Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 12:30

Lafayette-Louisiane--1-.png

 

 

Aux Etats-Unis, au moins quarante villes et sept comtés portent le nom du héros de l'Indépendance américaine, Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert Motier, marquis de La Fayette. Au coeur du pays cajun, à deux heures de route de la Nouvelle-Orléans, dans une région colonisée dès 1763 lorsque les Acadiens, exilés de la Nouvelle Ecosse, émigrèrent en Louisiane, se trouve la ville de Lafayette.

 

Ville la plus importante de l'Acadiana - triangle qui couvre les paroisses du sud de l'Etat de Louisiane, de la rivière Sabine jusqu'aux faubourgs de la Nouvelle-Orléans en passant par la paroisse septentrionale d'Avoyelles, et que les Louisianais eux-mêmes appellent la "Louisiane Française", Lafayette (environ 120 600 habitants), a été fondée en 1823 sur le bayou Vermilion dont elle prit le nom : Vermilionville. C'est à la fin du 19ème siècle que Vermilionville sera débaptisée pour prendre le nom du marquis de La Fayette, natif de Chavaniac en Haute-Loire (France). "Aucune ville de l'Etat n'a connu pareille expansion. En dix ans (*) sa population a augmenté de près de 20 %. D'où son surnom de 'Hub city' (ville plaque tournante). Ce développement a pour facteur principal l'industrie pétrolière dont l'état-major, depuis 1950, s'est implanté là." Quelques 325 compagnies, opérant dans le golfe du Mexique, ont aujourd'hui préféré Lafayette au trop lointain Texas pour y implanter leur siège." (1) Découvert en 1901, le pétrole a fait en Louisiane l'objet d'une exploitation intensive à partir de 1938. "Et l'exploitation intensive du pétrole, des 'puits d'huile', comme nous disions, cette exploitation commençant vers 1940 a changé, en faisant la fortune de Lafayette, le visage de la Louisiane." (2)

"C'est à Lafayette que James Domengeaux, ancien sénateur et célèbre avocat d'affaires, a fondé le Codofil (Conseil pour le développement du français en Louisiane) en 1968. Cette organisation, qui lutte vigoureusement pour que la Louisiane devienne un Etat vraiment bilingue, attire chaque année des milliers de francophones du monde entier, principalement des Français, intéressés par cette pacifique bataille et curieux de retrouver ces cousins qu'ils avaient quelque peu oubliés." (1) Le siège du CODOFIL (Council for the Development of French in Louisiana) a son siège 217 West Main Street, dans un bâtiment d'un étage construit en 1898 dans le style rococo. Siège d'une banque jusqu'en 1906, il a servi d'hôtel de ville pendant trente-trois ans avant d'abriter une bibliothèque.

Lafayette est aussi le siège d'une grande université : University of Southwestern Louisiana (USL). Créée en 1901, on y forme des ingénieurs, des chimistes, des biologistes. "Ce campus mérite la visite... Ne serait-ce que pour admirer à l'entrée le lac des Cyprès, modèle réduit d'un marécage louisianais au fond duquel sommeillent quelques alligators." (1) L'université abrite aussi les studios de la radio KRVS - Radio Acadie (88.7 FM) qui diffusent quelques programmes en français comme en semaine de 5 heures à 7 heures "Bonjour Louisiane" de Pete Bergeron, "Dimanche Matin" de 9 heures à midi et encore "Bal de Dimanche Apres Midi" entre midi trente et 15 heures, émission présentée par Jules Guidry. Vous pouvez écouter ces programmes sur www.krvs.org

Pour fêter dignement le changement de nom de la ville à la fin du 19ème siècle, le Comité du centenaire de Lafayette a commandé au sculpteur français d'origine portugaise, Charles Correia (1930-1988) une statue du marquis de La Fayette. Inauguée en 1987, cette statue se trouve sur University avenue devant le 705 West.

"Lafayette est aussi, pour le touriste, le point de départ des excursions en pays acadien. De là on rayonnera facilement vers les terres de légende, les plantations aux romantiques demeures et les fabuleux marécages qui font penser à la naissance du monde." (1) 

 

 

(*) entre 1970 et 1980.

 

 

(1) La Louisiane aujourd'hui, Michel Tauriac (les éditions j.a., 1986).

(2) Moi, Jeanne Castille, de Louisiane, Jeanne Castille (Luneau Ascot Editeurs, 1982). 

 

 

Ci-dessus : quelques vues de Lafayette (Louisiane).  

 

 

 

Partager cet article
Repost0
27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 10:14

 

 

Programme du festival de musique les Pasqüetes de Céret (Pyrénées-Orientales) en l'église Saint-Pierre :

 

- Le vendredi 5 avril 2013 à 20 h 30 : Stabat Mater de Pergolese, Nisi Dominus de Vivaldi par l'ensemble baroque de Barcelone 'Meridien' avec les solistes Marta Matheu, soprano et Marta Infante, contralto.

