupe le centre de l'estrade et des hérauts font office de huissiers dans les pavillons latéraux. L'Honneur, récompense suprême dont nous parlions, trône au centre tandis qu'en bas les gens sans honneur et les pécheurs se bousculent en vain pour rejoindre les vertueux sur le podium.

 

Après toutes ces explications, il est temps de rejoindre Sergi Reboredo sur son site internet www.sergireboredo.com

 

 

Photo, Bruges, une ville à découvrir avec Sergi Reboredo

 

  

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 18:02

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1419, découverte de l'archipel de Madère par les Portugais Joao Goncalves Zarco et Tristao Vaz Teixeira.

 

1427, découverte de l'archipel des Açores.

 

1434, Le Portugais Gil Eanes franchit le Cap Bajador.

 

1456, découverte des îles du Cap-Vert par Ca' da Mosta, Vénitien au service des Portugais.

 

1460, mort de l'infant Henri, dit Henri le Navigateur, qui avait organisé les précédentes expéditions.

 

1482, Diego Cao, navigateur portugais, atteint l'embouchure du Congo.

 

1488, le Portugais Bartolomeu Dias dépasse le Cap de Bonne-Espérance.

 

1492, 2 janvier, la Prise de Grenade marque la fin de l'occupation musulmane en Espagne.

1492, 3 août, la Santa Maria et deux autres navires quittent le port de Palos de la Frontera.

1492, 9 août, les trois navires accostent au port de la Palmas de Gran Canaria pour réparer le gouvernail de la Pinta.

1492, 6 septembre, les navires quittent les Canaries.

1492, 12 octobre, découverte de l'Amérique (île de San Salvador dans l'archipel des Bahamas) par le Génois au service des rois Catholiques, Christophe Colomb.

 

1493, 15 mars, Christophe Colomb rentre en Espagne.

 

1493/1496, deuxième voyage de Colomb en Amérique.

 

1494, signature du Traité de Tordesillas entre l'Espagne et le Portugal.

 

1496, fondation de Saint-Domingue, première ville fondée de l'autre côté de l'Atlantique.

 

1498, le Portugais Vasco de Gama ouvre une nouvelle route maritime en arrivant en Inde par le Cap de Bonne-Espérance.

 

1500, les Portugais prennent possession du Brésil.

 

1503, création à Seville de la Casa de Contratacion par Isabelle la Catholique.

 

1504, dernier voyage de Christophe Colomb en Amérique.

 

1506, mort de Christophe Colomb.

 

1509, le Portugais Almeida bat la flotte d'Egypte à Diu.

 

1510, le Portugais Alfonse d'Albuquerque s'empare de Goa et de Malacca en Inde.

 

1513, Nunez de Balboa découvre l'océan Pacifique.

 

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1513, 27 mars, c'est le jour des Rameaux, "Pascuas floridas", que l'explorateur espagnol Ponce de Leon aborde une nouvelle terre en Amérique du Nord : il la baptise la Floride.

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1517, couronnement du roi d'Espagne Charles Ier.

 

1519, Charles Ier devient Charles Quint.

 

1519/1522, premier tour du monde réalisé par le Portugais Magalhaes pour le compte du roi d'Espagne.

 

1519/1521, Hernan Cortes s'empare de l'empire des Aztèques.

 

1524, Francisco Pizarro s'empare de l'empire des Incas.

 

1556, abdication de Charles Quint ; Philippe II, son fils, est le nouveau roi d'Espagne.

 

 

 

Photo, l'équipage de Christophe Colomb accoste aux Canaries pour réparer le gouvernail de la Pinta. 

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 10:16

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Nouveau volet de notre rubrique "C dans l'Art", aujourd'hui le voyage de Matisse en Espagne en 1910-1911.

