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20 juillet 2022 3 20 /07 /juillet /2022 10:17

 

 

 

Dimanche 24 juillet 2022 à 17 heures 30, dans la belle église du village de Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) et à l'occasion des Fêtes de la Saint-Jacques, le duo Canticel composé de la contralto Catherine Dagois, à la voix profonde et rare en symbiose avec l'orgue de Edgar Teufel, vous offriront un voyage musical plein Sud mêlant musique savante et art populaire, de l'ouverture du Bourgeois Gentilhomme de Lully à l'Agnus Dei de la Messe Solennelle de Rossini en passant par les Indes Galantes de Rameau et quelques jolies surprises que les deux artistes, qui ont joué dans vingt-cinq pays à ce jour (sur quatre continents) dans les plus prestigieuses villes, cathédrales et philharmonies vous interpréteront pour ce concert à entrée avec libre participation.

 

Renseignements et informations sur le site internet de Canticel et au 04 68 81 36 71.

 

 

Récital  du duo Canticel à Canet-en-Roussillon le 24 juillet
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19 juillet 2022 2 19 /07 /juillet /2022 15:03

 

 

Il y a cent ans...

 

 

 

                      1922

 

 

 

On a vu dans les articles précédents qu'une (certaine) jeunesse malicieuse avait choisi de se noyer dans les pitreries, les enfantillages, les blagues de potache, pour mettre de l'animation, de la couleur, de l'ambiance à ces années d'après-guerre afin d'oublier et de faire oublier l'horreur des combats, le fracas des obus, les corps à corps à la baïonnette de la Première Guerre mondiale, conflit de plus de quatre ans (3 août 1914-11 novembre 1918) voulu par un agresseur perfide dirigeant une nation au "mépris de toute justice et de toute vérité, une régression à l'état sauvage" comme l'a écrit le philosophe Henri Bergson. Les petits plaisantins (dont certains, par la suite, imagineront leurs gags avec beaucoup trop de sérieux) sont au mitan de la vingtaine lorsque l'ennemi accepte de signer l'armistice. Ils sont jeunes, n'ont pas profité de leur adolescence, ont porté l'uniforme durant plusieurs années bien qu'ils abhorrent toutes les guerres et n'accepteraient aucun planqué parmi leurs connaissances. 

Comme l'a écrit André Maurois en 1931 : "La victoire avait éveillé de grandes espérances. Les meilleurs des jeunes hommes avaient cru que le monde serait transformé par elle. (...) La déception semblait d'autant plus injuste que l'attente avait été plus généreuse. Les combattants n'étaient pas au pouvoir. Entre les classes, l'égoïsme et l'ignorance creusaient de nouvelles tranchées. Les méthodes qui devaient instaurer le bonheur préparaient le désordre et le chômage."*                  

Afin de faire oublier la morosité ambiante, l'inflation, les licenciements, les dadaïstes font déjà, à leur façon, le buzz en chahutant lors de spectacles créés par celles et ceux qu'ils détestent, en faisant des procès d'intention à des écrivains qu'ils haïssent, en faisant le coup de poing au propre comme au figuré afin de choquer et de scandaliser la bonne bourgeoisie, d'écarter celles et ceux qui ne sont pas - ou ne veulent pas être - de leur monde, de refuser d'être vus et remarqués dans les journaux dont ils sont eux-mêmes rédacteurs en chef de certains d'entre eux. S'il y avait eu, dans les années 1920, des journaux télévisés à 20 heures - et plus encore diurnes et nocturnes, entrecoupés de débats à quatre ou cinq intervenants -, le présentateur aurait dû, quasiment chaque soir, se fendre d'un communiqué sur la dernière facétie, le dernier happening du groupe dada ou des surréalistes, obligeant tout bon père de famille à baisser le son voire à éteindre carrément le poste parce que "certaines images risquent de choquer les plus jeunes téléspectateurs ainsi que les personnes psychologiquement fragiles".       

Quelquefois je me demande comment se seraient passées les Années folles si Facebook, Instagram et Twitter avaient existé. Les moindres faits, gestes et dires, volontaires ou inconscients, inappropriés ou savamment dosés, des artistes, peintres, poètes dadaïstes et autres auraient été scrutés à la loupe par des internautes qui s'autoproclament influenceurs tout en n'étant que manipulateurs, avides de répandre dans les esprits les plus faibles en les déformant les derniers cancans, les derniers chats, les dernières vidéos de leurs idoles devenues souffre-douleur, qu'ils auraient immédiatement et vivement commentées sur les réseaux en les accompagnant de commentaires racistes, xénophobes, sexistes, haineux et vengeurs censés faire rire les accros aux écrans mais qui auraient mis les protagonistes à cran. Breton injurié, Aragon vilipendé, Cocteau ridiculisé, Tzara malmené, Man Ray rayographié, etc. Dans les années 20, on peut rire de tout, faire capoter une représentation théâtrale par caprice, stigmatiser des personnes qu'on ne fréquente pas ou peu parce qu'on les abhorre et parce qu'on n'a rien d'autre d'intéressant à faire. Ces polémiques - souvent beaucoup de bruit pour rien - rendent ces années vraiment folles. Les années 1920, c'est top à la vacherie ! 

 

 

2 janvier - André Gide reçoit un pneumatique (à l'époque on ne parlait pas de mail ou de sms) de Walter Rathenau, homme politique allemand, ministre de la Reconstruction de mai à octobre 1921, "exprimant son désir de ne point quitter Paris sans m'avoir revu"**. La rencontre a lieu à l'hôtel de Crillon. "Sa main n'a presque jamais quitté mon bras durant toute la conversation, dont "l'Europe entière court à l'abîme" était le refrain."** Nommé ministre des Affaires étrangères un mois plus tard, il sera assassiné à Berlin le 24 juin 1922.

 

6 janvier - Une entrevue entre Aristide Briand et David Lloyd George a lieu à Cannes. Le Premier ministre britannique propose au président du Conseil d'accepter l'octroi à l'Allemagne d'un moratoire permettant de sauver le mark. En contrepartie, les Anglais s'engagent à aider militairement la France en cas d'attaque allemande. Puis on convient de réunir à Gênes une nouvelle conférence où seront conviés vainqueurs et vaincus afin de réorganiser une Europe encore troublée. Briand penche pour ce compromis. Mais le président de la République et la presse nationaliste française dénoncent cette dangereuse politique. Rappelé à Paris par Millerand, Briand doit quitter Cannes prématurément. Attaqué de toutes parts lors d'un débat le 12 janvier à la Chambre, Briand n'attend pas le vote défavorable des députés pour quitter l'hémicycle en disant : "Voilà ce que j'ai fait ; voilà où nous en étions quand j'ai quitté Cannes ; d'autres feront mieux !" Il porte la démission de son gouvernement au président de la République qui demande à Raymond Poincaré d'en former un nouveau. Au sujet de la démission de Briand, un chroniqueur écrit : "M. Briand vient de se heurter à une sorte de réaction de pudeurs nationales contre les esquisses de flirt économique avec l'Allemagne." 

 

10 janvier - Ouverture au 28 de la rue Boissy d'Anglas du cabaret "Le Boeuf sur le toit" à quelques portes du domicile du barde breton Théodore Botrel (n°21) et à côté du lieu où mourut Lully en 1687 (n°30). Mais là, on n'y joue pas la même musique : Jean Wiener est au piano, Jean Cocteau à la batterie.   

 

15 janvier - Le nouveau ministère dont douze membres appartenaient déjà au précédent, se présente devant les députés. Dans son discours d'investiture, Poincaré réduit au minimum les problèmes de politique intérieure. Il fait graviter les problèmes les plus importants autour du paiement des Réparations. "L'Allemagne peut payer, dit en substance Poincaré, car elle organise sa misère apparente en avilissant sa monnaie, mais ses industries et son commerce sont prospères." Le gouvernement obtient la confiance par 472 voix contre 107. 

André Gide qui avait rencontré Walter Rathenau à Colpach (Grand-Duché de Luxembourg) deux ans plus tôt, avait entendu le futur ministre des Affaires étrangères de la République de Weimar lui dire que "l'état financier de l'Allemagne, dont la richesse (...) n'était point monétaire, mais dans toute sa force de production et dans la valeur ouvrière de son peuple, de sorte qu'elle ne commencerait à se relever (...) qu'à partir du jour où la valeur du mark serait réduite à zéro, et où elle serait forcée de repartir à neuf, sur des bases non conventionnelles mais réelles".** 

Au début de la législature, les gouvernements Millerand (1920), Leygues (1920-1921) et Briand (1921-1922) avaient bénéficié d'une large majorité englobant même les Radicaux. Mais l'intransigeance à l'égard de l'Allemagne et la question du vote des femmes favorisent le retour des Radicaux dans l'opposition.

 

27 janvier - Décès à New York de la journaliste Nellie Bly à l'âge de 57 ans. Elle avait pour un journal américain effectué, seule, un tour du monde en 72 jours (novembre 1889-janvier 1890) relaté dans un récit éponyme : Royaume-Uni, France (où elle avait rencontré Jules Verne), Italie, Suez, Ceylan, Singapour, Chine, Japon. En 1914, il avait été la première femme correspondante de guerre (sur le front Est). De retour aux Etats-Unis en 1918, il avait écrit des articles sur le monde ouvrier et avait milité pour le droit de vote des femmes.  

Janvier - Parution d'une version traduite en français contemporain de La Chanson de Roland par Joseph Bédier de l'Académie française. Document célèbre du fonds de la Bibliothèque bodléienne d'Oxford écrit vers 1120, ses 4002 vers ont été écrits dans un français qui se parlait en Angleterre après sa conquête par Guillaume le Conquérant.        

5 février - Décès du marchand d'art Paul Durand-Ruel. Il avait découvert le travail de Monet, Pissarro, Sisley, Degas, Renoir, Manet dans les années 1870 et avait organisé la deuxième exposition impressionniste dans sa galerie en 1876. Outre sa galerie parisienne, il avait ouvert une galerie à Bruxelles, une autre à Londres. 