 

- Le dimanche 7 avril à 17h30 : Magnificat de Bach et Dixit Dominus de Haendel avec le choeur de Toulouse "Les Eléments" et l'orchestre baroque "Les Passions" sous la direction de Joël Suhubiette.

Solistes : Marta Matheu, soprano

Pascal Bertin, contre ténor

Raphaël Brémard, ténor

Jean-Claude Saragosse, basse 

 

 

Réservations / billetterie :

Orchestre de Catalogne : 06 69 43 81 99

www.orchestredecatalogne.fr

 

 

Pour aller à Céret et dans d'autres beaux endroits des Pyrénées-Orientales... et ailleurs, pensez à demander un devis pour un véhicule de location à www.location-voiture-europe.com

 

 

 

Partager cet article
Repost0
26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 07:53

 

 

Pour la 3ème année consécutive, le service culturel de la ville de Saint-Laurent-de-la-Salanque (Pyrénées-Orientales) et l'association des Amis d'Alain Marinaro organisent le Printemps lyrique Laurentin avec ses trois concerts traditionnels :

 

- Le vendredi 5 avril 2013 à 20 h 30 : concert spirituel à l'église avec la chorale de l'IRVEM dirigée par Bertille de Swarte et Lucie Jolivet et accompagnée par un petit ensemble instrumental animé par l'organiste Jean-Pierre Baston, le flûtiste baroque Sylvain Sartre, le violoniste baroque Théotime Langlois et le gambiste Christian Sala. On y chantera des pièces médiévales a capella puis trois oeuvres baroques dont le Magnificat de Charpentier et on terminera par des Litanies à la vierge noire de Poulenc.

 

- Le samedi 6 avril à 16 heures : airs et duos d'opéras autour de Verdi au foyer rural avec la soprano Eva Ganizate et le ténor Patrick Kabongo (tous deux jouent en ce moment dans la production de Ciboulette à l'Opéra Comique). Ils seront accompagnés au piano par Nathanaël Gouin.

 

- Le dimanche 7 avril à 16 heures : airs et duos d'opérettes autour de Jacques Offenbach au foyer rural avec la soprano Céline Legouix et le baryton Guillaume Paire accompagnés au piano par Jeanne Vallée.

 

 

Entrée : 12 €

Pass pour les 3 concerts : 30 €

Un pot convivial clôturera les concerts de samedi et dimanche.

 

Renseignements et réservations : 04 68 28 66 01

 

Pour découvrir le département des Pyrénées-Orientales et d'autres régions de France, pensez à demander un devis pour un véhicule de location sur www.location-voiture-europe.com

 

 

Partager cet article
Repost0
25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 11:05

    A-Ceret.JPG 

 

 

 

Du 12 janvier au 16 février de cette année, Claude Massé a exposé à la Médiahèque de Perpignan ses collages et ses oeuvres en liège. Il sera ce soir, lundi 25 mars, à la librairie Torcatis (10 rue Mailly, Perpignan) à partir de 18 heures, pour y présenter son dernier ouvrage SEUL - Peuple du liège et du collage.

 

Né à Céret (Pyrénées-Orientales) en 1934, Claude Massé a fait ses premières rencontres marquantes avec les artistes et les créateurs qui rendaient visite à son père, l'écrivain Ludovic Massé, au début des années 40. Entre 1947 et 1952, il pose à maintes reprises pour Raoul Dufy. Diplômé des Arts décoratifs, il travaille à partir de 1953 dans une agence de presse à Paris, avant de rencontrer les peintres Roger Bissière, Gérard Schneider, Kumi Sugaï et les poètes Henri Pichette, Michel Ragon, Claude Delmas. Entre 1967 et 1972, il dirige le musée d'art moderne de Céret et organise quatorze expositions, rencontre Chagall, Picasso, Jean Dubuffet, André Masson ainsi que Desnoyer, Louis Aragon et René Char. Entre 1960 et 1985, il travaille sur les artistes Art Autre notamment sur vingt-sept créateurs roussillonais. En 1979, paraissent ses premièrs travaux sur le liège appelés Patots. Les expositions se multiplient en France et à l'étranger. Son dernier ouvrage SEUL ne présente qu'un modeste aperçu de son exceptionnelle production créatrice et illustre en toute simplicité la vie de cet artiste hors du commun.  

 

Plus de renseignements sur www.librairietorcatis.com

 

 

 

Photo : à Céret (Pyrénées-Orientales), ville natale de Claude Massé. 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 10:43

    Port-de-la-Selva-16-octobre-2011-Bateaux.JPG 

 

 

Georges-Daniel de Monfreid, peintre roussillonais ami de Gauguin, épouse à Paris Emilie Bertrand en 1877. Un fils, Henry, naît deux ans plus tard, le 14 novembre 1879 à la Franqui (Aude), "sorte d'oasis au pied du plateau de Leucate, presqu'île isolée du monde". Une plaque rue Saint-Placide à Paris rappelle que "de 1885 à 92, il vit ici 'au milieu de cette ville aux maisons-falaises' jusqu'au divorce de ses parents ; à la mort de sa mère, un oncle sans scrupule le spollie de son cher domaine et le pousse vers une vie d'aventures. Sa rencontre avec Kessel le mène à la publication des Secrets de la Mer rouge. "J'ai donc écrit les 11 volumes de l'Envers de l'aventure... Mais je l'ai déjà dit, l'aventure est en nous. Elle surgit à l'improviste pour exploser au plus banal prétexte."   