 

 

"Un jour, on demandait à Matisse si, quand il mangeait une tomate, il la voyait comme il la peignait. 'Non, dit Matisse, quand je la mange, je la vois comme tout le monde.' Et à vrai dire, de Courbet à Matisse, les peintres ont vu la nature comme tout le monde la voit et leur tourment c'était d'exprimer cela, de le faire avec plus ou moins de tendresse, de sentiment, de sérénité et de profondeur." Gertrude Stein, "Picasso" (1938)

Les admirateurs de Matisse sont, en ce début de 20ème siècle, à une exception près -nous en reparlerons à la fin de cet article -, tous étrangers. La famille Stein d'origine américaine, Gertrude et ses frères, qui achète en 1905 "La Femme au chapeau", Etta Cone et sa soeur Claribel, elles aussi d'origine américaine, amies de la famille Stein, et l'homme d'affaires russe Serge Chtchoukine qui, en 1909, commande au peintre deux grandes toiles, "La Danse" et "La Musique". Ces toiles sont destinées à décorer les paliers de la demeure du riche homme d'affaires qui est aussi collectionneur. Pour peindre "La Danse", Matisse s'inspire des sardanes qu'il a vu danser à Collioure pendant ses nombreux séjours dans le petit port de pêche catalan, mais il s'agit là d'une danse endiablée où les pas sont moins compliqués que dans la danse traditionnelle, alors que dans "La Musique" les personnages immobiles appellent à la rêverie. Chtchoukine, d'abord enthousiasmé par les deux toiles, se ravise et se dit qu'elles ne pourront pas, pour des raisons de moralité, être exposées dans l'escalier de sa demeure mais plutôt dans une pièce à part où les personnes bien pensantes qu'il invite souvent pour des réceptions ne pourront pas les voir. Matisse, contrarié par ce revirement, part brusquement pour l'Espagne, sur les conseils du peintre espagnol Francisco Iturrino, pour se ressourcer.

 

Matisse est en Espagne de novembre 1910 à janvier 1911. Il visite Madrid, Séville, Cordoue, Tolède, Barcelone et les 9, 10 et 11 décembre 1910, il est à Grenade où, en déambulant dans l'Alhambra, il est fasciné par les formes décoratives et par la lumière filtrée par les jalousies à l'intérieur du palais et il en ressent une grande émotion en les contemplant comme l'atteste le contenu d'une lettre qu'il envoie à son épouse. Matisse, qui a 41 ans, et alors qu'il est en pleine recherche esthétique vers un espace pictural bien à lui, trouve dans sa découverte du palais andalou une voie qu'il développera progressivement au cours de son parcours artistique, dans des oeuvres diverses et variées, à tel point qu'il dira en 1947 que la révélation lui est venue de l'Orient. Il est à noter que Matisse rentre d'un voyage récent en Algérie et qu'il en a ramené un tableau "L'Algérienne" (1909). Avant d'entreprendre son voyage en Espagne, Matisse est allé à Munich, en octobre 1910 avec Albert Marquet, pour visiter une exposition d'art musulman. Il y a vu des objets de toutes les époques de l'art islamique dont deux pièces qui le fascinent : une miniature perse du 15ème siècle et un grand vase nasride en faience et aux reflets dorés du 14ème siècle.

Le palais de l'Alhambra que Matisse visite le 11 décembre 1910 est un lieu ouvert depuis peu au public ; il présente l'apparence d'un monument restauré selon les critères de Viollet le Duc. De ce voyage, il rapporte des toiles, des natures mortes comme "Séville I", "Séville II" et "Joaquina".

De retour à Paris en janvier 1911, Matisse se remet au travail dans son atelier d'Issy-les-Moulineaux. Le collectionneur Chtchoukine lui annonce alors qu'il serait absurde de se priver des deux grandes toiles qu'il a peintes pour lui, et propose à Matisse de venir à Moscou pour les accrocher lui-même dans sa riche demeure. Matisse accepte et part pour la Russie à l'automne 1911.

Si les admirateurs de Matisse étaient surtout étrangers, les seuls Français à aimer et à défendre le peintre étaient le député du quartier des Grandes-Carrières (18ème arrondissement de Paris) Marcel Sembat et son épouse Georgette Agutte. Dans une lettre que cette dernière adresse au peintre natif du Cateau-Cambrésis (Nord), et datée du 2 avril 1910, elle lui dit son admiration pour les toiles destinées au collectionneur russe. Le 5 décembre 1910, alors que l'accueil fait aux dites toiles au Salon d'automne a été glacial, elle écrit : "Laissez faire le temps et allez sans vous inquiéter d'une critique stupide qui baillera d'admiration devant ce que vous faîtes maintenant dans dix ans. Pensez à Stendhal qui disait toujours 'je serai compris en telle année' Il se donnait trente ans et il jugeait absolument juste, les faits l'ont confirmé. (...) Il faut aller, se résigner et travailler sans broncher, se boucher les oreilles et produire ce que l'on sent."