17 février - Une assemblée générale dada se tient à la Closerie des Lilas en vue de la préparation d'un "Congrès pour la détermination des directives et la défense de l'esprit moderne" voulu par André Breton. Tzara est hostile à la tenue d'un tel congrès. Lui et une quarantaine de participants torpillent l'initiative de Breton. Jean Cocteau soutient Tzara et signe la motion qui vise à censurer le congrès avec ces mots : "Tzara est mon ami". Cocteau devient plus anti-Breton que jamais. Breton et Aragon se brouillent avec Tzara.

23 février-15 mars - Exposition Henri Matisse chez Bernheim.

25 février - Exécution devant la prison de Versailles de Henri Désiré Landru.

Février-mars - André Gide donne six conférences sur Dostoïevski au Théâtre du Vieux-Colombier.

9 mars - Puisque ce blog se nomme Louisiane.Catalogne, nous ne pouvions pas ne pas citer cette phrase de Ernest Hemingway relevée dans une lettre qu'il a adressée ce jour-là à son ami Sherwood Anderson : "Votre livre m'a l'air formidable. A payé votre voyage à La Nouvelle-Orléans - pas vrai ? Payé pour aller à La Nouvelle-Orléans ? - hein ? Je voudrais pouvoir travailler comme ça."      

Mars - Paul Eluard fait paraître un recueil de poèmes intitulé Répétitions (édité au Sans Pareil) avec des illustrations de Max Ernst.

Parution de la nouvelle mouture de la revue Littérature voulue par André Breton. 

Les couples Paul et Gala Eluard / Max et Lou Ernst passent les fêtes de Pâques à Imst au Tyrol. 

Mars-avril-mai - Jean Cocteau est alité pendant trois mois à cause d'une lésion inflammatoire des nerfs (névrite). Il part ensuite se reposer à Saint-Clair (Le Lavandou, Var) avec Raymond Radiguet pendant cinq mois.

10-30 avril - Exposition Maurice Utrillo et Suzanne Valadon à la galerie Berthe Weill, 46 rue Laffitte.  

 

10 avril-19 mai - Conférence de Gênes : Poincaré ayant refusé d'y aller personnellement, c'est le ministre de la Justice Louis Barthou qui dirige la délégation française. Interdiction lui a été faite d'accorder la moindre concession sur le désarmement et les Réparations. Au cours de cette conférence économique internationale, on y discute Réparations et dettes russes. 

28 avril - Décès de Paul Deschanel à l'âge de 66 ans. Après une licence en lettres (1873) et une licence en droit (1875), il était entré en politique, avait été nommé sous-préfet de Dreux (1877) puis sous-préfet de Brest (1879) avant d'être nommé préfet de Meaux (1881). Il avait été élu député d'Eure-et-Loir en 1885 puis constamment réélu jusqu'aux élections législatives du 16 novembre 1919 sous l'étiquette Républicain de gauche. Il fut vice-président de la Chambre des députés en 1896 puis président de la dite Chambre entre 1898 et 1902 puis de nouveau entre 1912 et 1920. En janvier 1920, il fut élu président de la République mais démissionnera en septembre de la même année (voir les chapitres n°3 et 4). En janvier 1921, il était élu sénateur d'Eure-et-Loir.

Avril - Louis Aragon compose un poème intitulé La Tour parle en l'honneur des Tours Eiffel du peintre Robert Delaunay. 

Avril-novembre - Exposition coloniale à Marseille.     

 

1er mai - Création à l'Opéra de Paris du ballet Frivolant sur une musique de Jean Poueigh et sur des décors et des costumes de Raoul Dufy.  

  

        

 

 

* Le Cercle de famille par André Maurois de l'Académie française (Editions Bernard Grasset, 1932)

** André Gide Journal 1889-1939 (Editions Gallimard, 1951)

  

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14 juillet 2022 4 14 /07 /juillet /2022 10:05

 

 

 

                     1921 (suite)

 

 

Durant l'été 1921, le président du Conseil, Aristide Briand, estime que seule une politique de confiance à l'égard de l'Allemagne peut être féconde et riche d'avenir. Il déploiera tous ses talents diplomatiques au cours des conférences de l'automne 21 et de l'hiver 21/22.

 

 

2 juillet - Combat de boxe aux Etats-Unis entre deux champions du monde, le Français Georges Carpentier et l'Américain Jack Dempsey. Combat qualifié de "match du siècle". Dempsey bat Carpentier par KO. 

14 juillet - Arrivée à Paris de Man Ray. 

Août - Parution du n°20 de Littérature : André Breton prépare une nouvelle mouture de sa revue qui paraîtra à partir de mars 1922. Sa revue, car Breton en 1922 en deviendra le seul directeur, après avoir écarté Aragon et Soupault. Pendant ce temps, Tristan Tzara rejoint Max Ernst (qui a obtenu l'accord des autorités de son pays pour voyager) au Tyrol. 

15 septembre - André Breton et Simone Kahn se marient à la mairie du 17ème arrondissement. Ils passent leur voyage de noces au Tyrol.

28 septembre - Le magasin du Printemps (boulevard Haussmann, rue du Havre) est entièrement détruit par un incendie. Sa reconstruction prendra fin en juin 1924.

 

Septembre - Aristide Briand consent à lever les sanctions économiques contre l'Allemagne. Mais lorsque le président du Conseil prend ces mesures, l'Allemagne ne peut plus payer les Réparations. Sa monnaie, le mark, s'effondre mois après mois. Le dollar qui valait 60 marks lors de la deuxième Conférence de Londres (voir chapitre précédent) en vaut maintenant 268. Pour les Britanniques, la chute du mark réside dans le fait que le montant des Réparations est trop élevé. Pour le gouvernement français, la chute de la monnaie allemande est due au refus du gouvernement allemand de les payer. 

7 octobre - Louis Loucheur, ministre des Régions libérées, négocie à Wiesbaden avec Walter Rathenau, ministre allemand de la Reconstruction, un accord qui prévoit par l'Allemagne le paiement d'une partie des Réparations en nature afin d'aider les sinistrés français par la livraison de produits de première nécessité dont du matériel roulant et du bétail. Les Britanniques qui craignent de voir s'installer durablement des liens de préférence entre les économies française et allemande ne donneront leur approbation à cet accord qu'en mars 1922 (qui sera vite caduc). Les industriels français, qui craignent pour leurs fructueuses affaires, voient aussi cet accord d'un mauvais oeil.

Wiesbaden, à quelques kilomètres de Mayence, est une ville thermale dont les sources ont été exploitées dès l'Antiquité romaine et qui s'est développée au début du 19ème siècle avec la construction de nombreux bâtiments par l'architecte Christian Zais (décédé à Wiesbaden en 1820). En 1921, est venu y vivre le peintre Alexej von Jawlensky (originaire de Russie). Installé en Allemagne en 1896, il a exposé un temps avec le Blaue Reiter et a créé avec Kandinski le groupe artistique dit de La Nouvelle association des peintres de Munich (NKVM). Il décédera à Wiesbaden en 1941.

   

10 octobre - André Breton et Simone Kahn sont à Vienne (Autriche) et rencontrent Freud.

 

29 octobre - En dépit de la vive opposition qui se manifeste à l'égard de sa politique étrangère, Aristide Briand se rend en personne à la conférence qui doit avoir lieu à Washington (Etats-Unis) et qui doit traiter du désarmement et de l'Extrême-Orient.

Le président républicain Warren Harding a lancé aux Alliés une invitation à venir discuter, le 11 novembre, dans la capitale étasunienne du désarmement et des questions concernant le Pacifique. Aristide Briand annonce alors son intention de se rendre lui-même aux Etats-Unis effectuant ainsi dans ce pays le premier voyage officiel d'un chef de gouvernement français. S'il souhaite quitter la France pendant six semaines, c'est parce qu'il espère ramener les Américains à s'intéresser aux affaires européennes et les rapprocher de la France. L'élection de Harding (novembre 1920) et la défaite du "ticket" démocrate James Cox-Franklin D. Roosevelt a mené au repli sur soi (isolationnisme), d'autant que le Sénat hostile au président Wilson a rejeté, en mars 1920, le Traité de Versailles et son idée de Société des Nations qualifiée par les Républicains d'invention infernale. 

La délégation française embarque au Havre le 29 octobre 1921. Elle comprend Albert Sarraut, ministre des Colonies et bon connaisseur des problèmes du Pacifique, René Viviani, Philippe Berthelot et plusieurs experts. Elle retrouve à Washington l'ambassadeur de France et un jeune spécialiste de l'Extrême-Orient, Alexis Léger (Saint-John Perse) dont Briand fera en 1925 son directeur de cabinet au Quai d'Orsay. 

La France est prête à désarmer à condition que les Alliés lui donnent leur garantie sur l'exécution des engagements de l'Allemagne. Mais la conférence renonce vite à discuter des armements terrestres. Briand se heurte à un front anglo-américain, doit accepter une hiérarchie des flottes de guerre qui place la France au 4ème rang mondial derrière les Etats-Unis, l'Angleterre et le Japon. Aristide Briand quitte Washington le 24 novembre laissant à Viviani le soin de diriger la délégation française. 

   

Octobre - Arrivée à Paris de l'écrivain américain Matthew Josephson qui se lie d'amitié avec Aragon et qui s'enthousiasme pour Dada.  

Automne - Paul Eluard et son épouse Gala sont au Tyrol. En rentrant à Paris, ils passent par Cologne où ils font la connaissance de Max Ernst et de son épouse Lou qui travaille au musée Wallraf-Richartz.

 

1er novembre - Le premier congrès socialiste d'après-scission permet de dresser la liste des forces fidèles au parti :

Un groupe parlementaire composé de 56 membres dont Léon Blum s'est depuis un an imposé comme le leader ; deux socialistes au Sénat ; quelques-une des grandes mairies comme Lille, Strasbourg, Grenoble, Brest, Puteaux, Montreuil, Alfortville ; quelques journaux influents - indépendamment du Populaire - comme Le Cri du Nord (Lille), Le Droit du Peuple (Grenoble), Le Populaire du Centre (Limoges), La Montagne (Clermont-Ferrand), Le Combat social (Montluçon), Le Midi Socialiste (Toulouse). 