En 1911, Henry de Monfreid quitte la France pour l'Abyssinie où il se lance dans le négoce des cuirs, puis s'installe à Djibouti deux ans plus tard. "Il allait y rester trente-deux ans. Marchand de perles, trafiquant d'armes, passeur d'or. Fasciné par la mer, les déserts de toutes natures et le fatalisme arabe. Peu à peu, il se transforme en cet escogriffe parcheminé dont la presse multipliera les photos, des années trente à celle de sa mort en 1974." (1)

A Djibouti, il doit subir des tracasseries administratives qui anéantissent ses plans. Il est alors fasciné par des îles sous domination turque au large de l'Arabie : les îles Farzan. "Une importante source de pétrole émerge à marée basse dans la partie sud des îles. Pour l'instant, cette source n'est utilisée que par les naturels, qui recueillent le naphte pour enduire leurs barques. En 1910, une compagnie allemande fit des forages qui amenèrent un grand débit de liquide, et l'anlyse révéla qu'il s'agissait de la même nappe pétrolifère exploitée en Egypte. Ces îles étaient turques au moment de la guerre avec l'Italie, en 1910. Les Allemands déguerpirent, mais, au préalable, ils aveuglèrent les forages en y coulant du plomb.

C'est dans cet état que je les trouvai en 1913." (2)  Henry de Monfreid voudrait y faire flotter les couleurs françaises car ces îles se trouvent dans un endroit stratégique en face du Yémen et y créer un établissement de culture perlière. "Cependant, je ne pouvais agir sans l'approbation de mon gouvernement en raison de l'état de l'état de guerre - nous étions en mai 1915. M. Dalbiez, député et ami de ma famille, m'offrit de me présenter au ministre des Colonies, M. Doumergue.

Le peintre Daniel de Monfreid, père de Henry, avait de nombreux amis aussi bien dans le monde artistique que dans le monde politique et connaissait bien Victor Dalbiez dont le père avait été maire de Corneilla-de-Conflent.

Victor Dalbiez (1876-1954) à été député des Pyrénees-Orientales de 1909 à 1919 et de 1924 à 1927 puis sénateur de 1927 à 1936 date à laquelle il s'est retiré de la vie politique. Il a aussi été ministre des Régions libérées de juin 1924 à avril 1925, maire de Perpignan et président du Conseil général des Pyrénées-Orientales.

"J'arrivai à Djibouti le 15 février, après un très pénible voyage vent debout. Ma première visite fut pour M. Simoni, le gouverneur, que me remit une lettre du ministre. Je la transcris :

 

Ministère des Colonies, Service de l'Océan Indien

S.A. des îles Farzan

 

Paris, le 7 janvier 1916

 

Le ministre des Colonies à M. de Monfreid, Djibouti

 

Monsieur,

 

Par lettre du 7 octobre 1915 et sous le couvert de M. Dalbiez, député, vous avez cru devoir me faire savoir les difficultés que vous rencontrez dans votre tentative d'installation aux îles Farzan.

D'accord avec M. le président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, j'ai l'honneur de vous faire connaître que nous ne saurions intervenir en quelque façon que ce soit en faveur d'une entreprise dont vous reconnaissez vous-mêmes les très grandes difficultés.

Vous agissez à vos risques et périls, à titre purement privé, et M. le ministre des Affaires étrangères m'a demandé de vous notifier d'une façon très nette que son département ne se laisserait entraîner à votre égard à aucune initiative vis-à-vis du gouvernement britannique.

Recevez, monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.

DOUMERGUE

 

Je restai abasourdi de cette réponse. Alors, voilà tout le parti que le ministre des Affaires étrangères a su tirer de mes efforts ! En vérité, les Anglais doivent bien rire, et cette façon d'agir laisse prévoir déjà quelle sera notre attitude au Traité de Versailles !

M. Simoni parut également surpris de ce manque de fermeté, mais il m'exhorta à la philosophie.

Il avait raison. N'avons-nous pas laissé prendre aux Anglais les Indes et le Canada ? Un peu de fermeté eût changé les choses, car nous aurions aussi perdu l'Algérie si, en 1830, Polignac s'était laissé intimider par les rodomontades anglaises et n'avait pas débarqué, malgré eux, les troupes d'occupation...

A l'heure actuelle, le pavillon anglais flotte à Farzan, les sources de pétrole sont gardées et leurs abords interdits, même aux indigènes." (2)^

 

Au cours de son long séjour en Arabie et dans la Corne de l'Afrique, Monfreid fait la connaissance de deux personnages importants : Paul Marill et Antonin Besse.