Le voyage de Matisse en Russie sera un de ses derniers grands voyages (il séjournera au Maroc durant l'hiver 1911-1912) jusqu'en 1930, date de son séjour à Tahiti.

 

 

Illustration, l'affiche de l'exposition sur Matisse qui a eu lieu cet hiver à l'Alhambra de Grenade.           

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 22:51

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Byrrh, l'apéritif tonique à base de quinquina.

 

 

Chaque lundi jusqu'au début de l'été, nous roulerons sur la Highway 66 à la découverte d'une ville, d'un village, d'un musée, d'un monument, d'une personnalité, d'un petit bout d'histoire des Pyrénées-Orientales. Pas encore mythique, cette "Route 66" sera bientôt mieux connue grâce à ce blog qui veut ainsi avoir l'oeil américain, c'est-à-dire regarder de côté, tout en ayant l'air de ne regarder que devant soi, - par allusion aux Indiens d'Amérique qui, ayant le sens de la vue exercé par leur vie libre et nomade, savaient apercevoir sans détourner la tête, aussi bien ce qui se passait à droite et à gauche que ce qui se passait devant eux. Aujourd'hui, nous partons pour Thuir à une douzaine de kilomètres de Perpignan à l'ouest de la plaine du Roussillon aux confins des Aspres.

 

Dominée par Castelnou, petit village fortifié accroché aux contreforts des Aspres et près d'un village qui porte le doux nom de Sainte-Colombe-de-la Commanderie, la ville de Thuir est surtout connue pour son apéritif, le Byrrh, que les réclames du début du 20ème siècle qualifiaient de tonique et d'hygiénique.

 

"Tout de suite, c'est lui que j'ai vu dans le petit 'tapis' de l'Arbre-Sec.

- Ah, ce vieux Sansandre ! Je suis content de te revoir.

Et nous voilà partis à remuer des histoires de la communale, avec un peu de Byrrh autour. Au bout de deux heures, j'ai parlé d'aller au boulot.

- Penses-tu, on te lâche pas. Tu vas venir bouffer avec nous, rue Marie-Stuart, hein, Nénette ?", a écrit Alexandre Breffort dans son livre autobiographique "Mon Taxi et Moi" en 1951.

 

A la fin du 19ème siècle, Simon Violet, jeune homme originaire de Corsavy, élabore une boisson tonique et apéritive à base de vins du Roussillon mêlés à des aromates et des épices. En 1873, il dépose sa marque : BYRRH. La boisson obtient rapidement un vif succès et, très vite, les fûts n'arrivent plus à contenir la production toujours croissante. Il faut construire des bâtiments, une gare et une cuve aux dimensions et à la capacité gigantesques. Les bâtiments s'étendent sur sept hectares, le hall de gare, qui restera en service jusqu'en 1989, est construit sur les plans de Gustave Eiffel et une cuve, qui détiendra pendant seize ans, jusqu'en 1950, le record de la plus grande cuve en chêne du monde, est montée. La fabrication de cette cuve durera quinze ans, entre le choix et l'abattage des chênes, le séchage du bois et le montage dans les ateliers Fruhinsholz à Nancy qui prendra trois ans, de 1946 à 1949. Le poids de cette cuve est de 100 tonnes quand elle est vide, 1 100 tonnes quand elle est pleine. Sa contenance est de 1 000 200 litres. La cave de Thuir compte d'autres cuves qui ont une capacité totale de 30 millions de litres.

