Le photographe catalan Sergi Reboredo, que nous avons présenté dans un précédent article de ce blog, était récemment à Bruges (Belgique) pour un nouveau reportage et il en a rapporté des photos qui peuvent être visualisées sur son site internet.
L'escapade de Sergi nous donne envie de visiter Bruges, la Venise du Nord, et d'admirer la salle Renaissance du Franc de Bruges et sa superbe cheminée dont la partie supérieure est dédiée à un roi d'Espagne qui est né à Gand en 1500, qui a été elevé par sa tante à Malines, puis devenu empereur du Saint Empire Romain Germanique sous le nom de Charles Quint a abdiqué à Bruxelles.
C'est en 1528, que les bourgmestres et les échevins du Franc de Bruges (subdivision territoriale de l'ancien comté de Flandre) ont décidé de faire ériger une cheminée monumentale dans la salle échevinale du Burg, d'après le projet du peintre brugeois Lancelot Blondeel. Cette oeuvre fut probablement réalisée à l'occasion du traité de Madrid (1526) conclu un an après la bataille de Pavie et il est possible que certains de ses éléments aient été modifiés ou ajoutés après la Paix des Dames de 1529 par laquelle François Ier renonçait à la suzeraineté sur la Frandre et l'Artois et où fut arrangé son mariage avec Eléonore, soeur de Charles Quint. La cheminée est donc un hommage du Franc de bruges à son souverain Charles Quint, comte de Flandre.
La partie supérieure de la cheminée est en bois. Devant le trône, se trouve la statue de Charles Quint portant le collier de l'Ordre de la Toison d'Or ; il tient dans les mains l'épée impériale et le globe terrestre. Au-dessus de lui, ses armoiries avec l'aigle impériale bicéphale.
Derrière Charles Quint, des médaillons représentent ses parents Philippe le Beau mort en 1506 et sa mère Jeanne la Folle ; plus haut des médaillons avec la tante qui l'a élevé, Marguerite d'Autriche, et Charles de Lannoy vainqueur de la bataille de Pavie.
La partie supérieure en bois de la cheminée se prolonge des deux côtés le long du mur. Dans la partie gauche, les statues des grands-parents paternels de Charles Quint, l'empereur Maximilien d'Autriche et Marie de Bourgogne ; dans la partie droite, les grands-parents maternels, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille, les rois Catholiques. L'emblème de la maison royale d'Espagne est également représenté.
Les cinq grandes statues des souverains ont été exécutées par Guyot de Beaugrant, originaire de Lorraine.
A l'occasion de l'élection de Charles Ier d'Espagne à la tête du Saint Empire Romain Germanique en 1519 (c'est alors qu'il prend le nom de Charles Quint), sa tante, Marguerite d'Autriche, avait commandé au plus célèbre atelier de tissage bruxellois, celui de Pierre Van Aelst, une série de neuf tapisseries qui constituent une immense représentation allégorique des vertus que doit pratiquer un jeune souverain et des vices qu'il doit éviter s'il veut obtenir la récompense la plus élevée que tout gentilhomme et tout prince ambitionne de mériter un jour : la Renommée sur terre, la Noblesse éternelle et l'Honneur suprême.
La neuvième tapisserie, intitulée justement "l'Honneur" et qui a donné son nom à toute la série, représente Honor siégeant en tant que juge dans un tribunal. Ses assesseurs sont des souverains célèbres, le greffier occupe le centre de l'estrade et des hérauts font office de huissiers dans les pavillons latéraux. L'Honneur, récompense suprême dont nous parlions, trône au centre tandis qu'en bas les gens sans honneur et les pécheurs se bousculent en vain pour rejoindre les vertueux sur le podium.
Après toutes ces explications, il est temps de rejoindre Sergi Reboredo sur son site internet www.sergireboredo.com
Photo, Bruges, une ville à découvrir avec Sergi Reboredo