 

"Pierre Paul Marill, mieux connu par son second prénom, débarque à Djibouti le 14 février 1903. Paul Marill, bien que né en Algérie en 1880, était issu d'une famille du Roussillon. Son père possédait une liégerie à Algésiras qu'il vendit au tournant du siècle. L'argent recueilli fut partagé entre les deux enfants. Paul Marill s'orienta vers le jeune territoire français de la Côte des Somalis. Jean Guarrigue, créa en 1896, une factorerie au Harar (Ethiopie). Ce négociant qui avait diversifié ses affaires, s'apprêtait à ouvrir une nouvelle factorerie à Diré-Dawa (Ethiopie). Sans héritier pour le soutenir, il se tourna vers sa région d'origine, le Roussillon, pour recruter un partenaire sérieux et entreprenant. Il le trouva en la personne de Paul Marill qui détenait de la vente de la liégerie, un solide capital de 50 000 francs-or. Ils fondèrent alors la maison Garrigue et Marill, implantée à la fois au Harar et à Djibouti. Au décès de Jean Garrigue, survenu en 1909, Paul Marill reprenait seul la direction de l'affaire. (...)

Le déclenchement du premier conflit mondial allait contraindre Paul Marill à abandonner ses affaires et à les confier à son associé Joseph Allègre. Il fut affecté au bataillon de réserve de Rabat et, devenu sursitaire en appel, le 7 octobre 1917, il regagna Djibouti, accompagné de son épouse française. Le ménage eut trois enfants. Paul Marill reprit ses activités, et les diversifia, café, armes, peaux et notamment en s'associant avec Henry de Monfreid pour la construction de boutres motorisés, dont l'Altaïr, boutre de légende à bord duquel Henri de Monfreid parcouru la Mer rouge et écrivit Les Secrets de la Mer rouge." (3) 

 

Antonin Besse (1877-1951), originaire du Languedoc mais de descendance anglaise était un homme d'affaires qui a fondé un puissant empire commercial à Aden. "Antonin Besse est un homme extraordinaire, une sorte de génie dans le domaine des affaires. Originaire du Midi de la France, du Languedoc je crois, où ses parents faisaient un commerce de chevaux, sans fortune, avec un léger bagage d'instruction très primaire, il vint en Afrique comme commis de factorerie. Il épousa une femme plus âgée que lui, mais assez riche pour lui permettre de tenter la fortune.

En quinze ans, il est parvenu à la tête d'une affaire qui brasse des millions, avec des bureaux à Londres, à New York et à Hambourg. Il est le seul maître de cette organisation splendide, qu'il a créée et qu'il mène avec une géniale intuition, comme s'il avait un don de double vue.

Une mémoire prodigieuse lui a permis de cultiver son esprit par des lectures que, d'instinct, il a choisi bonnes. Il a découvert ainsi Stendhal, Rémy de Gourmont, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, etc., et révèle ces noms inconnus à ceux qu'il pense digne d'entretiens littéraires. Je n'ai eu garde de lui dire que j'avais entendu parler de ces écrivains, pour lui laisser la visible satisfaction de m'instruire. Mais, si j'ai été amusé de sa naïveté, je n'en ai pas moins admiré la sûreté de son goût." (2)

 

 

 

(1) Extrait d'un article de Eric Deschodt (Le Figaro-Magazine, 16 juillet 1988).

(2) Aventures de mer, Henry de Monfreid (Grasset, 1950).

(3) Extrait de la page internet "groupe-marill.com" 

 

Photo : La Costa Brava où Henry de Monfreid se rendait souvent à bicyclette. 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 12:43

    010-copie-6 

 

 

En mai 1905, Henri Matisse arrive à Collioure et s'installe dans une auberge de l'avenue de la Gare et loue une chambre qui lui sert d'atelier avec vue sur le Boramar. Il ne tarde pas à se faire des amis parmi les artistes roussillonais. Il revoit Etienne Terrus qu'il a rencontré au salon des Indépendants qui s'est tenu de mars à avril 1905 à Paris alors qu'il y exposait plusieurs toiles dont Le Racou, sa plage préférée d'Argelès-sur-Mer. Par l'entremise de Terrus, Matisse rend visite à Aristide Maillol à Banyuls-sur-Mer. Lorsque Matisse arrive chez Maillol, ce dernier "exécutait la femme accroupie dont le bronze est placé dans le charmant patio de l'hôtel de ville de Perpignan". (1) Chez le sculpteur banyulenc arrivent aussi Georges-Daniel de Monfreid, ami de Gauguin, et Louis Bausil, le "peintre des pêchers en fleurs".

 

Georges-Daniel de Monfreid (1856-1929) réside souvent dans la propriété acquise par sa mère à Corneilla-de-Conflent dans les Pyrénées-Orientales et qui est "le lieu de rendez-vous des artistes roussillonais et des collectionneurs comme Fayet et Fabre" (2).