Les caves de Thuir élaborent et conditionnent des produits pour plusieurs sociétés du groupe Pernod-Ricard : Cinzano, Ambassadeur, Suze, Bartissol... Ces apéritifs sont fabriqués à partir de vins qui sont mêlés à des épices et à des aromates. L'aromatisation est un dosage ingénieux d'aromates et de plantes. Parmi les épices ajoutées : le colombo qui apporte une touche d'amertume, la canelle, la coriandre ; parmi les plantes : la camomille, la gentiane. On ajoute aussi des écorces d'oranges amères, du quinquina aux propriétés astreingentes et digestives, et parfois même du cacao et du café.

 

Pour visiter les caves Byrrh de Thuir :

en juin et septembre, de 9 heures à 11h45 et de 14h30 à 17h45 ;

en juillet et août, de 10 heures à 11h45 et de 14h00 à 18h45

Pour les autres périodes de l'année, vous pouvez consulter le site byrrh.com

 

Dire que le Byrrh et les autres boissons élaborées dans les cuves de Thuir sont à consommer avec modération ne serait pas flatteur pour ces produits... Mais, je l'ai dit !  

 

 

Photo, pour partir à la découverte de la Highway 66 à la recherche d'anecdotes sur le département des Pyrénées-Orientales, nous avons loué une voiture ; n'hésitez pas à contacter louisiane.catalogne si vous souhaitez savoir si nous sommes satisfaits de ce service. 

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 09:14

 

 

 

J'eusse aimé vous parler du violon pizzicatendre à la sonorité gutturale, crescendo et rageur, descrescendo jusqu'à la suavité, d'une jeune musicienne qui faisait ses premiers pas devant le Tout-Paris. Son archer, tour à tour, effleurait, torturait les cordes, note après note, croche après croche, sans anicroche, pour nous restituer ce concerto de Schonberg que lui- même disait injouable peut-être parce que rarement interprété. Mais une lame de fond a tout emporté, tout balayé,  tout enseveli, et dans ce monde cruel, sauvage et barbare, dans cet amas de tout qui fait de notre quotidien un rien, j'aimerais entendre encore le violon de      numerisation0009-copie-2.jpg

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 23:08

 

 

Comment Typha avait-elle appris à se servir d'un pistolet, à menacer quelqu'un, voire à tuer, elle qui n'avait pas fait de service militaire ? Allan avait maintes fois entendu cette chanson qui disait que la vue d'une arme à feu pouvait faire trembler les ovaires d' une femme, et il pensa qu'il était naif alors que celui qui l'avait écrite était indulgent avec les femmes. Que pouvait-il faire ? Dénoncer cette fille ou se constituer prisonnier à sa place ? Il préféra la voir partir avec une partie de ses économies et garder son honneur sauf de petit dessinateur industriel ; il gardait la maison, son travail, son bien être. Allan paierait l'amende de son excès de vitesse et s'en tirerait à bon compte. Il oublierait cette fille avec le temps, en rencontrerait peut-être une autre, et il aurait des enfants, une vie rangée, le bonheur enfin ! Après sa journée de travail, il regagna son domicile de nuit pour ne pas attirer la curiosité des voisins, pour n'avoir pas à se justifier devant le Tout -Saint Cyprien, n'alluma pas la lumière de sa chambre, se déshabilla dans le noir, se coula dans le lit qui n'avait pas été fait glissa une main sous l'oreiller et sentit un doigt, puis deux, le faisant bondir hors des draps et, oubliant la consigne qu'il s'était imposée, éclaira la pièce à giorno. Typha était là, allongée, nue, vivante il ne pouvait le dire, morte peut être. Il se rhabilla, sortit, monta dans sa voiture et le front tout ruisselant de sueur donna un coup d'accélérateur brusque, 40, 50, 60, 70... La voiture, comme soulevée, passa devant le radar de Saint Cyprien, sa lumière crue l'éblouit, il fit une embardée et s'encastra dans un réverbère. Se faire prendre deux fois de suite par le même radar, c'est beaucoup pour un voisin. A l'enterrement d'Allan, Typha ne vint pas. Le Tout-Saint Cyprien était là. C'est pas malheureux ; un voisin si gentil ; je ne sais pas ce qui a pu se passer... Les cousins et les neveux déménagèrent les meubles et mirent la maison en vente. Ils ne trouvèrent ni argent ni arme. Typha s'était envolée pour des îles ensoleillées où nul n'aurait l'idée d'aller la chercher.001-copie-3.JPG      