 

10 novembre - Première au théâtre des Bouffes-Parisiens de l'opérette Dédé écrite par Albert Willemetz sur une musique de Henri Christiné, avec Maurice Chevalier qui dans le premier acte chante la chanson Dans la vie faut pas s'en faire.

 

24 novembre - A son retour à Paris, Briand rencontre une France hostile. Voyant que l'Allemagne est insolvable, il convoque une conférence à Cannes pour janvier 1922. 

 

3-31 décembre - Exposition d'oeuvres de Man Ray à la librairie Six (5 avenue Lowendal) dirigée par l'épouse de Philippe Soupault. Tenté par une carrière de peintre mais déçu par l'échec de son exposition, Man Ray se consacrera à la photographie. 

16 décembre - Décès du compositeur Camille Saint-Saëns.

Décembre - Tristan Tzara est chez Ernst à Cologne.

Courant 1921 - Sonia Delaunay s'installe au 19 boulevard Malesherbes (tél : Elysées 10 88) : Sa mode, ses tableaux, ses tissus déposés.  

 

Le prix Nobel de la Paix 1921 est attribué à Hjalmar Branting et à l'homme politique norvégien Christian Lous Lange. Hjalmar Branting est le fondateur du parti socialiste suédois. Il fut aussi Premier ministre de son pays. La peintre Georgette Agutte a fait le portrait de Anna Jäderin, épouse de Branting, en 1919, tableau qui fut exposé au Salon d'automne de la même année.   

Le prix Nobel de Littérature 1921 est attribué à Anatole Thibault alias Anatole France (de l'Académie française). Le 10 décembre 1921, il reçoit ce prix des mains du roi Gustav V. Il est le premier lauréat français de ce prix à aller en personne chercher sa récompense à Stockholm, Sully Prudhomme en 1901 et Frédéric Mistral en 1904 n'ayant pas fait le déplacement. Sur l'estrade des récipiendaires, il se trouve à côté du lauréat allemand du prix Nobel de Chimie, Walter Nernst, à qui il donne "une longue et cordiale poignée de main". Anatole France, dans son discours de remerciement dit : "La plus horrible de toutes les guerres a été suivie d'un traité de paix qui est, non pas un  traité de paix, mais une prolongation de la guerre." Plus tard, il écrira : "J'y ai prononcé de très simples paroles qui ont, me dit-on, déplu à la presse de Paris." [Source : La Collection des Prix Nobel de Littérature, éditée sous le patronage de l'Académie suédoise et de la Fondation Nobel (Editions Rombaldi, 1966)]   

Le prix Nobel de Physique 1921 est attribué à Albert Einstein. 

Le prix Goncourt 1921 est attribué à l'écrivain René Maran (natif de Fort-de-France) pour son roman Batouala.  

 

 

 

 

 

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13 juillet 2022 3 13 /07 /juillet /2022 09:42

 

 

 

                     1921

 

 

"Dans la vie faut pas s'en faire..."

 

 

Décembre 1920- janvier 1921 - Exposition à la galerie Berthe Weil (46 rue Laffitte) intitulée Fauves, cubistes et post-cubistes

 

8 janvier - Inhumation du Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe en présence du président de la République Alexandre Millerand, de tout le Gouvernement et du Premier ministre britannique Lloyd George*.

12 janvier - Raoul Péret, président de la Chambre des députés, lit à Georges Leygues, les interpellations de certains députés. Le président du Conseil propose de les ajourner et de poser la question de confiance sur leur renvoi après la Conférence de Paris qui doit s'ouvrir quelques jours plus tard. Mais 447 députés s'opposent à cet ajournement et refusent la confiance. Cette opposition marque la fin logique d'un processus visant à renverser Leygues - et son gouvernement -, à qui on reproche d'avoir repris sans le changer le ministère Millerand qui avait été formé au lendemain de l'élection de Paul Deschanel à la Présidence de la République. Leygues est accusé de manifester une trop grande docilité envers Millerand et de manquer de fermeté dans la question des Réparations. Leygues présente sa démission au président de la république qui demande à Aristide Briand de former un nouveau gouvernement. 

 

14 janvier - Filippo Marinetti, apôtre du futurisme, donne au théâtre de l'Oeuvre (Paris) une conférence sur "Un art nouveau". La séance est tumultueuse, perturbée par des interventions bruyantes de Dada.

 

20 janvier - Aristide Briand présente le gouvernement qu'il vient de former devant les députés. Dans son discours d'investiture, il prend soin d'affirmer sa fidélité au Traité de Versailles et sa ferme volonté (de nos jours, on emploierait le mot "détermination") d'en obtenir l'application : "La sanction de la guerre, la conséquence de la victoire, c'est l'exécution du Traité. L'Allemagne est vaincue, mais aucune de ses mines, de ses usines, n'a été détruite ; ses forces de production restent entières et même les conditions infligées par la défaite lui ouvrent les plus larges espoirs d'expansion économique. Il est possible de prévoir son prompt relèvement." Briand, qui est aussi ministre des Affaires étrangères, obtient la confiance de la Chambre.

Après une scolarité à Nantes et à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure ; maintenant on dit Loire-Atlantique), Aristide Briand arrive à Paris en 1883 pour y suivre des études de droit. En 1889, il se présente à la députation dans l'arrondissement de Saint-Nazaire en tant que candidat radical et boulangiste. Dans son programme, il souhaite (entre autres) la suppression du Sénat ou tout au moins son élection par un mode plus conforme aux principes du suffrage universel, la séparation des Eglises et de l'Etat, la suppression des trésoriers-payeurs généraux et des grosses sinécures, la suppression de l'inamovibilité des juges, des réformes fiscales (impôt progressif et proportionnel), la création de caisses et de maisons de retraite pour les vieux ouvriers sans famille. Il est battu mais sera élu député de Saint-Etienne en 1902 et le restera jusqu'en 1919. De 1906 à 1909, il est ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes. Il est président du Conseil du 24 juillet 1909 au 27 février 1911 puis de nouveau du 21 janvier 1913 au 18 mars). En 1914-1915, il est ministre de la Justice et vice-président du Conseil dans le Cabinet Viviani (Delcassé y est ministre des Affaires étrangères, Millerand ministre de la Guerre, Sembat ministre des Travaux publics). Il est de nouveau président du Conseil en octobre 1915 mais la démission de son ministre de la Guerre, le général Lyautey, entraîne le chute de son gouvernement en mars 1917. 

24-29 janvier - Conférence interalliée de Paris présidée par Briand qui réunit Lloyd-George et Lord Curzon (pour la Grande-Bretagne), le comte Sforza (pour l'Italie), les ministres des Affaires étrangères et des Finances belges et le vicomte Ishii, ambassadeur du Japon. Lloyd-George arrive à Paris avec l'intention de s'en tenir aux conclusions des conférences de Hythe, Boulogne et Spa que le Parlement français considère comme des capitulations du gouvernement. Paul Doumer, ministre des Finances, est chargé d'exposer les revendications françaises. Le chiffre avancé par le ministre au titre des Réparations est de 210 milliards de marks, dont 52% pour la France. Lloyd-George répond qu'il faut avant tout compter avec la capacité réelle de paiement de l'Allemagne et qu'il convient de ne pas tarir la source par des prélèvements excessifs. Pour maintenir l'entente entre la France et la Grande-Bretagne, meilleure garantie de l'exécution du Traité de Versailles, Briand admet le principe anglais de proportionner les Réparations à la capacité de paiement de l'Allemagne. Le rôle de la Commission des Réparations, primitivement chargée d'évaluer les dommages de guerre, se voit alors réduite à un simple contrôle de l'état des finances de l'Allemagne. Durant cette conférence, on décide d'inviter à Londres, du 27 février au 3 mars, des représentants allemands.  

 

4 février - naissance de Paul, fils de Pablo Picasso et de Olga Khokhlova.

 

27 février - 3 mars - Lors de la Conférence de Londres, Lloyd George reste sur ses positions et soutient que les Réparations doivent être proportionnées à la capacité de paiement de l'Allemagne. Walter Simons, ministre allemand des Affaires étrangères, développe une thèse qui aboutit à la "conversion" des sommes fixées à Paris à un total de 30 milliards de marks en énumérant les conditions de son versement, la première étant l'annexion par l'Allemagne de la Haute-Silésie. Lloyd George fait alors éclater sa colère : "Il est temps de lever la séance car dans cinq minutes nous finirions par devoir de l'argent à l'Allemagne". Le Premier ministre anglais se rend alors compte qu'il ne faut pas se fier aux dirigeants allemands pour apprécier en toute objectivité la capacité réelle de l'Allemagne à pouvoir payer les Réparations. Un ultimatum est envoyé à Berlin : "Si avant le 7 mars, le gouvernement allemand n'a pas donné son adhésion à l'accord de Paris, des sanctions économiques seront appliquées par les Alliés : occupation de Duisbourg et de Dusseldorf ; établissement d'une ligne douanière sur le Rhin sous le contrôle des Alliés". L'ultimatum est repoussé par Berlin. Le 8 mars, les troupes alliées occupent les principaux centres de l'industrie allemande.

15 mars - Les députés français accordent leur confiance à Briand par 491 voix contre 66.

  

10-19 mars - Rétrospective Raoul Dufy à la galerie Bernheim-Jeune. 

24 mars - Décès à Céret (Pyrénées-Orientales) du compositeur Déodat de Séverac. Après des études de droit (abandonnées) et de musique auprès de Vincent d'Indy, ce régionaliste convaincu regagne le sud de la France où il est né en 1873 pour composer des partitions qui respirent le Languedoc et la Catalogne comme dans En Languedoc, Cerdaña et Baigneuses au soleil. Ses nombreux séjours à Céret ont nourri son inspiration et dans ses oeuvres il a souvent fait appel aux instruments de musique traditionnelle catalane.