En 1890, il se lie avec Paul Gauguin qui vient de faire un séjour de six mois au Pouldu en Bretagne. Monfreid devient alors "le seul confident de Gauguin dont il répand le message". (2) Outre Monfreid, Gauguin se lie aussi en cette fin 1890 avec le poète symboliste Stéphane Mallarmé dont il fera un portrait en janvier 1891. Gauguin et Mallarmé "se tenaient mutuellement en haute estime. Sur une épreuve dédicacée au modèle, on peut lire : "au grand poète Mallarmé / Témoignage d'une très grande admiration". (3)

En 1894, Gauguin se rend à Bruxelles pour l'inauguration du premier salon de la Libre Esthétique. Accompagné d'un jeune journaliste, Julien Leclercq, Gauguin visite les musées de Bruges, Anvers et Bruxelles. "Comme il l'écrira dès son retour à son ami Daniel de Monfreid : "J'ai vu à Bruges des Memling, quelles merveilles, mon cher et puis après quand on voit Rubens (l'entrée dans le naturalisme) ça dégringole." (3)

A partir de 1894, Monfreid tient "des carnets journaliers sources de minutieuses informations" (2) Dans ses carnets, il note tout de son lever à son coucher : le déroulement de son travail, ses dépenses, sa passion pour le bricolage, ses amitiés artistiques et politiques.

En 1895, il expose Etude de nu féminin et reçoit les félicitations de Gauguin. En mai 1895, Monfreid voit Gauguin pour la dernière fois. Ce dernier s'apprête à partir pour Tahiti. Les deux hommes resteront en contact jusqu'à la mort de Gauguin en 1903. En 1897, Gauguin écrit à Monfreid de Tahiti une lettre "où l'artiste fait part d'une tentative manquée de suicide à l'arsenic", lettre qu'il accompagne d'un dessin de l'oeuvre qu'il vient d'achever : D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? 

Quand il n'est pas à Corneilla, Monfreid vit rue Liancourt à Paris. C'est là que Gustave Fayet, viticulteur, collectionneur, céramiste et peintre mais aussi président de la Société des Beaux-Arts de Béziers, rend visite à Monfreid en octobre 1900 et achète deux toiles de Gauguin qu'il détient. Fayet augmentera tant sa collection de Gauguin au fil des années, qu'il possèdera en 1910 "trente-et-un tableaux et bois sculptés, cinquante-six gravures sur bois, et douze céramiques". (2)

En 1902, Gauguin qui s'est installé aux Marquises l'année précédente, "déchaîne les foudres des autorités coloniales en refusant de payer ses impôts et en encourageant les indigènes à la même rébellion. Il s'oppose à l'évêque en tentant de dissuader les indigènes d'envoyer leurs filles à l'école. Découragé, il écrit à Monfreid qu'il envisage d'aller s'établir en Espagne et publie un pamphlet à l'encontre du Gouverneur Petit". (3) En juillet 1902, Maillol expose chez Vollard. En octobre, "Gauguin écrit à Monfreid : "Maillol est un artiste de valeur." (2)

Gauguin meurt aux Marquises le 8 mai 1903. Monfreid n'apprend la nouvelle que le 2 août. Mette Gauguin, l'épouse danoise de Paul sera chez Monfreid à Corneilla en juillet 1905 pour régler "les comptes de la succession Gauguin avec Monfreid qui, en 1904, a reçu procuration de sa part pour recueillir l'héritage de son mari". (2) 

 

 

(1) l'ABCdaire de Maillol (Flammarion, 1996) 

(2) Extrait du catalogue de l'exposition 1894-1908 - Le Roussillon à l'origine de l'art moderne (Palais des Congrès de Perpignan, juillet -septembre 1998) 

(3) Extrait du catalogue de l'exposition Gauguin - Les XX et la Libre Esthétique (Salle Saint-Georges, Liège, Belgique, octobre 1994-janvier 1995)

 

Photo : entre Port-Vendres et Banyuls (Pyrénées-Orientales). 

Partager cet article
Repost0
20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 16:46

LipDub 31 mars 2012 050

 

 

Potonejada pel català el 13 d'abril a 14h ocupem Perpinyà : Plaça de la Republica, Plaça de la Victoria, Plaça Arago.

 

Le Collectif "2 avril 1700" (1) organise une manifestation à Perpignan pour la défense de la langue catalane en Catalogne-Nord le samedi 13 avril 2013 à partir de 14 heures.

 

El Català: una llengua, un dret, una llei : L'objet de cette manifestation est la défense de la langue catalane qui est en danger de mort en Catalogne-Nord. Un an après le "LipDub pel català" (voir photo ci-dessus) du 31 mars 2012 qui a rassemblé plus de 7 000 personnes à Perpignan, on peut constater qu'aucun changement vis à vis des langues régionales n'a été initié en France,ni au niveau local, ni au niveau de l'Etat central. Alors que l'Espagne a, dans sa Constitution de 1978, affirmé que la langue catalane était, en Catalogne, la langue co-officielle à égalité avec le castillan, que la Principauté d'Andorre a réaffirmé dans sa Constitution de 1993 que le catalan est langue officielle et que la République italienne protège les minorités linguistiques, en France, les langues régionales n'ont pas de statut légal, ce pays n'ayant toujours pas ratifié la Charte européenne des langues régionales.