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 08:50

 

Montjuïc est, à Barcelone, une colline ou plutôt, étymologiquement parlant, une montagne qui culmine à 173 mètres au-dessus du port. Dès le Moyen Age, elle a été utilisée à des fins militaires. Un musée militaire peut d'ailleurs y être visité au sein du château reconstruit au 18ème siècle. L'Exposition universelle de 1929 a transformé le paysage de la colline, pardon de la montagne. Le pavillon de l'Allemagne de l'architecte Mies van der Rohe est encore visible bien que refait entièrement en 1986. Il reste aussi de cette Exposition, le Village espagnol qui rassemble des bâtiments provenant de différentes régions d'Espagne et dont la grand-place a servi de cadre à une scène du film "Le Parfum" d'après le livre de Patrick Suskind. En 1992, c'est à Montjuic que se sont déroulés les Jeux Olympiques. Josep Pla, journaliste et écrivain Catalan, décédé il y a trente ans, a, au fil de son oeuvre, parlé de Montjuïc :

 

"Le quartier d'El Poble-sec était une agglomération humaine comme celles que l'on trouve, d'après ce qu'on m'a dit, dans le Sud de l'Italie. Il y avait tant de linge mis à sécher aux fenêtres et aux balcons, tant de marmots criant dans les rues, tant d'hommes et de femmes groupés, comme il doit y avoir, à mon avis, dans le Sud de l'Italie. Il y avait tant de chansons, et de telles vociférations de balcon à balcon, qu'en traversant ce monde on avait la sensation de recevoir une pluie de coups de bâton sur le dos. Une fois l'agglomération urbaine finie, dans le creux de l'entaille que fait ici la montagne, commençait soudain un surprenant et grand silence. Là, partait un chemin flanqué de bidons de pétrole. Aux deux côtés, on voyait quelques potagers minuscules, rachitiques, à la terre argileuse et rouge, superposés au-dessus du versant. Dans ces jardins, on n'y voyait jamais personne. Le chemin était caillouteux : des gravats de démolitions urbaines y étaient éparpillés ; il y avait des figuiers de Barbarie, d'un vert poussiéreux et aigre. Mais, après la bande de terrain aux tristes potagers, on arrivait à la friche de la montagne. Un grand panorama apparaissait alors. On cherchait un peu d'herbe sèche où s'asseoir, à l'ombre claire d'un figuier. Le parfum du thym, de la lavande, étaient intenses. Le panorama, fascinant. Le calme, délicieux, flottait au-dessus du bruit sourd de Barcelone. Les perspectives lointaines étaient si obsédantes que leur présence lyrique faisait, par contraste, ressortir davantage l'immédiat : le bruit du vent dans les pins tout proches, le frisson de l'air dans l'ombre du figuier, l'aboiement d'un chien invisible et lointain.

On voyait le château sur la partie haute. Comme toutes les forteresses anachroniques que j'ai eu l'occasion de voir, Montjuic me produisait une grande impression romantique. Il me faisait penser aux gravures espagnoles du dix-neuvième siècle et aux feuilletons français - deux choses qui m'ont toujours plu. Le château et la terre pelée des alentours constituaient une estampe oblongue. Au-dessus des longues lignes horizontales des glacis, émergeaient, à ras de ligne, les structures dont on ne voyait plus que la visière apeurée et trapue. On voyait aussi une grande étendue de mer, avec les vapeurs noirs et les voiliers - partant vers le large ou s'approchant de la terre -, comme des jouets abandonnés. Et, entre mes eux genoux, apparaissait le spectacle de la grande ville descendant, en pente douce, des collines de Collserola, jusqu'au port, avec ses blancs rutilants et les taches gris-tourterelle, tremblantes, des vieilles pierres. Vue de l'extérieur, Barcelone est une ville blanche. De l'intérieur, elle est grise aux légères touches jaunes - de la couleur de la poudre à récurer. Avec le soleil, la ville blanche dégageait une grande flamme vive que le vent faisait osciller vers l'Ouest, vers l'Est, et qu'il emportait parfois au loin..." 