Mars - Dans le numéro 18 de Littérature sont notées, comme au collège, de -25 à +25 des personnalités du monde de l'art. Jeu d'enfant qui amuse et passionne surtout André Breton (qui obtient la meilleure note). Certains donnent systématiquement la note de -20 à tout le monde tandis que d'autres avancent des chiffres au hasard. Max Jacob juge ce numéro de Littérature du plus haut comique. Jean Cocteau, honni de Breton, ne figure pas parmi ces personnalités qui passent à la toise. 

14 Avril - Réunion des Dadas dans le jardin qui borde la façade nord de l'église Saint-Julien-le-Pauvre à laquelle participent, entre autres, André Breton, Paul Eluard, Georges Ribemont-Dessaignes, Benjamin Péret, Théodore Fraenkel, Louis Aragon, Tristan Tzara, Philippe Soupault. L'église Saint-Julien-le-Pauvre, terminée vers 1240 est l'une des plus vieilles églises de Paris avec Saint-Germain-des-Prés, Saint-Pierre-de-Montmartre et Notre-Dame. Le jardin, actuel square René Viviani où l'on peut voir le plus vieil arbre de Paris (planté en 1601), était dans les années 1920 un terrain vague où se retrouvaient clochards et mendiants et où les habitants du quartier venaient y déposer ordures, détritus et autres encombrants faisant de cet endroit avec vue imprenable sur Notre-Dame-de-Paris un véritable cloaque que Philippe Soupault a décrit dans son ouvrage Mémoires de l'oubli 1914-1923 publié chez Lachenal & Ritter (1981).              

Avril-mai - Exposition Albert Gleizes à la galerie La Cible tenue par Jacques Povolozky (13 rue Bonaparte).

 

30 avril - Une deuxième conférence s'ouvre à Londres pour discuter des conclusions de la Commission des Réparations. Un montant de 132 milliards de marks est fixé au titre des Réparations. 

 

Avril-mai - Paul Eluard et son épouse Gala sont en villégiature sur la Côte d'Azur. Gala qui aime jouer, "perd - elle est joyeuse - de petites fortunes au casino".**

"En sortant du trente et quarante, je ne possédais plus un radis de l'héritage de ma tante... Dans la vie faut pas s'en faire...

2 mai - Exposition d'oeuvres de Max Ernst au Sans Pareil. Ernst que Tzara ne cesse de louer (au grand dam de Picabia) est un artiste subversif qui vit à Cologne où une des ses expositions a tourné à l'émeute, la police intervenant pour arrêter l'artiste. L'exposition de l'artiste allemand (absent car privé de passeport) donne lieu à un beau chahut.

8 mai-5 juin - Exposition Ingres organisée par l'Association franco-américaine d'expositions de peintures et de sculptures en l'Hôtel de la Chambre Syndicale de la Curiosité et des Beaux-Arts, 18 rue de la Ville-L'Evêque, au profit de l'assistance aux mutilés de la face. Environ 200 oeuvres y sont exposées. Le catalogue est rédigé par Henry Lapauze, conservateur du Palais des Beaux-Arts de la Ville de Paris. 

 

11 mai - Berlin accepte sans conditions les décisions des Alliés. Après cette conférence, la confiance est accordée à Briand par 390 voix contre 162. 

    

13 mai - André Breton préside un "procès" au nom de Dada intenté à Maurice Barrès pour crime contre la sûreté de l'esprit.

22 mai - Première représentation de Quadro flamenco, suite de danses populaires espagnoles adaptées par Manuel de Falla, au théâtre de la Gaîté Lyrique (Paris). Décors de Pablo Picasso. 

30 mai - Vente de la collection de Wilhelm Uhde - écrivain, critique d'art et collectionneur -, mise sous séquestre car considérée comme bien allemand. Ex-époux de Sonia Delaunay, il a eu à Paris une galerie rue Notre-Dames-des-Champs où il a exposé avant la Première Guerre mondiale des oeuvres de Braque, Derain, Dufy, Picasso... 

30 mai-10 juin - Exposition d'oeuvres de Georgette Agutte à la galerie Druet, 8 rue Royale.

10 juin - Représentation à la galerie Montaigne (13 avenue Montaigne) lors d'un salon dada de la pièce en trois actes Le Coeur à gaz écrite par Tristan Tzara. Une seconde représentation est prévue pour le 18 juin. 

13-14 juin - Vente à Drouot de tableaux, sculptures et céramiques de la collection Kahnweiler dans le cadre de la vente des biens allemands ayant fait mesure de Séquestre de Guerre. Une autre vente aura lieu en 1922.  

18 juin - Création au théâtre des Champs-Elysées de la pièce de Jean Cocteau Les Mariés de la Tour Eiffel sur une musique du groupe des Six.

 

 

* Source : site internet paris-arc-de-triomphe.fr

** Gala par Dominique Bona de l'Académie française (Flammarion, 1995) 

              

 

 

 

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8 juillet 2022 5 08 /07 /juillet /2022 15:04

 

 

 

                    1920 (suite)

 

 

 

Accrochez-vous ! La lecture de ce chapitre risque de vous paraître longue et fastidieuse. En effet, beaucoup d'événements se sont produits au cours du second semestre de l'année 1920. Il se peut même que la fin de ce chapitre connaisse une scission.

Petit rappel du chapitre précédent :

Paul Deschanel est le président de la République ; Alexandre Millerand est le président du Conseil depuis janvier. "Alexandre Millerand, l'ancien socialiste devenu l'homme à poigne de la bourgeoisie. (...) le chef du gouvernement recrute partout des briseurs de grève (Il aura le concours de 10 000 volontaires.) [et] non content d'avoir brisé la grève de mai avec une brutalité sans précédent, [il] prétend entraîner la France dans une croisade militaire contre l'Union soviétique en envoyant un corps expéditionnaire en Pologne."*

 

Juin-juillet - Jean Cocteau est à Londres pour la version anglaise du spectacle Le Boeuf sur le toit.

Août-octobre - Jean Cocteau séjourne au Piquey (Bassin d'Arcachon), "mon île déserte".

Août - Louis Aragon séjourne à l'hôtel du Levant à Perros-Guirec (Côtes-du-Nord/Côtes d'Armor) ; André Breton est chez ses parents à Lorient (Morbihan) ; André Gide est en Grande-Bretagne avec Marc Allégret (Ce dernier est l'un des fils du pasteur Elie Allégret qui fut le tuteur de Gide après la mort de son père) ; Pablo Picasso et son épouse Olga Khokhlova passent l'été à Juan-les-Pins et rejoignent Serge de Diaghilev à Monte-Carlo.

 

Fin août - Marcel Cachin (directeur du journal L'Humanité depuis 1918) et Ludovic-Oscar Frosssard rentrent de Russie où ils ont assisté au 2ème Congrès de la IIIème Internationale. Eblouis et convertis par ce qu'ils viennent de voir et d'entendre lors de ce congrès, tous deux se lancent dans une campagne effrénée en faveur de l'adhésion du Parti Socialiste à cette IIIème Internationale. Le journal L'Humanité se transforme en organe de propagande et une campagne pro-soviétique est menée en tous lieux pour cette adhésion.

 

20 août-12 septembre - Jeux Olympiques d'Anvers (Belgique). Les Etats-Unis remportent 95 médailles, la France 41 et le pays hôte 36. 

27 août - Suicide de Lazare Kessel (frère cadet de Joseph Kessel) dans un meublé du 12 de la rue de la Sorbonne. Acteur prometteur, il avait reçu quelques semaines auparavant le prix d'excellence de tragédie pour son interprétation dans le quatrième acte de Ruy Blas

 

17 septembre - L'état de santé du président de la République ne s'améliorant pas, le Conseil des ministres se réunit pour décider d'une date de réunion des Chambres en session extraordinaire afin de prévoir l'élection d'un nouveau président. 

21 septembre - Le message du président de la République est lu à la Chambre des députés par son président, Raoul Péret : 

"Messieurs les députés, Messieurs les sénateurs,

Mon état de santé ne me permet plus d'assurer les hautes fonctions dont votre confiance m'avait investi lors de la réunion de l'Assemblée Nationale le 17 janvier dernier. L'obligation absolue qui m'est imposée de prendre un repos complet me fait un devoir de ne pas tarder plus longtemps à vous annoncer la décision à laquelle j'ai dû me résoudre. Elle m'est infiniment douloureuse et c'est avec un déchirement profond que je renonce à la noble tâche dont vous m'aviez jugé digne. (...) Ce sera le rôle et l'enviable privilège de mon successeur de glorifier dans quelques jours, devant le monde, l'oeuvre de la République, qui après avoir, il y a cinquante ans, sauvé l'honneur, a ramené sous nos drapeaux l'Alsace et la Lorraine. Certain de remplir le plus cruel, comme le plus impérieux des devoirs, je dépose sur le bureau du Sénat et sur celui de la Chambre des députés ma démission de président de la République."

24 septembre - Les Chambres réunies en Congrès à Versailles procèdent à l'élection du nouveau président de la République. Alexandre Millerand est élu face à un socialiste. Le jour même le président nouvellement élu désigne Georges Leygues pour être le nouveau président du Conseil. Ce dernier présente le lendemain un gouvernement - qui reprend les membres du précédent - devant les députés en prononçant le discours suivant dont voici le début :

"Messieurs, le ministère qui se présente devant vous est composé des hommes qui furent les collaborateurs dévoués de la politique à laquelle l'Assemblée Nationale a donné une considération éclatante en élevant le président du Conseil à la plus haute magistrature de la République. Appelé par la confiance du chef de l'Etat au redoutable honneur de lui succéder à la tête du gouvernement, je m'inspirerai de son exemple : je m'appliquerai à continuer son programme et son oeuvre. Les principes qui guidèrent la Cabinet sont ceux qui furent exposés aux deux Chambres, le 22 janvier dernier. Il me suffira de les rappeler brièvement.