 

Près de dix millions de personnes utilisent la langue catalane dans leur vie quotidienne, et le catalan se situe parmi les cent langues les plus parlées dans le monde. "Madrid a demandé (et obtenu) que le cataln puisse être utilisé parallèlement au castillan pour les délibérations des ministres de l'Agriculture et de l'Environnement, mais pas pour celles des ministres des Finances ou des Affaires étrangères." (2) 

 

Cette "potonejada" (grande embrassade) sera un acte d'amour pour le catalan et une démonstration de la richesse et de la diversité de la culture de la Catalogne-Nord.

 

Plus de renseignements sur www.potonejada.wordpress.com

 

 

 

(1) Le 2 avril 1700 est le jour où le roi Louis XIV a signé l'Edit d'interdiction officielle de la langue catalane.

(2) Extrait de l'article Bruxelles parla català (L'Express daté du 19 juin 2010). 

 

Partager cet article
Repost0
19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 15:29

CanticelCarmengeschnverkl.jpg

 

 

"Cant" comme chant en catalan, leur patrie de coeur. Catherine et Edgar, couple dans la vie comme à la scène, ont vécu ensemble leur passion de la musique en tournée dans vingt-cinq pays et sur quatre continents à ce jour.

Ensemble, intensément, la voix rare et profonde de contralto de Catherine Dagois et l'organiste virtuose Edgar Teufel séduisent et enthousiasment le public tant par l'expressivité de leurs interprétations que par l'originalité de leur répertoire, ils se sont produits dans des lieux parmi les plus prestigieux de Catalogne Nord et Sud : Palais des Rois de Majorque, cathédrale Saint-Jean de Perpignan, église Saint-Pierre de Figueres, auditorium Viader de Gérone...

A l'occasion de la sortie de leur nouveau disque enregistré dans la célèbre église de Prades et produit par l'excellent label "KNS Classical" de Gérone et déjà promu "Coup de coeur de France Bleu", le duo Canticel (notre photo ci-dessus) vous offre à partager avec lui une superbe tournée de printemps mêlant avec bonheur musique et architecture :

 

 

Concerts de Pâques :

 

- Dimanche 31 mars à 17 heures 30 : "Chants sacrés du Bel Canto" à la Chapelle de Juhègues de Torreilles.

- Lundi 1er avril à 17 heures : "Chants de la Renaissance andalouse à Vivaldi" en l'église Notre-Dame des Anges de Collioure

 

Concerts de Pentecôte :

 

- Vendredi 17 mai à 18 heures, "l'Orgue-Enchanteur" : "Musiques sacrées et chants du monde" au prieuré de Marcevols

- Dimanche 19 mai à 18 heures : "Chants du Grand Sud", concert de Pentecôte en l'église Saint-Pierre de Figueres

- Lundi 20 mai à 17 heures : "Chants du Sud" en l'église Saint-Jacques de Villefranche-de-Conflent

 

 

Samedi 1er juin à 18 heures : "Chants sacrés du Bel Canto" en l'église Saint-Julien de Villeneuve-de-la-Raho

 

 

Pour tous renseignements et réservations pour cette tournée de printemps du duo Canticel :

canticel.reservation@live.fr

 

Par téléphone : 04 68 81 36 71

 

Vous pouvez dès maintenant écouter le duo Canticel sur YouTube :

http://www.youtube.com/user/cerecital#p/u

 

 

Pour vous rendre sur tous les lieux de ces concerts, réservez votre véhicule de location sur

www.location-voiture-europe.com

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 13:56

GP-AUTOMOBILE-Perpignan0001.jpg

 

 

L'Automobile Club du Roussillon est créé le 25 mai 1920 à Perpignan. En septembre 1945, il souhaite organiser une course automobile en plein coeur de Perpignan. Le but du Club est de montrer que les automobiles peuvent circuler librement malgré les restrictions de carburant. Une course automobile a d'aiileurs eu lieu à Paris dès la guerre terminée. Un circuit en centre-ville est tracé. D'une longueur de 2,5 kilomètres environ, sa ligne de départ se situe sur le boulevard Wilson. On décide que le premier Grand Prix du Roussillon aura lieu en 1946.

 

Le 1er Grand Prix International du dimanche 30 juin 1946 : La course automobile est précédée de courses cyclistes et motocyclistes. Les voitures s'élancent à 16 heures 30 malgré une chaleur étouffante (34°) pour 150 kilomètres de course. Les Bugatti, Delahaye, Alfa Romeo et autres Maserati qui concourent sont toutes des voitures d'avant guerre. La course dure 1 heure 30. Parmi les coureurs, on peut citer Jean-Pierre Wimille et Maurice Trintignant. C'est Jean-Pierre Wimille (1908-1949), déjà vainqueur du Grand Prix automobile de France en 1936 et des 24 Heures du Mans (course créée en 1923) en 1937 et 1939, qui remporte la compétition sur Alfa Romeo. On décide de renouveler l'expérience pour l'année suivante.