   011-copie-2                                                                                                                                                                                                                                Photo, Barcelone, passeig de Gracià.

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 08:19

 

 

Né en 1635, Henry Morgan s'était établi à Port-Royal (Jamaïque) dès 1655, où il travaillait pour le compte du roi d'Angleterre. En 1668, il accueillit chaleureusement son ami Morris qui revenait d'une expédition à bord d'un navire chargé de pierres précieuses, d'or et d'argent, marchandises volées aux Espagnols.

Port-Royal était, au 17ème siècle, une vile éclaboussée de sang - sang des blessés revenant d'expéditions, sang des hommes tombant dans des embuscades au coin d'une des nombreuses rues de la ville - et tout étincelante de pierres précieuses et de trésors. C'était une ville de débauche où se multipliaient les orgies et les beuveries au retour de chaque expédition.

Le retour de Morris n'échappa pas à la règle. Morris eut cependant le temps d'annoncer à Morgan que les Espagnols se préparaient à attaquer la Jamaïque, avant de se saouler comme les matelots qui l'avaient accompagné dans cette expédition. Au cours de cette soirée mémorable, Henry Morgan rendit visite au gouverneur de l'île, Modyford, et lui fit part de la nouvelle annoncée par Morris. Il lui expliqua aussi ce qu'il fallait faire : engager les boucaniers et les rassembler sous les ordres d'un chef  qui aurait une commission d'une roi d'Angleterre. Morgan en vint à la conclusion qu'il était le seul capable de repousser les Espagnols. La suite des événements montra que Morgan était capable de jouer des rôles de premier plan. En 1674, grâce à ses exploits et à ses réussites, il fut nommé gouverneur de la Jamaïque.

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 08:49

 

 

Certains marins comme Nau, Morgan, Monbars, élevèrent la flibuste au rang des grandes entreprises militaires. Il faut rappeler que le mot "flibustier" vient du néerlandais "vrij buiter", libre butineur. Les flibustiers étaient des marins qui pillaient pour leur propre compte mais qui étaient reconnus par le roi. D'ailleurs ils acceptaient de se battre pour le compte d'un souverain. La flibuste naquit en 1630 ; d'abord libre (jusqu'en 1638), elle dépendit des gouverneurs de la Tortue. La flibuste fut officiellement supprimée en 1691 mais ne disparut tout à fait que six ans plus tard.

Jean-David Nau, dit l'Olonois, parce que né aux Sables-d'Olonne, était un garçon qui s'était laissé prendre au mirage des îles. Arrivé à Haïti il déchanta. Il travailla à des besognes sordides, et dès qu'il devint libre (au bout de trois ans), il se fit flibustier à la Tortue. Il organisa une expédition au Venezuela et engagea des dizaines d'hommes pour réaliser son projet. Partis en 1666 d'Haïti, Nau et ses hommes attaquèrent Maracaibo où les Espagnols, qui n'avaient pas encore vu de flibustiers attaquer sur la terre ferme, durent reculer et capituler. Quelques semaines plus tard, ils attaquèrent Gibraltar. là, Les Espagnols se montrèrent plus forts, et Nau ordonna à ses hommes de se retirer. Mais ce n'était qu'une feinte. Les flibustiers attaquèrent le fort par derrière et le détruisirent. Jean-David Nau devint alors un homme riche. Il organisa une seconde expédition, mais cette fois vers le Nicaragua. Les flibustiers détruisirent des villages, toturèrent leurs habitants, espérant trouver de l'or. Hélas, ces villages étaient pauvres. Ils firent de même à San Pedro, village qui ne possédait pas d'or. Mais chaque année, un galio, chargé de métaux, d'étoffes et de provisions de toutes sortes, croisait au large de San Pedro. Trois mois plus tard, Nau fit attaquer le dit navire... vide. L'Olonois perdit la confiance de ses hommes et beaucoup se séparèrent de lui. Il remonta la rivière Saint-Jean avec une poignées de compagnons mais dut rapidement renoncer à poursuivre sa route devant les attaques répétées des Indiens. malchanceux toute sa vie, l'Olonois tomba sous les flèches lancées par des Indiens en 1671.