Au point de vue intérieur : défendre les libertés et les lois ; fortifier et améliorer les institutions républicaines ; réaliser les réformes sociales attendues par la démocratie ; acquitter à nos vaillants mutilés et aux familles de nos morts glorieux la dette sacrée que nous avons contractée (voir ci-dessous la règle de grammaire) envers eux ; abréger les longues souffrances des régions dévastées, si fières, si fermes, si courageuses dans le malheur, en hâtant la reconstruction de leurs foyers ; stimuler par tous les moyens l'activité productrice du pays ; administrer nos finances avec la plus sévère économie.  

Au point de vue extérieur : exiger la stricte application des traités ; ne laisser prescrire aucun de nos droits ; faire de la Société des Nations un organisme vivant et puissant pour fermer l'ère des grandes guerres ; constituer une armée et une marine, facteur de notre politique ; maintenir notre prestige à la hauteur où l'a porté la victoire."

Après ce discours, le président de la Chambre fait savoir à Leygues que deux députés socialistes veulent l'interpeller. Bracke lui demande si le gouvernement va continuer de gêner à l'extérieur l'action du gouvernement des soviets. Leygues lui répond : "Je ne veux pas qu'on parle toujours de la Révolution russe et jamais du peuple russe. L'amitié du peuple russe, nous voulons la conserver. M. Bracke m'a demandé aussi en parlant de la Hongrie, si je voulais favoriser, en ce moment, la monarchie hongroise. (...) Mais ce que je peux lui affirmer pour maintenant et pour demain, c'est que le gouvernement n'interviendra pas dans la politique intérieure d'aucune nation étrangère."

Bracke : "Je demande si vous y comprenez la Russie."

Leygues : "Nous n'intervenons pas dans la politique intérieure de la Russie. Nous nous efforçons seulement d'en libérer nos malheureux nationaux qui y sont encore retenus prisonniers comme nous y défendons nos intérêts pour leur éviter d'être compromis. La vérité est que la France est le plus désintéressé de tous les peuples."

Berthon demande alors si le gouvernement va continuer de retenir en prison les organisateurs des grèves du 1er mai 1920 sous l'inculpation de complot. Leygues répond que le précédent Cabinet a réglé cette question et qu'il n'y a plus à y revenir.

Le gouvernement formé par Georges Leygues est investi par les députés. 

Pour la petite histoire, Georges Leygues, qui avait été ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts à l'aube du 20ème siècle, avait édité un arrêté dont "le point le plus important en était l'accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir. Le ministre Georges Leygues admit d'abord qu'on "tolérerait" que le participe reste invariable dans tous les cas où l'on prescrit aujourd'hui de le faire accorder avec le complément : "les livres que j'ai lu ou lus", "la peine que j'ai pris ou prise". Mais, sur le refus de l'Académie, on dut restreindre cette tolérance et n'admettre l'invariabilité du participe que lorsqu'il est suivi soit d'un infinitif, soit d'un participe présent ou passé : "la femme que j'ai entendu (ou entendue) chanter", "les [chats] sauvages que l'on a trouvé (ou trouvés) errant dans les bois."** 

 

Pendant ce temps, le franc français continue de se déprécier face à la livre sterling et au dollar. "C'était le moment de la livre à soixante francs et je me souviens qu'il disait : "Vous savez que c'est très loin de représenter la valeur réelle de la livre ; vous devriez dire à votre mari de placer au moins une partie de sa fortune en valeurs étrangères parce que, vous comprenez..."***

Si la livre sterling est chère, les fleurs, elles, ne le sont pas !

3 novembre - André Gide écrit dans son Journal : "Invité à déjeuner (...) avec Paul Valéry et Cocteau. (...) Je n'avais pas échangé trois phrases que déjà j'étais exaspéré. (...) Me voyant réduit au silence (...) Cocteau déclara que j'étais d'une "humeur exécrable."****

 

Novembre-décembre - Exposition Renoir chez Paul Durand-Ruel, 16 rue Laffitte (Paris).

Novembre - Dans la revue Les Arts à Paris (Actualités critiques et littéraires des Arts et de la Curiosité) créée et dirigée par le marchand d'art et galeriste Paul Guillaume, ce dernier écrit au sujet de Modigliani décédé quelques mois plus tôt : "C'est en 1915 qu'il quitta Montparnasse pour venir s'installer dans un atelier que je lui louai au 13 de la rue de Ravignan, dans cette historique bâtisse de bois qui connut les heures difficultueuses et épiques de Picasso, de Max Jacob, du douanier Rousseau et de tant de peintres plus ou moins célèbres aujourd'hui."  

 

8 novembre - La Chambre des députés vote à l'unanimité pour l'inhumation du Soldat inconnu à l'Arc de Triomphe.*****

11 novembre - La dépouille du Soldat inconnu est transférée dans une salle à l'intérieur de l'Arc de Triomphe.*****

16 décembre - André Lefèvre, ministre de la Guerre, démissionne parce qu'il est partisan d'un projet fixant à deux ans la durée du service militaire pour assurer la sécurité de la France alors que ses collègues jugent suffisante une durée de dix-huit mois. 

17 décembre - A la Chambre des députés, la séance s'ouvre sur une question du général de Castelnau : "L'Allemagne est-elle ou n'est-elle pas désarmée ? Je vous demande respectueusement de répondre à cette question et de calmer, s'il y a lieu, les inquiétudes et les émotions qui ont pu se produire dans le pays." Georges Leygues répond : "L'Allemagne est-elle désarmée ? L'Allemagne est-elle totalement désarmée ? Je dis non. Est-elle en voie de désarmement ? Je réponds oui. Désarme-t-elle de son plein gré ? Exécute-t-elle le Traité strictement ? Non. Elle élude ses obligations autant qu'elle le peut. Il y a, pour l'exécution de certaines clauses, des retards inadmissibles, qu'il faut faire cesser. (...) Au premier octobre, l'armée allemande avait été réduite à 150 000 hommes. Elle doit être réduite à 100 000 hommes au premier janvier 1921. Qu'est-ce que la France pourrait opposer à l'Allemagne si elle était obligée de faire face à une menace ou si elle était contrainte d'imposer l'exécution du traité ? La France lui opposerait un très puissant matériel et une armée de 700 000 hommes admirablement entraînés et encadrés. (...) Le pays doit être rassuré, il doit avoir confiance, il ne court aucun danger."

 

25 décembre - Raymond Radiguet qui n'avait pas vu Parade au Châtelet en mai 1917 a assisté au cours de la semaine passée à la reprise du ballet et écrit un article élogieux dans Le Gaulois. Moins élogieux est Gide qui dans son Journal écrit le 1er janvier 1921 : "Avant mon départ, été voir Parade - dont on ne sait ce qu'il faut admirer le plus : prétention ou pauvreté. (...) [Cocteau] sait bien que les décors, les costumes sont de Picasso, que la musique est de Satie, mais il doute si Picasso et Satie ne sont pas de lui."****

 

25-29 décembre - "Dans la salle du Manège de Tours [détruite en 1940 par un bombardement allemand] (...) 285 délégués représentant 89 fédérations socialistes sur 95 se rassemblent le 25 décembre 1920, dans la matinée. C'est le jour de Noël, mais ces militants laïques n'en ont cure."* Malgré les efforts de Léon Blum et de Marcel Sembat (entre autres) qui se prononcent contre l'adhésion à la IIIème Internationale le 26 décembre, l'issue du Congrès de Tours n'est plus un secret pour personne. Marcel Cachin, convaincu que la seule solution pour aboutir à la reconstruction de l'unité internationale est de s'entendre avec "Moscou la victorieuse" dit à la tribune que la Russie est un grand pays radicalement débarrassé de toute bourgeoisie, de tout capitalisme, dirigé uniquement par les représentants de la classe ouvrière, de la classe paysanne. Le vote qui clôture le Congrès vient confirmer que la scission est inévitable. L'adhésion à la IIIème Internationale recueille 3 208 mandats, la tendance réformiste 1 022. L'unité socialiste a vécu et la Parti Communiste (SFIC) voit le jour. 

 

Courant 1920, Daniel-Henry Kahnweiler, rentré à Paris de son exil en Suisse durant la Première Guerre mondiale, inaugure la galerie Simon au 29bis de la rue d'Astorg (Tél : Elysée 42-72), du nom de son associé André Simon.  

Le prix Nobel de la Paix 1920 est attribué à Léon Bourgeois.

Le prix Nobel de Littérature 1920 est attribué à l'écrivain norvégien Knut Pedersen alias Knut Hamsun. 

Le prix Goncourt 1920 est attribué à Ernest Pérochon pour son roman Nêne.   

 

 

 

       

* Léon Blum par Jean Lacouture (Editions du Seuil, 1977)

** Le livre de l'orthographe par Bernard Pivot (Hatier, 1989) 

*** Climats par André Maurois de l'Académie française (Grasset, 1928)

**** André Gide Journal 1889-1939 (Editions Gallimard, 1951)

***** Source : site internet paris-arc-de-triomphe.fr 

 

 

 

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4 juillet 2022 1 04 /07 /juillet /2022 11:19

 

 

La Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales (fondée en 1833) vous invite à une rencontre exceptionnelle le mercredi 6 juillet 2022 à 18 heures 30 au Centro Espagnol de Perpignan.

 

La chorégraphe et historienne argentine Teresita Campana de la Compagnie de Danse baroque de Buenos Aires nous présentera une conférence dansée (conferencia danza) consacrée au Codex Martinez Campañón, un manuscrit contenant des images et des partitions relatives à la musique et à la danse dans l'ancienne vice-royauté du Pérou au 18ème siècle, marquées par un fort métissage entre influences européennes et indigènes.

 

La S.A.S.L. est heureuse d'accueillir en exclusivité au Centro Espagnol de Perpignan (26 rue Jeanne d'Arc) cette artiste pour sa première en France, au cours de sa tournée européenne et tient à marquer ici une première étape vers d'autres projets associant le baroque latino-américain au baroque catalan. 