 

27 avril 1947 : 2ème Grand Prix de Perpignan. Pour cette deuxième édition, la chaussée des boulevards est refaite. On installe trois tribunes pour les spectateurs dont une tribune officielle dont le ticket d'entrée est fixé à 1 000 francs. Les voitures de courses sont parquées dans un immense hangar qui se trouvait boulevard Mercader (actuel magasin Casino). Le public y est invité à venir admirer les bolides et à discuter avec les coureurs. Jean-Pierre Wimille revient à Perpignan pour défendre son titre mais ne gagne pas la course.

 

Le 25 avril 1948 se court la troisième édition du Grand Prix du Roussillon : C'est une course de Formule 2. Jean-Pierre Wimille est contraint d'abandonner et c'est Maurice Trintignant (1917-2005) qui gagne la course et qui reçoit en guise de trophée une cagette de cerises de Céret.

 

La dernière édition du Grand Prix du Roussillon (4ème du nom) se déroule le 8 mai 1949... sans Jean-Pierre Wimille qui s'est tué en Argentine quelques mois auparavant. Une des tribunes du circuit est baptisée du nom de Wimille : "Parmi toutes les personnalités venues à la découverte du Saint-Germain-des-Prés des enfants turbulents, il descend au Tabou un quadragénaire magnifique - yeux verts, tempes argentées, rire généreux et geste tendre. Il s'appelle Jean-Pierre Wimille et il est le plus célèbre coureur automobile français. Coup de foudre mutuel entre la jeune fille et l'homme mûr. Avant guerre, il a remporté deux fois les 24 heures du Mans, s'est engagé héroïquement dans la Résistance puis dans l'armée de l'air de la France libre. Membre de l'écurie Simca-Gordini quand renaît le sport automobile, il est considéré comme un des meilleurs pilotes du monde en même temps qu'il est un personnage mondain très en vue." (*)

Il y a, à Perpignan, plus de pilotes étrangers que Français. C'est Fangio (de nationalité argentine), vêtu d'une chemisette et d'un pantalon de toile, qui remporte le Prix sur Maserati suivi d'un coureur ThaÏ.  

 

Après cette course, il est décidé de suspendre l'organisation des courses automobiles dès 1950. Le 2 octobre 1994, sera organisé le circuit des Platanes qui réunira quatre des anciens de l'édition de 1949 dont Robert Manzon et Maurice Trintignant. Ce dernier est l'oncle de l'acteur Jean-Louis Trintignant. Il a remporté, entre autres, les 24 Heures du Mans en 1954 et le Grand Prix de Monaco en 1955 et 1958. 

 

Juan Manuel Fangio (1911-1995) a été cinq fois champion du monde de Formule 1 dans les années 50.    

 

 

(*) Juliette Gréco - L'invention de la femme libre par Bertrand Dicale (Les Editions Textuel, 2009).  

 

 

Photo offerte par Créapolis, Image Service Center (passage Robert Doisneau, Perpignan) lors de la conférence de Jean-Pierre Bobo et Jean Bouychou sur les Grand prix automobiles du Roussillon dans les années 1940, le 1er février 2013 au Conseil général 66.

 

Pour découvrir Perpignan et le Roussillon, demandez un devis pour un véhicule de location à

www.location-voiture-europe.com

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 10:27

numérisation0013

 

 

 

C'est en 1946 qu'Edouard Glissant quitte son île natale, la Martinique, pour aller suivre ses études à Paris. Il a alors dix-huit ans. En 1953, il obtient une licence de philosophie puis des diplômes d'études supérieures en ethnologie. Au début des années quatre-vingt, il est appelé à l'UNESCO et devient le directeur du Courrier de l'Unesco. Il quitte l'organisation internationale en 1988 pour accepter la proposition qui lui est faite aux Etats-Unis d'un poste de Distinguished Professor à l'université de Louisiane (LSU, Louisiana State University, à Baton Rouge). En 1993, il publie Les grands chaos dont Bayou constitue l'un des chapitres :

 

 

- Présentation

 

Au large du Meschacebé, Père des Eaux. Le paysage, horizontal à vertige, qui suit le cours de la rivière Atchafalaya. Il rencontre celui, obstiné en hauts et abîmes, qui en Martinique va de Balata au Mont Pelé, par la route de la Tracée. Approche d'un temps primordial, terre et eaux mêlées, où le rythme de la voix est élémentaire : Ici, battu de huit cadences. Tous se fond en cette mer et cette terre : Mythologies, la nuit africaine, le Vésuve imaginé, les caribous du Nord. L'écho-monde parle indistinctement. Le langage de l'Ile promet de s'accorder avec celui du continent, la parole archipélique avec la dense prose étalée. Un chant désarticulé en roches raides, sur la trace qui mène du conte au poème. Ainsi : "Boutou", bâton de mort, instrument de commandeur. "Grand-dégorgé", Caraïbe qui s'est jeté avec les siens du haut de la falaise, refusant Habitation... Les lis s'enmeurent, pourrissement fertile, par la grâce des dieux disparus. Mémoire de cette eau. Saisissement des avenues.