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 15:37

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La photo du bas a été prise dans la rue principale de Nuevo Laredo qui mène au poste frontière entre le Mexique et les Etats-Unis et aussi au pont qui enjambe le Rio Grande. Yves Berger, le Fou d'Amérique dans son "Dictionnaire amoureux de l'Amérique" parle de Nuevo Laredo en ces termes : "A chacun, ou presque de mes voyages dans le Sud-Ouest, je vais à Laredo, Texas ; juste en face, de l'autre côté du Rio Grande, au Mexique donc, c'est Nuevo Laredo, chacune des villes le pendant de l'autre. Il n'est pas au monde, même pas aux Etats-Unis, de lieu qui concentre plus de camions qui passent ou à l'arrêt. Chaque our, huit mille géants de la route envahissent Laredo, américains et mexicains, chacun d'entre eux chargeant puis déchargeant - et l'inverse. On a calculé que 40 % des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l'Amérique latine transitent par l'axe Laredo-Nuevo Laredo. Du camion partout et plein la tête. Bien sûr, il faut aimer. j'adore."

Il s'agissait certainement d'un des nombreux voyages à travers les Etats-Unis qu'Yves Berger a effectué à bord de ces autobus Greyhound : "Nul ne peut avancer qu'il connaît l'Amérique du Nord s'il ne l'a pas, une fois dans sa vie et une semaine durant, de préférence deux, courue à bord du célèbre autocar. Mon plus long voyage : de Bozeman dans le Montana, à Detroit, en passant par Chicago. A le revivre, mille images se bousculent en moi (Jules Supervielle : "Je bats comme des cartes - malgré moi des visages - et tous ils me sont chers"). De l'Amérique, le voyageur ramène des paysages, qu'il bat aussi comme des cartes. Bozeman et, pour commencer, le Montana d'ouest en est. Premier arrêt à Livingstone, le deuxième à Billings. Le Greyhound roule depuis quatre heures. Puis Miles City, Glendive et l'entrée dans le Dakota du Nord. Dickinson, Bismarck, James Town et Fargo à huit heures du matin. Bozeman, c'était hier, déjà, à dix-huit heures de route. Avec Fargo (un panneau : Entering Fargo...), un bon coup de mythologie en moi : l'évocation des diligences de la Wells Fargo. Je sais depuis toujours et je saurai toujours qu'elles mettaient vingt-cinq jours pour relier Saint Louis, sur les bords du Missouri, à Los Angeles, sur les bords du Pacifique..."

Puis l'autocar arrive en Louisiane : "Le voyageur en Louisiane ne doit à aucun prix manquer de reconnaître le pays cajun. Bayous, marais, marécages, le bassin de l'Atchafalaya et, partout, le souvenir de l'Acadie d'en-haut, comme j'aime dire dans celle du bas. Saint-Martinville qui longtemps s'appela le Petit Paris, à vingt-six kilomètres de Lafayette, est la véritable capitale du pays cajun. Comme vous et moi ne dirons jamais, c'est, sur les bords du bayou Teche, un must, le centre spirituel de l'Acadiana, ainsi qu'on appelle l'Acadie de Louisiane. Une de ses attractions : un très vieux chêne. Sous ses ramures, Evangéline et Gabriel, retrouvés après l'interminable séparation qu'on a dite (1), auraient eu un tragique rendez-vous, Gabriel, désespéré, avouant à la vieille femme, ou presque désormais, que la croyant morte, il avait des années plus tôt, convolé... En somme, Longfellow aurait romancé. Ce chêne, l'Evangeline Oak, ou le témoin muet de la pathétique faiblesse des hommes... Une vieille histoire, on en conviendra."

 

(1) Il s'agit du Grand Dérangement qui désigne la déportation en 1755 par les Anglais, de la population acadienne des actuelles Provinces Maritimes du Canada.

 

 

Photo de gauche, Nuevo Laredo, Mexique, à six heures de route du pays cajun, photo de droite.

  

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