 

Conférence dansée en entrée libre.

 

       

Conferencia danza au Centro Espagnol de Perpignan le 6 juillet
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23 juin 2022 4 23 /06 /juin /2022 09:13

 

 

 

                    1920

 

 

17 janvier - Députés et sénateurs se réunissent à Versailles pour élire le nouveau président de la République. L'article 2 de la loi des 25-28 février 1875 (Constitution de la IIIème République) relative à l'organisation des pouvoirs publics stipule que "le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et par la Chambre des députés réunis en Assemblée Nationale. Il est nommé pour sept ans. Il est rééligible". Raymond Poincaré, élu en 1913, ne souhaite pas se représenter. En raison de ses éminents et loyaux services durant la guerre, Georges Clemenceau s'attend à succéder à Raymond Poincaré à la présidence de la République. Son prestige et sa popularité sont immenses. Trop !? Les députés qu'il a conduit rudement durant le conflit ne l'aiment guère. Ceux-ci craignent qu'il ne s'installe à l'Elysée non pour présider mais pour continuer de gouverner. Clemenceau est écarté lors d'un vote préparatoire (16 janvier). Radicaux et Socialistes lui sont hostiles et les modérés qui pourraient voter pour lui préfèrent porter leurs suffrages sur la candidature du président de la Chambre des députés, Paul Deschanel de l'Académie française, qui est élu. Vexé par cet échec, Georges Clemenceau démissionne de son poste de président du Conseil et quitte la vie politique. Toujours en poste, Raymond Poincaré demande à Alexandre Millerand de former un gouvernement.

 

17 janvier - Georges Clemenceau est à Giverny chez Claude Monet. Ils sont amis depuis les années 1860. Dès la nouvelle de l'armistice connue, Monet a décidé de faire don à l'Etat de vingt-deux panneaux qui forment les Nymphéas du musée de l'Orangerie. Mais la démission de Clemenceau donne un coup d'arrêt (momentané) à ce projet.

23 janvier - Soirée au Palais des Fêtes de la rue Saint-Martin organisée par les rédacteurs de la revue Littérature. Le public consterné par le spectacle qu'on lui propose, hurle et insulte ceux de Dada.   

24 janvier - Décès du peintre Amedeo Modigliani qui vivait en France depuis 1906.     

28 janvier-29 février - Salon des Indépendants.

Début janvier - Tristan Tzara débarque à Paris. Il loge chez Francis Picabia, rue Emile Augier. Initiateur du mouvement "Dada", Tristan Tzara, natif de Roumanie, s'est installé en Suisse pendant la guerre et y a fondé, à Zurich, le dit mouvement en réaction contre l'absurde boucherie des combats. Il se fait connaitre à Paris en envoyant des poèmes inclus dans différentes parutions de la revue Dada. Très vite, il est en relation avec Breton (qui souhaite un temps faire fusionner Littérature avec Dada sous la direction de Tzara), Soupault et Aragon (qui a parlé de sa poésie dans le premier numéro de Littérature en mars 1919) et qui tous trois ont hâte de le voir à Paris. Selon Tzara, les oeuvres dada doivent être "fortes, droites, précises et à jamais incomprises"*. 

Courant janvier - Parution aux Editions de la Nouvelle Revue Française (NRF, 35-37 rue Madame) du numéro 1 de la collection Les peintre français nouveaux, ouvrage illustré intitulé Henri Matisse, trente reproductions de peintures et dessins précédées d'une étude critique par Marcel Sembat. Marcel Sembat, député du 18ème arrondissement de Paris (élu en 1893, il conservera son siège jusqu'à sa mort en 1922), fut ministre des Travaux publics de 1914 (dans le Gouvernement de René Viviani ; Alexandre Millerand y était ministre de la Guerre) à 1916. Son chef de cabinet s'appelait Léon Blum. En 1897, il a épousé la peintre Georgette Agutte, élève de Gustave Moreau aux Beaux-Arts. Critique d'art et collectionneur, Marcel Sembat a rencontré Henri Matisse en 1903 et tous deux entretiennent depuis lors une abondante correspondance.     

    

12 février - Les députés élisent Raoul Péret (seul candidat) comme président de la Chambre des députés en remplacement de Paul Deschanel.

18 février - Paul Deschanel fait son entrée officielle à l'Elysée lors de la traditionnelle cérémonie de passation des pouvoirs. Le nouveau président de la République reconduit Millerand dans ses fonctions de président du Conseil. 

19 février - Paul Deschanel adresse un message au Parlement que Alexandre Millerand, président du Conseil, lit au Palais Bourbon tandis que le Garde des Sceaux le lit au Sénat. L'article 6 de la loi des 16-18 juillet 1875 relative aux rapports des pouvoirs publics précise que "le président de la République communique avec les Chambres par des messages qui sont lus à la tribune par un ministre". Le dit message commence ainsi : "Il n'est pas de plus haut destin que de servir la France. Je vous rends grâce de m'avoir permis de la servir encore avec vous."

 

21 février - Création du spectacle Le Boeuf sur le toit à la Comédie des Champs-Elysées avec les clowns Fratellini dans une mise en scène de Jean Cocteau, des décors et des costumes de Raoul Dufy et une musique de Darius Milhaud.

   

Courant février - Le Congrès national des Socialistes se tient à Strasbourg. La tendance communiste favorable à l'adhésion à la IIIème Internationale écrase la tendance réformiste. Mais le congrès en reste là. Seule est prise la décision d'envoyer au 2ème congrès de la IIIème Internationale qui doit se tenir à Moscou du 19 juillet au 7 août, Marcel Cachin et Jean Longuet (petit-fils de Karl Marx). Pendant que se tient ce congrès, la CGT lance un ordre de grève pour les cheminots de la compagnie PLM. Une dure réplique patronale entraîne un mouvement de grève dans les autres compagnies. Début mars, débute une grève des mineurs du Nord.

 

Février - Tristan Tzara publie dans le 6ème numéro de la revue Dada, la liste dans l'ordre alphabétique des collaborateurs du Mouvement Dada : membres fondateurs, artistes connus et inconnus, sympathisants de la première heure. Jean Cocteau, qui dès 1918 s'est auto-proclamé successeur de Guillaume Apollinaire s'attirant les foudres des dadaïstes, n'y figure pas ; Raymond Radiguet à qui André Breton a pourtant ouvert les colonnes de Littérature n'y figure pas davantage. 

3-16 mars - Deuxième exposition de la Section d'Or à la galerie La Boétie. C'est lors de la première exposition - qui s'était tenue en 1912 - que Guillaume Apollinaire avait annoncé l'apparition d'une nouvelle peinture, l'orphisme qu'il associait à Delaunay, Kupka et Picabia. La deuxième édition de ce salon provoque critiques et gausseries de la part des "dadaïstes". Albert Gleizes est raillé par Francis Picabia et Georges Ribemont-Dessaignes pour ses idées socialistes et religieuses.    

27 mars - Est jouée au théâtre de l'Oeuvre la pièce dada de André Breton et Philippe Soupault intitulée S'il vous plait.

Mars-avril - Séjour de Jean Cocteau et de Raymond Radiguet à Carqueiranne (entre Toulon et Hyères). 

 

Avril - Le dollar est à 16 francs ; l'indice des prix à la consommation atteint 412 (pour une base de 100 en juillet 1914).

 

16 avril - Vernissage au Sans Pareil (37 avenue Kléber. Téléphone : Passy 25 22) de l'exposition (jusqu'au 30 avril) de tableaux et dessins dada de Francis Picabia. Le peintre peine alors à trouver un éditeur pour son livre provocateur Jésus Christ rastaqouère. Le livre paraitra au Sans Pareil.  

 

18-26 avril - Conférence de San Remo

1er mai - Le 28 avril avril, la CGT donne ordre de grève générale pour le 1er mai pour les cheminots, les mineurs, les ouvriers du bâtiment et les dockers. A Paris et dans quelques grandes villes, il y a de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Ces grèves irrégulièrement suivies prendront fin le 28 mai sans qu'aucun résultat n'ait été obtenu. Les compagnies ferroviaires révoqueront 18 000 cheminots soit 5% du personnel. Le gouvernement fera poursuivre la CGT en correctionnelle pour atteinte à la sûreté de l'Etat et nombre des ses membres seront arrêtés et emprisonnés sous l'inculpation de complot.

15 mai - Conférence de Hythe suivie le 21 juin de la Conférence de Boulogne puis les 6 et 17 juillet de celle de Spa. Durant toutes ces conférences qui ont pour but le règlement du problème des Réparations, les Anglais manifestent leur désir de ne pas accabler l'Allemagne sous le poids d'une dette intolérable. A la conférence de Spa, les Allemands sont pour la première fois admis à discuter sur un pied d'égalité avec les Alliés. La part des Réparations relative à la France est ramenée à 52% au lieu des 55% initialement prévue en 1919. 

24 mai - Paul Deschanel, à peine installé à l'Elysée, commence à donner des signes inquiétants de fatigue. Devant inaugurer à Montbrison (Loire) un monument élevé à la mémoire d'un sénateur mort au champ d'Honneur, le président de la République quitte Paris en train à bord de la voiture présidentielle. Près de Montargis, Deschanel tombe du train. Il  a été victime du syndrome d'Elpénor, c'est-à-dire victime d'un réveil incomplet se manifestant par la méconnaissance du lieu où l'on se trouve et qui se produit chez les sujets qui abusent de somnifères - ce qui est le cas de Deschanel - alors qu'ils couchent hors de leur domicile habituel ou qu'ils voyagent en train ou en bateau. 

25 mai - Alexandre Millerand reçoit la presse et lui expose les faits de la veille. "Après un pareil choc, dit en conclusion le président du Conseil, j'ai conseillé au président de la République de prendre quelque repos à Rambouillet, où peuvent aussi facilement se tenir les Conseils du Gouvernement."