 

 

 

Que renaissent les lis sauvages

Renaissent les dieux en amont

Vrais dieux, vraies hordes, les Saturne

Ogoun, les sirènes, les lis

 

 

La mer sagace est entrée là

Elle a plani surface, elle a

Fêlé aux broussailles son val

Egalé souffrance et frontal

 

Ce qui reste de jour s'enferme

Dans un bord d'eau sous un ventail

Un homme y joute à ce travail

En parentale décimée

 

Les mousses-tain étaient d'Espagne

Et de Pérou la mer si proche

Attendez que s'y marque l'an

Sur une rose qui ne vèle

 

Quel, augure de mélaisser

La rumeur qui tarit là-bas 

Au noeud de branche où prend l'ennui

Recroquevillé lentement

 

La hottée de lentisques va

De chaussée en Golfe, le jour

A mis son eau dans la nuit claire

Et s'y mire de nuit sérère

 

Tout penche au silence et régale

A l'indécis des Vésuviers

Un caribou que vent n'achève

Un frais de houx qui ne dévire

 

Quel, augure de délacer

Le nid où sont nassés les mots

Turbulence tourbe nouées

Dans une faille qui chavire

 

Où vont les aptes Maléfices

Qui courent les sèves en fruit

Où, les embrassures de terre

Les embruns d'air déraisonné

 

N'attendez que défaille à cru

Aux idées qui tombent des Ombres

Cela qui pousse loin devant

La paille en or au clairin dur

 

Il n'y faut qu'un étal de larmes

Lis sauvage ou horde en haut mont

Ne faut qu'alarme et faute bise

Et que la rame lame au fond

 

Tombe et lève rien qu'une auto

Qui navigue en un pays fou

Il y mesure l'esu des mots

A l'ouvrage de vos glouglous

 

Et revient à cadence frèle

Au risque ardent de ses matins

Les cohées y fuient en dérade

Et s'y meurtrirent les oiseaux

 

                    *

 

Ras du sel de mai, cayali

Qui scellait étoile en midi

Sa voyance est de plume folle

Il s'est noyé dans un mécrit

 

D'ombre, bois durci, sucrier

Nom de cri plus que doux-mis

A tous chemins inachevés

Nous avons garé son dédit

 

Ortolan, dont on dit le rythme

Zortolan zortolan bénis

Leur nuage a péri, leur vent

A tourné en mévent maudit

 

Nous crions : C'est un bout de terre

Sur un Vaisseau de paradis,

Pipiri, touffe qui s'achève

Où s'effarent les hauts de nuit

 

Frégate ah frégate, navire

Qui n'est yole ni gommier bleu

Tu ne poses plume en corolle

Plus jamais sur les chadrons gris

 

                    *

 

Oiseaux zouézo gibiers partis

Où sont allés les tire-d'ailes

Flambants, messagers, tourterelles

Tant de souffles y ont tari

 

D'alors jusqu'à dorénavant

La feuille en la boue ruisselle

La racine d'eau fait liane

A l'arbre dont l'île est le fruit

 

Venait aux hâles de la gamme

Qu'avaient chantée les xamanas

La terre n'osait poser rame

A fond de l'Atchafalaya

 

Dieux perdus, qui cherchez travail

A séparer terres et nues

Quand l'eau hue au gras du feuillage

Sa rumeur jaune, sa massue

 

De la branche pend l'Ennemi

Recroquevillé sourdement

Nord et sud se sont immolés

Dans son mauve crucifiement

 

Mots d'îles mots de continent

Broussaillaient ce même chemin

Un pseudo saule vient lambin

Causer un lent tamarinier

 

Cela qui est horizontal

Plus que savane démarrée

Plus que noce qui se défait

Monte aux trois pattes d'un cheval

 

                    *

 

Bélès Boutous Mont-à-Missié

Assurés pas peut-êtrement

Falaise à vent, Grand dégorgé

Rache-fale qui prend balan

 

                    *

 

Bélè, bel air et beau serment

Du poème qui tourne à conte

Et dont le rythme ne mécompte

La prose plate du marais

 

Fale, falaise des aisselles

Que sueurs ravinent d'autant

Nous ne sommes sûrs que de vent

De bâton, ne frayons que laisse

 

Frayons mots que nous dérivons

En huit tambours de long antan

Mots qui font qu'homme bêche en boue

Et que pays souque patience

 

La mer remonte à tant d'enfance

Elle a pleuré sa face elle a

Tracé brousses dans Bezaudin

Equarri sable et vases fous

 

Fusent les dieux loueurs de houes

Etales noyés au chemin

Qui crochaient les palétuviers

Aux épyphites du bayou

 

 

 

 

Et que meurent les lis sauvages

Sous les ramiers de Balata,

La Tracée mêle en son nuage

L'eau qui piète aux boucans d'en-bas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo : Sur les bords du Mississippi en Louisiane. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de louisiane.catalogne.over-blog.com
  • : Faire connaître la Louisiane et les Catalognes : Lieux, histoire et événements.
  • Contact

Recherche

Liens