     

Courant mai - Jean Cocteau, qui n'accepte pas d'être ostracisé par les rédacteurs de Littérature lance sa propre revue, Le Coq, dont le premier numéro parait en mai 1920. La revue ne comptera que quatre numéros (mai, juin, juillet-août-septembre et novembre). On peut y lire : "De son vivant on jette des pierres au poète. Après sa mort on ramasse la plus grosse pour lui faire un buste*."

14 juin - Décès de la comédienne Réjane. Elle avait joué, en 1894 au théâtre du Vaudeville, le rôle de Nora dans la pièce Une maison de poupée de Henrik Ibsen (traduite en français par le comte Moritz Prozor), prestation qui avait suscité l'enthousiasme de l'auteur.  

 

 

 

 

 

* Source : Catalogue de l'exposition Jean Cocteau, sur le fil du siècle au Centre Pompidou du 25 septembre 2003 au 5 janvier 2004.

     

 

   

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22 juin 2022 3 22 /06 /juin /2022 15:50

 

 

 

Balades & anecdotes du mercredi (19)

 

 

 

Depuis cette rame de métro où l'air se fait rare et le chacun pour soi est à tout le monde, je regarde les immeubles des boulevards qui ont été percés en lieu et place du mur des Fermiers-Généraux. La façade du 87 boulevard de Grenelle (bâtiment devenu le siège de la Fédération Française de Football) exhibe des bas-reliefs sur le thème de la fabrication de l'aluminium dans les années 1940. Les immeubles qui défilent comme les poteaux télégraphiques chers aux bovins qui ruminent dans les prairies de tous les pays du monde n'attirent pas le regard. Les voyageurs de la ligne 6 ont le nez planté dans leur téléphone ou l'oreille collée à une conversation qui ne concerne personne, la tête baissée en direction d'un jeu qui met en scène des cubes multicolores, d'une information capitale qui sera oubliée le soir même ou qui fera polémique, d'une vidéo dont les protagonistes dansent dans une boîte de nuit quelque part entre musique stridente et lumière criarde. Dans le métro, les gens n'ont rien à se dire et dire seulement bonjour leur arracherait la gueule. Ce sont les mêmes qui applaudissaient chaque soir à vingt heures en mars et avril 2020 ces soignants qui eux continuent de courir d'une chambre à une autre via la salle d'échographie ou de réveil pour notre bien-être mais qui sont à présent l'objet d'offenses et réduits à l'oubli généralisé. Je parle à mon téléphone sans prêter attention aux dires de mon interlocuteur, je me prends en selfie avec celle ou celui qui partage mon trajet, je suis indifférent aux passagers de la rame tout en souhaitant qu'il m'admireront sur un quelconque réseau - parce que là mon pote, sur cette ligne 6, je suis le plus whaouh, le plus sexy, le plus ouf -,à l'ère de la sacro-sainte convivialité et de la louange du partage et du lien social à gogo.   

Donc - ou du coup -, comme les gens dans le métro en particulier et à Paris en général n'ont rien à se dire hormis "vas te faire soigner !" et/ou "tu veux ma photo ?", et alors que la rame s'engage sur le pont Bir-Hakeim en direction de la station Passy - je n'y aperçois pas Marlon Brando invitant Maria Schneider à un après-midi Charentes-Poitou tradition du goût (le seul moment du film que les spectateurs des années 1970 ont retenu et qui les a scandalisés) dans un appartement vétuste dont les fenêtres donnent sur le viaduc du métro -, je me repasse mentalement le cours de première sur la guerre de Crimée que notre prof d'histoire (comment s'appelait-il déjà ? je suis sûr que Zen saurait immédiatement dire son nom) nous avait donné : 

 

La crise est déclenchée par les ambitions du tsar Nicolas Ier. La Russie envahit les Balkans, arrive jusqu'à la mer de Marmara où la flotte anglaise est envoyée. C'est la guerre de Crimée à laquelle participe la France de Napoléon III. Victoire française à Sébastopol. Mort de Nicolas Ier. Son successeur, Alexandre II, veut arrêter la guerre. La Prusse sert d'intermédiaire. Une conférence se tient à Paris. On y décide :

Le maintien de l'intégrité de l'Empire turc (succès pour l'Angleterre)

Démilitarisation de la mer Noire : mesure favorable à l'Angleterre ; une humiliation pour la Russie

Internationalisation des bouches du Danube : on peut commercer librement. Succès pour l'Angleterre.

C'est la France qui a supporté le poids de cette guerre. Pour Napoléon III, c'est une satisfaction d'amour propre. Mais la France s'est mise la Russie à dos. Au moment de la guerre, paraît le livre de Tolstoï, Guerre et Paix qui provoque en Russie une vague de haine contre la France. En 1870-1871, quand la France sera battue par les Allemands, la Russie enverra un télégramme de félicitations à Bismarck et remilitarisera la mer Noire.

 

Charles-de-Gaulle - Etoile ! Terminus tout le monde descend ! Devant l'Arc de Triomphe, Shalh est déjà là à battre le pavé.

- Je te présente Sakko, un ami. Désolé, mais j'ai un imprévu. Des touristes à guider dans le quartier du Panthéon. C'est Sakko qui va te faire la visite. Pas trop déçu ? Montparnasse et Montsouris, ce sera pour une prochaine fois. Bon, je vous laisse.

Et il presse le pas en direction de la bouche de métro la plus proche. Je porte ma grosse valise jusqu'à l'appartement de Shalh. 

- Tu veux un café ou un thé ? Après on y va.

Une voiture de police, sirène hurlante, vient de s'engager à vive allure dans la rue de Berri. Elle passe sous les fenêtres de Shalh en direction de la rue du faubourg Saint-Honoré. Sakko a prononcé des paroles que je n'ai pas comprises. Je ne sais si je dois répondre par un non machinal ou par un oui fatal. Je regarde autour de moi. Sur une étagère de la bibliothèque, est posée une sculpture d'environ cinquante centimètres. Sakko apporte les tasses et quelques biscuits sur un plateau. Il rit de me voir étonné.

- Shalh l'a reçue hier. Il l'a commandée sur internet. Le livreur était vachement sympa. Il l'avait vue lors d'une visite au Palazzo Vecchio de Florence et s'était dit que même en miniature, elle ferait son petit effet dans son petit, très petit studio. Alors quand il l'a vue sur un site d'enchères, il n'a pas manqué l'occase. Hercule soulève tête en bas, Diomède, roi de Thrace ceint de sa couronne, pour le jeter dans la fosse où sont des chevaux carnivores et anthropophages. Diomède se débat et pense pouvoir se détacher de l'emprise d'Hercule en serrant dans sa puissante main la ... du Héros.

Il serre le poing faisant mine de serrer un quelconque engin. Le sien. 

- Et ça a marché ?

Sakko éclate de rire. 

- Le Brun et le baron Gros ont à diverses époques peint cette scène... mais en plus soft. Les sexes sont cachés sous des drapés opportuns. Shalh s'est mis en tête de faire un photomontage avec cette sculpture et le haut-relief de Rude sur l'Arc de Triomphe. Le jeune soldat nu, qui obnubile Shalh depuis des mois, saisirait de cette façon l'ennemi de la République, de la Patrie en danger, pour le mettre hors d'état de nuire, ennemi qui se débattrait par tous les moyens et qui, à bout d'arguments, et pour se dégager de cette situation inconfortable n'aurait comme ultime réflexe que d'empoigner le sexe de son adversaire. Shalh ne t'a pas dit ? Il prépare un ouvrage sur le Rude de L'arc de Triomphe. Il veut expliquer pourquoi il y a un personnage nu dans le haut-relief, pourquoi ça n'a pas choqué au 19ème siècle, etc.                

 

Sakko agite devant lui les clés de l'appartement, en ouvre la porte. Nous sortons.

 

                        

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20 juin 2022 1 20 /06 /juin /2022 11:36

 

 

Le duo Canticel est heureux de vous convier à sa "ballade" estivale dans des lieux exceptionnels entre le 3 juillet et le 18 septembre 2022. Le premier concert aura lieu le dimanche 3 juillet à 16 heures en l'église de Bélesta (Pyrénées-Orientales) sous le titre "Chants d'Allégresse". Il sera précédé d'une visite guidée du musée à partir de 14 heures 30 afin de découvrir la nouvelle exposition temporaire et de (re)visiter la riche collection permanente.

 

"Cant" comme chant en catalan, leur patrie de coeur, Catherine Dagois (soprano) et Edgar Teufel (organiste) couple dans la vie comme à la scène, tous deux diplômés du Conservatoire Supérieur de Stuttgart, vivent ensemble leur passion de la musique lors de tournées qui les a menés dans vingt-cinq pays à ce jour sur quatre continents avec des concerts dans les plus belles salles et dans les cathédrales les plus prestigieuses. Ils ont aussi enregistré une quinzaine de disques. 

Le duo Canticel est unique par l'originalité de sa formation et l'immense étendue de son répertoire de la Renaissance à la création contemporaine, en passant par Bach, Haendel, Vivaldi, Bizet, Ravel, Mahler, Wagner, Ramirez...

 

Entrée : libre participation à tous les concerts

Renseignements sur le site internet de Canticel

Téléphone : 04 68 81 36 71

 

Concert suivant le samedi 16 juillet 2022 à 16 heures en l'église Saint-Etienne de Latour-de-Carol.

 

 

 

Canticel en l'église Saint-Martin de Perpignan le 1er mai 2022

Canticel en l'église Saint-Martin de Perpignan le 1er mai 2022

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19 juin 2022 7 19 /06 /juin /2022 09:35

 

 

                   1919 (suite)

 

 

 

8 juillet - L'Allemagne est le premier pays à ratifier le Traité de Versailles.

14 juillet - Premier défilé depuis l'armistice. Joseph Kessel, carte de presse en poche, fait son premier reportage pour Le Journal des débats : "Marchent les légions du monde à qui Paris fait une apothéose."

16 juillet - Au Conseil National de la SFIO, Léon Blum dit : "Nous avons cru que cette guerre serait vraiment la guerre du Droit. (...) La paix, ce n'était pas l'établissement d'un nouvel équilibre des forces, c'était le Droit, tout le Droit réalisé. Aujourd'hui nous ne pouvons plus abdiquer cette attitude. C'est pour cela que, s'il subsiste dans la paix une seule trace, une seule menace de violence et d'iniquité, la France ne peut plus nous sembler victorieuse. C'est pour cela que le Traité de Versailles vient nous frapper comme un reniement, comme une trahison !"

 

Août 1919 - Jean Cocteau est en villégiature dans le département des Basses-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques). Sur la route du retour vers Paris, il passe par Aix-en-Provence pour travailler avec le compositeur Darius Milhaud* qui vient de rentrer du Brésil où il a passé plusieurs années comme secrétaire de Paul Claudel, ambassadeur de France à Rio de Janeiro et où il s'est lié d'amitié avec le compositeur Heitor Villa-Lobos. Ce dernier l'a emmené "dans des macumbas (cérémonies fétichistes afro-brésiliennes, accompagnées de danses et de chants), le fit pénétrer dans le milieu des Chôroes, lui fit connaître la musique du carnaval. La Suite "Saudades do Brasil" du compositeur français est un souvenir des mois qu'il passa à Rio en compagnie de Villa-Lobos."** Darius Milhaud est en train d'écrire une partition intitulée Le Boeuf sur le toit, qui est aussi le titre d'une chanson brésilienne. En septembre, Cocteau est à Grasse pour huit jours chez les de Croisset*.

23 septembre - Décès du dramaturge et auteur de livrets d'opérettes Georges Duval.

1er octobre - Reparution de Comoedia après quatre années d'absence pour cause de conflit. Fondée en 1907, cette revue est consacrée à l'actualité artistique, théâtrale et littéraire.   

 

2 octobre - Ratification par les députés français du Traité de Versailles signé le 28 juin et remis par Georges Clemenceau à la Chambre le 30 juin pour lecture et approbation. 372 députés l'approuvent, 53 votent contre et 72 s'abstiennent (20 députés sont absents). Le vote se répartit ainsi : 49 députés socialistes votent contre ; 33 députés socialistes s'abstiennent. La majorité des députés radicaux votent pour avec les Républicains de gauche, les Républicains progressistes et les députés de droite.

 

20 octobre-15 novembre - Exposition de dessins et aquarelles par Picasso chez Paul Rosenberg, 21 rue la Boëtie (Paris). 

1er novembre-10 décembre - Le Salon d'automne se tient au Grand Palais. Y sont exposés : Manet, Monet, Renoir, Maurice Denis, André Lhote, Albert Gleizes, Amedeo Modigliani.

18-29 novembre - Exposition d'oeuvres de Richard Guino à la galerie Hébrard (8 rue Royale).

  

Le second semestre de l'année 1919 voit se dérouler les scrutins qui n'ont pu avoir lieu pendant le conflit mondial. Sous la IIIème République, les députés sont élus pour 4 ans. Les dernières élections législatives ayant eu lieu en mai 1914, le Conseil des ministres, présidé par le président de la République Raymond Poincaré, fixe dans sa séance du 7 octobre, l'expiration des pouvoirs de la Chambre alors élue 1914, au 7 décembre 1919, et fixe aussi les dates des autres élections selon le calendrier suivant :

Elections législatives (à un tour) : 16 novembre 1919 (un second tour est prévu pour le 30 novembre au cas où quelques élections n'obtiendraient pas un résultat assez clair pour s'affirmer dans un scrutin à un tour).

Elections municipales, 1er tour : 23 novembre ; 2nd tour : 30 novembre.

Elections des maires et délégués sénatoriaux : 7 décembre.

Elections des Conseillers généraux et Conseillers d'arrondissement : 1er tour : 14 décembre ; 2nd tour 21 décembre.

Elections sénatoriales : 11 janvier 1920.

Election du président de la République : entre le 7 janvier et le 2 février 1920.

Georges Clemenceau, président du Conseil, s'explique le 15 octobre devant la Chambre sur les dates des diverses élections. La Commission du suffrage universel présidée par le socialiste Alexandre Claude Varenne se prononce contre la décision du gouvernement et exprime sa volonté de placer les élections législatives en dernier et de commencer par les élections municipales. Cette proposition est rejetée par la Chambre par 324 voix contre 132. 

La campagne pour les élections législatives est dominée par la préoccupation de la lutte contre la Révolution dont la victoire des Soviets en Russie semblent être une première étape. La droite, rassemblée sous l'étiquette Bloc national, fait campagne sur ce thème. 

Le mode de scrutin qui est utilisé pour ces élections (réforme votée à la Chambre le 7 juillet 1919) est le scrutin de liste dans le cadre départemental, compromis entre le principe majoritaire et la proportionnelle. C'est ce même mode de scrutin qui sera utilisé lors des élections législatives de 1924. La loi du 21 juillet 1927 rétablira le scrutin uninominal d'arrondissement à deux tours qui sera appliqué en 1928, 1932 et 1936. 

Le refus des Socialistes de s'allier à d'autres formations de gauche ("Motion Bracke" votée lors d'un congrès socialiste en juillet 1919 qui exclut tout accord électoral avec toute autre formation politique, radicaux compris), entraîne la défaite des partis de gauche, le mode de scrutin favorisant avant tout les coalitions. Ces élections législatives sont donc un succès pour le Bloc national dû à la fois par la présentation de listes uniques, par la volonté de renouvellement qui poussait les électeurs à écarter les sortants, à voter pour des candidats anciens combattants majoritairement hostiles à la gauche et par la peur du bolchevisme. Le Bloc national gagne les deux tiers des sièges.

 

Lettre de Denise Herpain à Suzanne Herpain : "Paris, 15 novembre 1919. (...) Je suis naturellement tous les cours de licence : Anglais, Français, Latin, etc. J'y ai ajouté le cours d'esthétique de Victor Basch, d'abord parce que le sujet du cours est Wagner, ensuite parce que Basch passe pour révolutionnaire et que c'est un brevet d'idées avancées que d'être son étudiante. Or tu connais mes opinions politiques : "Tout ce qui est contre l'ordre établi A bas tout !" Extrait de Le Cercle de famille par André Maurois de l'Académie française (Editions Bernard Grasset, 1932) Victor Basch, docteur ès-lettres, professeur d'allemand, d'esthétique et de philosophie, président de la Ligue des droits de l'homme, sera assassiné à l'âge de 81 ans à Lyon, le 10 janvier 1944 par un groupe d'auxiliaires français de la Gestapo.   

3 décembre - Décès du peintre Auguste Renoir. Je ne retracerai pas ici la vie et l'oeuvre de ce peintre né à Limoges et décédé à Cagnes-sur-Mer. Je vous conseille de lire les deux ouvrages suivants :

Renoir par Jean Renoir (Editions Hachette, 1932);

La Vie et l'Oeuvre de Pierre-Auguste Renoir. Chez Ambroise Vollard, 28 rue de Gramont, Paris, 1919.

5-24 décembre - Exposition d'oeuvres de Maurice Utrillo à la galerie Lepoutre, 23 rue la Boétie (téléphone : Elysée 16 33).

  

Le 8 décembre siège la nouvelle Chambre avec ses députés élus ou réélus comme Alexandre Millerand, Georges Mandel, Maurice Barrès, Georges Bonnefous, Paul Deschanel, Georges Leygues, André Tardieu, Louis Barthou, Raoul Péret, Aristide Briand, Paul Painlevé, Vincent Auriol, Marcel Cachin, Marcel Sembat, Jules Guesde, Léon Blum, Pierre "Marx" Dormoy, Camille Chautemps, Edouard Daladier. La nouvelle Chambre compte vingt-huit mutilés de guerre dont le député du Finistère Victor Balanant, que l'on surnomme "la Voie lactée" parce qu'il a sept citations dont six étoiles et qui a l'air si jeune (il est né en 1888) qu'il n'ose avouer son âge. Ce jour-là est aussi celui où les élus d'Alsace-Moselle reprennent place parmi les députés français. Jules Siegfried, député de Seine-Inférieure (natif de Mulhouse) et doyen d'âge, préside la séance et prononce ces paroles : "Le retour dans cette Assemblée des représentants de l'Alsace et de la Lorraine marque une ère nouvelle et magnifique de notre histoire. Ils reviennent enfin parmi nous, après de longues souffrances supportées avec une énergie et une fidélité admirables ; nos bras s'ouvrent tout grands pour les recevoir."

Le 17 décembre, il est procédé à l'élection du président de la Chambre des députés. Paul Deschanel, président sortant, est réélu par 478 voix sur 505 votants.

 

1919 a vu la parution d'un ouvrage cosigné par André Breton et Philippe Soupault, Les Champs magnétiques, première tentative d'écriture automatique (écriture sous la dictée de l'inconscient) et véritable signal de départ du surréalisme. Cinq ans plus tard, Breton écrira : "Les propos tenus n'ont pas, comme d'ordinaire, pour but le développement d'une thèse, aussi négligeable qu'on voudra, ils sont aussi désaffectés que possible. Quant à la réponse qu'ils appellent, elle est, en principe, totalement indifférente à l'amour-propre de celui qui a parlé. Les mots, les images ne s'offrent que comme tremplins à l'esprit de celui qui écoute."***

 

Le prix Nobel de la Paix 1919 est attribué au président des Etats-Unis Woodrow Wilson.

Le prix Nobel de Littérature 1919 est attribué à l'écrivain suisse Carl Spitteler.

Le prix Goncourt 1919 est attribué à Marcel Proust pour A l'ombre des jeunes filles en fleurs.

Roland Dorgelès obtient le prix Fémina pour Les Croix de bois.

 

 

 

* Source : Jean Cocteau - Jacques Emile Blanche . Correspondance (Editions de La Table Ronde, 1993)

** Heitor Villa-Lobos Compositeur 1887-1959, Esquisse biographique éditée par l'Ambassade du Brésil à Paris, novembre 1979.

*** Manifestes du surréalisme (1924) par André Breton (idées nrf, Gallimard) 

 

        

 

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